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C'est pas moi, je le jure!

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
C'est pas moi, je le jure!
HÉBERT, Bruno
Par Lissia Bélanger


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Roman
Courant : Postmodernité
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Lissia Bélanger
Date du dépôt : Hiver 2006


JUSTIFICATION DE LA PERTINENCE DE L’ŒUVRE

 

Cette séquence didactique s’adresse aux élèves du collégial qui suivent le cours sur la littérature québécoise. Le roman C’est pas moi, je le jure! de Bruno Hébert pourrait très bien être la dernière œuvre étudiée de la session dans un cours visant à donner aux élèves un panorama chronologique de la littérature québécoise. Comme ce roman a été publié en 1997 et qu’il fait partie du courant postmoderne, il convient de l’étudier à la fin de la session. Nous avons choisi d’étudier cette œuvre avec les élèves parce qu’elle a été acclamée par la critique à sa sortie et parce qu’elle plait habituellement aux lecteurs par ses rebondissements et son humour.

 

PROBLÈMES À RÉSOUDRE

 

Ce texte comporte un problème de lecture que nous traitons durant 8 séances de 100 minutes chacune. Le problème de lecture à résoudre au cours de cette séquence est d’amener les élèves à interpréter les représentations du monde que se fait le narrateur enfant et qui sous-tendent une critique sociale. Nous avons énoncé trois objectifs d’apprentissage à poursuivre durant cette séquence didactique afin de résoudre ce problème de lecture. Premièrement, nous amènerons les élèves à comprendre les procédés d’écriture qu’emploie l’auteur afin de représenter la manière dont parle le narrateur enfant. Ensuite, nous voulons aider les élèves à relever les thèmes principaux de l’œuvre et à les mettre en relation avec les procédés d’écriture. Finalement, nous souhaitons amener les élèves à comprendre et à interpréter la critique sociale que fait le narrateur enfant et qui est véhiculée dans l’œuvre. Globalement, le travail consiste à développer l’habileté des élèves à analyser les interactions subtiles entre la forme d’une œuvre et son contenu.

 

AVANT LA LECTURE

 

Cours 1

 

Il est important de partir des stéréotypes des élèves pour savoir quel est leur horizon d’attente en abordant l’œuvre étudiée et quelles sont leurs idées préconçues. Afin de partir des stéréotypes des élèves, l’enseignant commence le cours par les questions suivantes : « Avez-vous déjà lu des œuvres littéraires racontées par un narrateur enfant? », « Avez-vous déjà vu un film qui est raconté par un enfant? » et « Selon vous, de quelle manière s’exprime un narrateur enfant? » Ces questions posées aux élèves permettent également à l’enseignant d’ébranler leurs stéréotypes afin qu’ils effectuent des apprentissages.

 

Après cette ouverture du cours, l’enseignant fait, durant le reste de la séance, un exposé magistral sur le contexte historique des années 1980-1990 au Québec. De cette manière, les élèves sont familiarisés avec les évènements majeurs qui se sont déroulés au Québec lors de cette période. Ils pourront se servir de ces éléments lors de leur analyse de la critique sociale présente dans C’est pas moi, je le jure! de Bruno Hébert. De plus, l’enseignant peut inclure dans cet exposé les principales caractéristiques de l’histoire littéraire de cette période. Cette situation permet aux élèves d’acquérir un panorama plus complet de la littérature québécoise en ayant aussi les éléments récents qui le constituent. Ils obtiennent ainsi des informations utiles afin de classer l’œuvre qu’ils s’apprêtent à lire.

 

Cours 2

 

Lors du deuxième cours se déroulant avant la lecture, l’enseignant étudie le paratexte avec les élèves (l’auteur, le titre de l’œuvre, l’image sur la couverture et la quatrième de couverture). Par cette activité, l’enseignant peut montrer à ses élèves l’importance du paratexte quant à la préparation à la lecture d’une œuvre. Le paratexte donne des indices sur le sens de l’œuvre et aide à créer un horizon d’attente.

 

Dans la deuxième partie du cours, l’enseignant donne aux élèves quelques extraits littéraires racontés par un enfant afin qu’ils puissent identifier quelques caractéristiques du langage qu’utilise le narrateur enfant et y porter une attention particulière lors de leur lecture. Pour ce faire, l’enseignant sélectionne des extraits du Souffle de l’harmattan de Sylvain Trudel, de La Petite Fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy, de L’Avalée des avalés de Réjean Ducharme et de La Vie devant soi d’Émile Ajar (Romain Gary) et, en plénière, il demande aux élèves de soulever les caractéristiques de l’écriture dont se sert l’auteur afin d’exprimer les propos de l’enfant.

