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Dans mon village, il y a belle Lurette

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Dans mon village, il y a belle Lurette
PELLERIN, Fred
Par Samuel Bourget et Catherine Gariépy


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Contes et récits
Courant :
Siècle : 21e siècle
Groupe d'âge visé : Premier cycle secondaire
Auteur de la séquence : Samuel Bourget et Catherine Gariépy
Date du dépôt : Hiver 2006


Notre séquence didactique s’adresse à des élèves du premier cycle du secondaire. Construites à partir du recueil de contes de Fred Pellerin, Dans mon village, il y a belle Lurette, les activités de la séquence permettront aux élèves d’accéder à une œuvre littéraire qui est à la fois traditionnelle et originale. Nous croyons qu’elle est susceptible de les intéresser tant par ses spécificités en ce qui concerne la langue que par le ton humoristique de ses histoires. Lire Fred Pellerin constitue une expérience en soi. Nous croyons néanmoins que les élèves du premier cycle du secondaire peuvent en faire une lecture qui leur permettra d’acquérir de nouvelles connaissances.

 

1. L’histoire de la langue française

 

Les textes de Fred Pellerin sont truffés d’expressions québécoises, de vieux mots, de mots inventés et de jeux de mots. Ainsi, il nous semble important de faire avec les élèves des activités qui vont les amener à remettre en question leur conception de la langue. Pour ce faire, nous proposons de faire écouter l’interprétation que fait Georges Brassens d’un poème de François Villon, Ballade des dames du temps jadis. Le but de cette écoute est de faire remarquer aux élèves que bien que cette chanson soit écrite en français, ils éprouvent des difficultés à la comprendre. Après l’écoute, ils pourront lire le texte de la chanson et chercher dans le dictionnaire les mots qu’ils ne comprennent pas. Il serait aussi intéressant de présenter sommairement François Villon.

 

Au cours de l’activité précédente, les élèves ont pu prendre conscience des différences qui existent entre le français du Moyen-âge et celui qu’ils parlent aujourd’hui. En partant de ce constat, l’enseignant pourrait questionner les élèves à propos de la langue au Québec. Pour qu’ils constatent qu’il y a des différences entre le français du début du XXe siècle et celui d’aujourd’hui, l’enseignant pourrait leur faire écouter un épisode des Belles histoires des pays d’en haut en leur demandant de repérer les nombreuses différences (par rapport à aujourd’hui). Une discussion en plénière peut suivre. Il est important qu’elle soit axée sur les expressions inconnues. Étant donné que la plupart de celles-ci ne se retrouvent pas dans les dictionnaires, les élèves devront questionner des gens de leur entourage qui pourraient les aider à définir ces expressions. Idéalement, les parents et les grands-parents seraient mis à contribution. Dans le même ordre d’idées, les élèves devront trouver dans les textes de chansons qu’ils écoutent des mots ou des expressions qui seraient incompréhensibles pour leurs ainés. Il y aura donc une possibilité d’échange très intéressante entre les élèves et les adultes de leur famille.

 

2. Le conte

 

Durant la prochaine activité, les élèves devraient être en mesure de réaliser qu’ils ont déjà des connaissances sur ce qu’est un conte. En équipe, ils pourront discuter de ceux qu’ils ont aimés dans leur jeunesse et des clichés qu’ils véhiculent. Il est important que les élèves constatent que les contes se déroulent souvent dans le passé et dans un univers fantastique. Ensuite, il faudrait distribuer le recueil de contes de Fred Pellerin. Afin de préparer les élèves à la lecture de ce recueil, ils devront lire la quatrième de couverture et répondre à quelques questions.

 

1) Construisez le champ lexical du résumé de l’œuvre (deuxième paragraphe).

Réponses attendues : « légendes mystérieuses », « grand-mère », « passé », « histoires », « mémoire », « contes », « aïeule » et « souvenirs ».

