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C'était avant la guerre à l'Anse-à-Gilles

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
C'était avant la guerre à l'Anse-à-Gilles
LABERGE, Marie
Par Dominique Forbes et Sébastien Piché


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Théâtre
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Dominique Forbes et Sébastien Piché
Date du dépôt : Hiver 2006


PRÉSENTATION ET JUSTIFICATION DE LA PERTINENCE DE L'ŒUVRE CHOISIE

 

La séquence que nous vous proposons concerne la pièce de théâtre C’était avant la guerre à l’Anse-à-Gilles de Marie Laberge. Nous avons choisi cette œuvre parce qu’elle propose une confrontation des idées et des valeurs du Québec de l’avant-guerre. L’analyse du personnage de Marianna est l’occasion de déceler dans l’œuvre les bribes du féminisme naissant. L’étude du texte permet ainsi aux élèves de faire des ponts avec les notions qu’ils ont vues dans leur cours d’histoire du Québec et du Canada. Aussi, le texte recourt à un langage populaire, le joual, qu’il est intéressant d’étudier compte tenu de l’importance qu’il revêt dans le théâtre québécois et de l’esthétique qu’il entraine. Les différentes activités s’articulent autour d’un projet final commun, c’est-à-dire une lecture publique.

 

PROBLÈMES DE LECTURE

 

C’était avant la guerre à l’Anse-à-Gilles est une pièce accessible pour des élèves de quatrième secondaire. Toutefois, ce texte pose quelques problèmes de lecture. La séquence didactique que nous proposons en cible trois et vise à les résoudre en poursuivant les objectifs suivants :

 

-Amener les élèves à prendre conscience que le texte propose une confrontation des idées véhiculées au cours des périodes de l’avant-guerre (1929-1939) et de la Révolution tranquille (1960-1975) par le biais des personnages.

-Amener les élèves à repérer les traces du mouvement féministe des années soixante-dix dans l’œuvre étudiée.

-Amener les élèves à comprendre et à justifier l’utilisation du joual dans la littérature québécoise.

 

AVANT LA LECTURE

 

Activité 1 : Anticipation de la lecture par le biais d’une reconstitution du contexte historique de la pièce

 

La présente activité a pour objectif d’amener les élèves à reconstituer certaines scènes des périodes de l’avant-guerre (1929-1939) et de la Révolution tranquille (1960-1975) dans le but de situer l’époque où se déroule la pièce et d’associer les idées avant-gardistes de Marianna à une période d’importance pour le Québec. En équipe de trois, les élèves doivent reconstituer les connaissances qu’ils possèdent sur les périodes de l’avant-guerre (1929-1939) et de la Révolution tranquille. L’enseignant guide leurs recherches vers les thèmes suivants : l’Église catholique, la famille, le mode de vie rural, le mode de vie urbain, les traditions, la femme, l’homme, la politique, le statut de la femme mariée. Une fois le travail terminé, l’enseignant invite les élèves à visionner certains extraits des documentaires Épopée en Amérique : Épisode II : Enfin la guerre (1929-1945)[1] et Une révolution tranquille, l’effervescence : 1960-1966[2]. De cette façon, les membres de la classe pourront valider leurs réponses et les compléter. Enfin, un retour en plénière permet aux élèves de poser des questions sur les sujets soulevés par les documentaires et d’en discuter.

 

*Les élèves ont deux semaines pour lire de manière individuelle la pièce de théâtre.

 
EN COURS DE LECTURE

 

Activité 2 : Création d’un glossaire

 

Cette activité vise à familiariser les élèves au vocabulaire du texte. Comme l’œuvre présente plusieurs mots et expressions issus des années 30 qui risquent de poser des problèmes de compréhension pour les élèves, nous croyons que la création d’un glossaire serait un moyen efficace d’amener les jeunes à faire un travail signifiant sur le registre de langue utilisé par l’auteure, et à devenir des lecteurs plus autonomes. Les élèves doivent travailler sur un extrait de la pièce d’environ 15 pages dans le but de faire ressortir le sens du vocabulaire et des expressions qui posent des problèmes de compréhension. Ils sont regroupés en équipe de deux, trois ou quatre, selon le nombre de personnages qui sont présents dans la scène. En travaillant précisément sur une portion de texte, les élèves en accentuent leur compréhension qui sera nécessaire pour le projet de lecture publique à la toute fin. L’enseignant rassemble ensuite sous la forme d’un glossaire les recherches des équipes sur le site internet de la classe afin que chacun puisse bénéficier de cet outil de lecture.

