Se connecter
 Retour à la page précédente
Contes de Jos Vilon

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Contes de Jos Vilon
FRÉCHETTE, Louis
Par Karl Beaulé


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Autres
Courant :
Siècle : 19e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Karl Beaulé
Date du dépôt : Hiver 2005


Les problèmes soulevés, dans cette séquence, seront de l’ordre des stéréotypes (en ce qui a trait aux personnages et aux lieux), de la narration (la délégation à un narrateur second qui utilise l’oralité) et de la déstructuration du conte1.

Préparation à la lecture

Lors de la première semaine de cette séquence didactique, l’enseignant présentera l’œuvre à l’étude, soit les Contes de Jos Violon de Louis Fréchette, en en résumant l’essentiel (un vieil homme raconte des histoires de chantiers en lien avec le malin). Ensuite, il situera dans le temps l’action qui se déroule à l’intérieur du recueil, car les élèves ne l’auront pas encore lu. Il fera ainsi la présentation du contexte sociohistorique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe de manière à faciliter la compréhension que les élèves auront de cette époque. L’intérêt de ce panorama sera de montrer aux élèves les mœurs et les croyances de cette époque. Le professeur, dans cette partie, aura comme tâche d’expliquer aux élèves tout ce qui gravite autour de la religion (comme les fêtes religieuses). L’influence qu’a eue le clergé (sa doctrine, sa morale, ses campagnes de peur contre les mauvais croyants, etc.) devra donc clairement ressortir dans la présentation de l’enseignant, car c’est ce qui constitue le moteur des contes.

Lors de la deuxième semaine, le professeur introduira en classe la notion de stéréotype. Après avoir donné les explications nécessaires, il montrera aux élèves, à l’aide d’exemples tirés de l’œuvre, que les caractéristiques des personnages (les vilains) et des lieux (les chantiers) proposent au lecteur un horizon d’attente bien défini. En effet, l’ordre établi au début des contes se trouvant bouleversé par les actions des personnages, les fautifs doivent être châtiés. Il leur fera donc remarquer qu’il s’agit d’une punition divine infligée aux personnages ne respectant pas les consignes de l’Église. Par la suite, l’enseignant montrera que ce canevas est utilisé dans les contes à l’étude. Placés en équipe, les élèves devront identifier correctement, dans des contes tirés des recueils Les meilleurs contes fantastiques québécois du XIXe siècle2 et Contes de Jos Violon, les comportements stéréotypés qui amènent les personnages à être punis (le penchant pour l’alcool, la luxure, les sacres, etc.).

Pendant la lecture

À la troisième semaine, l’enseignant abordera le recueil de contes. Les élèves l’ayant lu, le professeur les questionnera sur l’intérêt qu’ils ont pris à le lire. Par la suite, il abordera le type de narration utilisé dans ce livre. À l’aide d’exemples tirés du texte (par exemple, les introductions de « Tom Caribou » et de « Coq Pomerleau »), l’enseignant réitérera sa question, à savoir qui est (sont) le(s) narrateur(s). Ils seront amenés à constater (avec l’aide du professeur si cela est nécessaire) la présence d’un narrateur second. Ils remarqueront que ce dernier a davantage de liberté que le narrateur premier (le conteur Jos Violon n’est pas tenu de respecter les codes tels que la langue, par exemple), ce qui a pour effet de donner plus de vraisemblance aux récits qu’il raconte.

Lorsque les exercices concernant le statut du narrateur seront terminés, l’enseignant s’intéressera au caractère oral des contes. Il questionnera les élèves sur la méthode utilisée pour transcrire les propos du conteur. Ayant fait lire aux élèves des contes n’employant peu ou pas cet artifice du langage (présentés auparavant), il demandera aux élèves en quoi l’oralité vient dynamiser les récits racontés. Afin de leur montrer l’importance de ce type d’écriture, le professeur leur donnera (et cela sera bénéfique) comme consigne de parodier une partie du roman La terre paternelle3, de Patrice Lacombe, pour qu’ils comprennent l’apport de cette technique. Une fois cette activité terminée, il sera intéressant de comparer le texte source (La terre paternelle) au second texte. La comparaison mettra ainsi en lumière l’importance de l’oralité. Les élèves constateront, par cet exercice, que ce type d’écriture, connoté fortement par le langage populaire, demande une autre lecture. L’enseignant pourra proposer, comme hypothèse, que cette écriture traduit plus fidèlement les dires du conteur.

Après la lecture

La quatrième semaine portant sur l’étude de ce recueil concernera la déstructuration des contes. Il sera donc important que les élèves aient terminé leur lecture afin de pouvoir participer activement aux activités d’apprentissage proposées. Le professeur proposera, comme dernier thème à l’étude, de montrer aux élèves que les contes (de nature surnaturelle et inexpliquée) relatés par Jos Violon ont toujours une explication logique. En effet, les événements à caractère inquiétant sont habituellement expliqués par des maladresses ou des incidents attribués à certains personnages.