 

2) Où se déroulent les contes de ce recueil? Réponse attendue : Saint-Élie-de-Caxton.

 

3) De quel personnage est-il question dans le résumé de l’œuvre (deuxième paragraphe)?

Réponse attendue : Lurette.

 

4) Selon vous, quel est le ton de ce recueil? Réponse attendue : humoristique.

 

5) Justifie ta réponse en te servant de certains mots ou de certaines phrases?

Réponses attendues : « conteux agréable », « déformé en littérature », « il y a belle Lurette » et « Servies en petites tranches minces, avec quelques beurrées de vieilles parlures, les contes… ».

 

Il est important que les élèves réalisent qu’ils s’apprêtent à entrer dans un univers fantastique particulier : celui de Fred Pellerin qui raconte des histoires qu’il a entendues de la bouche de sa grand-mère. Il faudrait aussi faire remarquer aux élèves que l’œuvre de Pellerin est enracinée dans la culture québécoise et que des expressions typiques vont probablement s’y retrouver.

 

*Les élèves doivent lire les trois premiers contes en ciblant les mots inusités.*

 

3. L’oralité

 

Après la lecture des trois premiers contes, il y aura une mise en commun des mots moins bien compris ainsi qu’une discussion sur les ressources utilisées pour comprendre et définir ces termes. Par la suite, les élèves liront La chasse-galerie d’Honoré Beaugrand et diront ce qu’ils en pensent. Ont-ils eu du plaisir à lire Beaugrand? Ont-ils ri? Préfèrent-ils le style de Pellerin? Pourquoi? Il faut alors les amener à réfléchir sur ce qui rend les contes de Pellerin si particuliers. Il y a bien sûr la façon d’écrire, mais il y a aussi la façon de raconter (le ton humoristique). Au cours de cette discussion, il est important d’amener les élèves à considérer les jeux de mots, les néologismes et les « faux » archaïsmes comme des éléments qui rendent la lecture plus intéressante.

 

Afin de poursuivre la réflexion sur l’oralité, les élèves devront résumer l’histoire du conte : L’étalon haut. Par la suite, ils écouteront l’interprétation qu’en fait Pellerin. Puisque la fin est différente, les élèves sont invités à se regrouper en équipe afin d’expliquer ce changement, et ce, en tenant compte de l’oralité. La discussion permettra aux élèves de comprendre que le conte est une pratique sociale et que cela explique qu’il puisse se terminer différemment lorsqu’il est présenté à un public. Il est bien de faire remarquer aux élèves que le conteur n’est pas un acteur : c’est lui qui connait l’histoire et sa parole n’est jamais remise en question.

 

Nous proposons maintenant une activité qui vise à permettre une réflexion à propos du caractère humoristique des textes de Pellerin. Pour ce faire, les élèves doivent lire un texte d’André Lemelin, Le génie de Fred Pellerin[1]. Ils devront ensuite prendre position et trouver des arguments dans le but de faire un petit débat qui aura pour thème : Fred Pellerin, conteur ou humoriste?

 

**Poursuite de la lecture : Les élèves doivent lire jusqu’à la page 109.**

 

4. Avez-vous de la mémoire?

 

Afin que les élèves comprennent que le conte fait partie de la tradition orale, c’est-à-dire de la mémoire collective, nous allons nous intéresser à un cas particulier : Le diable à la danse. Nous avons choisi quatre versions de ce conte (voir bibliographie). Les élèves devront se regrouper en équipe. Chaque équipe aura une des versions du conte à analyser. Par la suite, l’enseignant demande aux élèves de lire La danse à Lurette de Fred Pellerin (p. 111) qui est une autre version de ce conte traditionnel dans lequel la belle Lurette est le personnage principal. L’enseignant et les élèves pourraient faire ressortir les ressemblances et les différences. Ainsi, ils devraient être en mesure de comprendre qu’il s’agit de la même histoire. Afin de terminer ce volet sur la mémoire collective, il nous apparait important que les élèves mènent une petite réflexion personnelle. Pour ce faire, nous leur proposons d’écouter une chanson de Paul Piché, Moi j’raconte des histoires[2], interprétée par Fred Pellerin. Par la suite, ils devront répondre à une question pour faire la synthèse des connaissances qu’ils ont acquises.