 

Activité 3 : Traduction du joual en français « correct »

 

La troisième activité vise à amener les élèves à reconnaitre les caractéristiques de l’écriture de la pièce de théâtre ainsi que les particularités que la forme orale (le joual) amène par rapport à la forme écrite en français dit « correct ». Par le biais d’une comparaison avec un extrait[3] de la pièce Zone de Marcel Dubé, l’enseignant fait remarquer aux élèves que la pièce C’était avant la guerre à l’Anse-à-Gilles est rédigée dans une forme d’écriture particulière : le joual. En plénière, les élèves tentent de faire ressortir les caractéristiques de cette forme d’écriture et émettent des hypothèses sur les raisons qui ont poussé Marie Laberge à rédiger sa pièce dans une forme orale de français. Ensuite, ils travaillent à découvrir les particularités et les effets du joual. Pour ce faire, chaque équipe devra réécrire l'extrait qu'il s'est vu attribuer à l'activité précédente dans un registre plus soigné. Afin que les élèves prennent conscience des particularités et des apports esthétiques et sémantiques du joual qui sont perceptibles à l’oral, quelques équipes sont invitées à lire à l’avant de la classe une partie de leurs deux versions de la même scène. Les élèves doivent s'interroger sur la caractérisation des personnages, l'esthétique, les émotions suscitées par les deux versions.

 

Activité 4 : Opposition entre Marianna et les autres personnages de la pièce par le biais de l’analyse des valeurs véhiculées

 

Cette activité a pour objectif de permettre aux élèves de constater que le personnage de Marianna détonne dans son milieu de vie : elle « apparaît comme un symbole de liberté et d’espoir[4] » dans un monde où les valeurs traditionnelles dominent. Le présent exercice doit amener le groupe à comprendre que l’œuvre choisie porte les marques de l’idéologie en place au moment où se déroule l’histoire et à voir que Marianna adopte des idées nouvelles qui vont à l’encontre de ce que pense la masse. Pour ce faire, l’enseignant demande d’abord à chacune des équipes d’analyser leur extrait du texte de Marie Laberge et d’en faire ressortir la thématique dominante. Ensuite, le maitre recueille les réponses des élèves et les réunit dans une grille de lecture, et, finalement, il invite chaque sous-groupe à utiliser cet outil pour distinguer l’opinion de Marianna sur les différents sujets choisis (le mariage, la politique, la liberté, l’Église et la ville) de celui des autres personnages. Il est important que tous les éléments de réponse soient appuyés par des passages textuels.

 

Activité 5 : Mise en voix de la pièce

 

Les élèves sont maintenant prêts à mettre en voix leur extrait de texte. Avant de procéder à la lecture publique, l’enseignant leur rappelle de porter une attention particulière à l’intonation, au débit, au rythme, à la posture et à la prononciation. Ils doivent respecter les caractéristiques de leur personnage en l’interprétant de manière juste et conforme à ce que propose le texte. Afin que les jeunes puissent avoir un exemple concret de ce qui est attendu d’eux lors de la lecture publique, l'enseignant leur montre un extrait de la pièce Bonjour, là, bonjour[5], écrite par Michel Tremblay, qui met en scène des personnages qui parlent en joual et qui sont de la même classe sociale que ceux de C’était avant la guerre à l’Anse-à-Gilles. De cette manière, le groupe prend conscience des exigences mentionnées plus haut, mais appliquées par des professionnels.

 

Activité 6 : Activité synthèse : écriture d'une lettre

 

L’activité synthèse permet aux élèves de mettre à profit les connaissances acquises tout au long de la séquence en se mettant dans la peau du personnage de Marianna qui écrit une lettre à Honoré afin de lui raconter des parcelles de sa nouvelle vie à la ville. Il suffit d’imaginer une suite à l’histoire en tenant compte des caractéristiques (époque, lieu, valeurs, etc.) de la pièce et de la personnalité des personnages. Une discussion doit être tenue dans la classe pour que le groupe comprenne que la lettre en question ne peut évidemment pas être écrite en joual : il représente une variété de langue parlée.



[1] Gilles Carle et Jacques Lacoursière, Épopée en Amérique : Épisode II : Enfin la guerre (1929-1945), [enregistrement vidéo], Montréal, Productions Histoire à Voir, inc., Imavision 21, en collaboration avec Télé-Québec, Télé-Métropole et TV5 Québec-Canada, 1997, 53 minutes.

[2] Jacques Cossette-Trudel, Une révolution tranquille, l’effervescence :1960-1966, [enregistrement vidéo], Montréal, Télé-Québec, Services éducatifs, 2000, 54 minutes.

[3] Marcel Dubé, Zone, Ottawa, Leméac, Collection Théâtre Canadien, 1969, p. 49-50.

[4] André Smith, « Présentation d’ensemble de l’œuvre de Marie Laberge », Marie Laberge, dramaturge, Trois-Rivières, VLB Éditeur, 1989, p. 11.

[5] Jean-Yves Laforce et Michel Tremblay, Bonjour, là, bonjour, [enregistrement vidéo], Montréal, Société Radio-Canada, 1993, 93 minutes.


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