Lors de la cinquième semaine, les élèves seront amenés à constater, à partir des explications et des activités d’apprentissage faites précédemment, que la structure des contes racontés par Jos Violon ne respecte pas le canevas habituel. L’enseignant analysera avec eux les conséquences que cela produit dans les récits. Afin d’expliquer convenablement ses propos, il montrera aux élèves que la déstructuration du conte faite par l’auteur sert à mettre en scène l’ironie. En effet, en proposant des récits à saveur religieuse (par la reprise des thèmes chers aux contes québécois), Fréchette met en place un discours hautement moralisateur qui tend à punir les hommes qui négligent la religion. Cependant, en donnant à la fin des explications fournissant des éclaircissements sur ce qui s’est réellement déroulé dans les chantiers, il pose un regard critique sur les campagnes de peur mises en place par l’Église qui veut s’assurer que les hommes craignent Dieu où qu’ils soient.

Dans cette partie, la présence de l’enseignant sera primordiale, car les élèves éprouveront probablement de la difficulté à comprendre ce qui est ironique dans la déstructuration du conte opérée par Fréchette. Ayant repéré l’ironie avec l’aide du professeur dans la première partie de cette cinquième semaine, les élèves devront, dans la deuxième, la comprendre. Pour ce faire, il rappellera aux élèves la biographie de Louis Fréchette (il est dans une lignée plutôt libérale contrairement à plusieurs écrivains du temps, donc plus détaché du dogmatisme du clergé). Ainsi, le professeur montrera que la naïveté du personnage-conteur (Jos Violon) permet à l’auteur de dénoncer les abus du clergé. Il tentera également de montrer aux élèves que l’ironie découle de ce fait, car le conteur amène lui-même les raisons des malheurs survenus. En somme, en dotant Jos Violon de ce trait de caractère, Fréchette fait une critique sociale en dénonçant l’ordre établi qui tient le peuple dans une sorte d’obscurantisme.

Après avoir réalisé plusieurs activités sur les problèmes pouvant survenir lors de la lecture, l’enseignant vérifiera, pendant la sixième semaine de cette séquence, la compréhension des élèves. Pour ce faire, il leur demandera de réaliser un examen sommatif comportant deux volets : le premier étant consacré à l’écriture créative et le deuxième à un texte explicatif.

____________________
1 Cette notion est tirée du mémoire de maîtrise de M. Michael Barbieux.
2 Aurélien Boivin, Les meilleurs contes fantastiques québécois du XIXe siècle, Montréal, Fides, 1996.
3 Patrice Lacombe, La terre paternelle, Saint-Laurent, Bibliothèque québécoise, 1993.


BIBLIOGRAPHIE

Œuvres du corpus

BEAUGRAND, Honoré, « La chasse-galerie », dans Les meilleurs contes fantastiques québécois du XIXe siècle, Montréal, Fides, 1996, p. 175-188.

FRÉCHETTE, Louis, Contes de Jos Violon, édition préparée, présentée et annotée par Aurélien Boivin, Montréal, Guérin, 1999.

LABERGE, Charles, « Conte populaire », dans Les meilleurs contes fantastiques québécois du XIXe siècle, Montréal, Fides, 1996, p. 77-82.

LACOMBE, Patrice, La terre paternelle, Saint-Laurent, Bibliothèque québécoise, 1993.

MORISSETTE, J. Ferdinand, « Le diable au bal », dans Les meilleurs contes fantastiques québécois du XIXe siècle, Montréal, Fides, 1996, p. 165-172.

Articles

FALRADEAU, Érick, « Quelle place pour les lecteurs dans nos classes de littérature », dans Recueil de textes en didactique du francais au collégial I (automne 2004), p. F13-F-21.

DEMERS, Jeanne et Lise GAUVIN, « Frontières du conte écrit : quelques loups-garous québécois », dans Littérature (février 1982), nº 45, p. 5-23.

GARCIA-DEBANC, Claudine, « Pour une didactique de l’argumentation orale avec des élèves de 10 ans », dans Enjeux (décembre 1996, mars 1997), nº 39/40, p. 50-79.

LANGLADE, Gérard, « Sortir du formalisme, accueillir les lecteurs réels » dans Le français aujourd’hui (2004), nº 145, p. 85-96.

RAJOTTE, Pierre, « La fête interrompue dans les contes littéraires québécois du XIXe siècle », dans Cahiers de littérature orale (1995), nº 37, p. 69-96.

REUTER, Yves, « Enseigner la littérature », dans Recherches (1992), nº 16, p. 55-70.

Livre de référence

DUFAYS, Jean-Louis, Stéréotype et lecture, Liège, Mardaga, 1994.

Mémoire de maîtrise

BARBIEUX, Michael, La destructuration du fantastique dans les contes de Jos Violon de Louis Fréchette, Québec, Les presses de l’Université Laval, 2002.


---
© 2024, Université Laval
Ce texte est protégé par la loi sur les droits d'auteur. Il peut cependant être utilisé à des fins éducatives. Nous vous prions d'en indiquer la source lors d'une éventuelle utilisation.


À propos | Aide | Contactez-nous