 

Question : Quels liens peux-tu faire entre les paroles de la chanson et les différentes choses que tu as apprises sur la langue, l’oralité et la mémoire collective?

 

Réponse : La réponse attendue tient compte de la tradition orale et de la culture transmise par nos parents et nos grands-parents. Elle traite aussi du conteur et de sa façon d’écrire.

 

5. À la manière de Fred

 

Comme activité synthèse, il serait intéressant que les élèves écrivent un conte en équipe de deux ou trois. Pour ce faire, ils choisiront un conte traditionnel qu’ils devront réécrire comme l’a fait Pellerin pour La danse à Lurette. Par la suite, les élèves devront raconter leur conte à l’ensemble de la classe. Ils doivent chercher à imiter le style de Fred Pellerin en tenant compte de la qualité de la prestation (compréhension de l’histoire, relation avec le public), de l’histoire (ressemblances et différences par rapport au conte traditionnel) et de la langue (rythme, ton, etc.). Comme toute dernière activité, un conteur professionnel pourrait être invité à l’école. Les élèves auraient donc le plaisir d’assister à une véritable représentation et la possibilité d’interroger un conteur sur son métier.

 

Nous croyons que cette séquence didactique permettra aux élèves d’apprécier cette œuvre de Fred Pellerin, et ce, par l’entremise de ses particularités. Tout en tenant compte des capacités des élèves, les différentes activités proposées les poussent à réfléchir et à remettre en question certaines conceptions au sujet de la langue et du conte qui sont (la langue et le conte) trop souvent accusés de conservatisme.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Aubert de Gaspé, Philippe-Ignace-François, « L’étranger », dans Aurélien Boivin, Les meilleurs contes fantastiques québécois du XIXe siècle, Fides, 2001, p. 27-38.

 

Beaugrand, Honoré, La chasse-galerie, Bibliothèque québécoise, 1991, p. 98.

 

Boivin, Aurélien, « Le diable à la danse », Québec français, 2000, no 116, p. 84-88.

 

Ducharme, Charles-Marie, « À la Sainte-Catherine », dans Aurélien Boivin, Les meilleurs contes fantastiques québécois du XIXe siècle, Fides, 2001, p. 235-242.

 

Falardeau, Érick, « Pistes d’entrée en littérature ou en lecture? », Enjeux, no 58, déc. 2003, p. 83-94.

 

Laberge, Charles, « Conte populaire », dans Aurélien Boivin, Les meilleurs contes fantastiques québécois du XIXe siècle, Fides, 2001, p. 77-84.

 

Morisette, J.-Ferdinand, « Le diable au bal », dans Aurélien Boivin, Les meilleurs contes fantastiques québécois du XIXe siècle, Fides, 2001, p. 165-174.

 

Pellerin, Fred, Comme une odeur de muscles, Planète rebelle, 2005, p. 150.

 

Pellerin, Fred, Dans mon village, il y a belle Lurette, Planète rebelle, 2001, p. 140.

 

Pons, Marie-Christian, « Le conte aujourd’hui », Québec français, 2000, no 116, p. 89-91.

 

Villon, François, Poésies complètes, Gallimard, Livre de poche, 1964, p. 250.

 

MÉDIAGRAPHIE

 

Lemelin, André, « Le génie de Fred Pellerin », texte en ligne, http://andrelemelin.blogspot.com/2006/02/le-gnie-de-fred-pellerin-ou-quand-le.html, consulté le 18 avril 2006.


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[2] Fred Pellerin, Comme une odeur de muscles, Planète Rebelle, 2005.


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