 

Par la suite, l’enseignant étudie une autre composante du paratexte avec les élèves, soit le prologue. Les élèves peuvent ainsi associer les caractéristiques de l’écriture du narrateur enfant qu’ils ont décelées dans les différents extraits avec celles présentes dans l’œuvre. Ils peuvent aussi échanger sur leurs attentes de lecture et ainsi découvrir que le prologue peut révéler des éléments importants au sujet de l’ensemble d’un texte. Ils sont maintenant prêts à entamer la lecture de l’œuvre en ayant en tête leur horizon d’attente ainsi que les différentes caractéristiques du langage du narrateur enfant.

 

PENDANT LA LECTURE

 

Afin d’accompagner les élèves durant leur lecture de C’est pas moi, je le jure!, l’enseignant les invite à rédiger un journal de lecture dans lequel ils inscrivent pour tous les chapitres un ou deux thèmes représentatifs ainsi que le traitement qui est fait de chacun. Ils indiquent aussi les passages du texte illustrant le mieux le thème et y ressortent les procédés d’écriture utilisés. Cependant, l’enseignant souligne aux élèves de ne pas lire le dernier chapitre de l’œuvre, soit le dix-huitième, afin de leur demander lors du cours suivant d’anticiper la fin de l’œuvre. Pour prévoir la conclusion du texte, ils devront se baser sur les différents thèmes de l’œuvre. Cet exercice s’avère pertinent puisque la fin de ce roman est inattendue. Le journal de lecture permet aux élèves de savoir sur quoi porter leur attention durant leur parcours de l’oeuvre et les encourage à être actifs durant leur lecture.

 

Cours 3

 

Durant le premier cours qui se déroule pendant la lecture, l’enseignant divise une classe de 36 élèves en neuf groupes de quatre élèves chacun. Chaque équipe se voit attribuer deux des dix-sept chapitres lus de l’oeuvre sur lesquels les élèves se concentrent et échangent à propos des thèmes qu’ils ont trouvés. Ils ressortent les thèmes, les traitements qui en sont faits ainsi que les passages qui les illustrent le mieux. Dans les passages, les élèves identifient aussi les procédés d’écriture présents. Ainsi, ils soulèvent les représentations du monde illustrées dans le roman. Cet atelier permet aux élèves de mettre en commun les thèmes et les procédés d’écriture qu’ils ont découverts pendant leur lecture et de les compléter à l’aide des idées des autres. Il donne aussi l’occasion aux élèves d’effectuer un travail de compréhension sur le texte.

 

Après ce travail en équipe de 50 minutes, les élèves font part de leurs découvertes au reste du groupe lors d’une plénière animée par l’enseignant. Tous les élèves de la classe peuvent donc bénéficier des trouvailles des autres.

 

Après cette plénière, l’enseignant demande à quelques élèves de communiquer au reste de la classe leur anticipation de la fin de l’oeuvre. Ils doivent aussi expliquer pourquoi ils croient que cette finale est possible, ce qui leur demande de faire des liens avec les thèmes qu’ils ont soulevés précédemment. Cet exercice permet à l’enseignant de s’assurer que les élèves ont bien compris l’oeuvre. Il aide aussi les élèves à mieux maitriser les thèmes de l’œuvre. En devoir, l’enseignant leur demande de lire le dernier chapitre de l’œuvre.

 

Cours 4

 

Au début du deuxième cours qui se déroule pendant la lecture, l’enseignant demande à un élève de résumer le dernier chapitre puisqu’il peut être difficile à comprendre à cause des éléments implicites. Par ce petit résumé, l’enseignant s’assure que tous les élèves comprennent l’œuvre.

 

Après ce résumé, les élèves sont invités à faire un travail d’interprétation sur le texte. Cette activité se déroule pendant le reste de la séance. Les élèves retournent dans leur équipe de quatre pour ainsi bénéficier des trouvailles de leurs coéquipiers et exprimer leurs idées. Pour réaliser leur travail, l’enseignant leur fournit la consigne qui suit : « À partir des procédés d’écriture et des thèmes trouvés qui illustrent la représentation du monde du narrateur, expliquez la critique sociale que se fait Léon. » Les élèves sont donc amenés à reprendre les principaux thèmes qui ont été retenus par l’enseignant lors de la plénière du cours précédent et à examiner comment ils peuvent constituer une critique de la société québécoise. Ensuite, l’enseignant réalise une plénière afin que les élèves puissent bénéficier encore une fois des découvertes des autres.

 

Cours 5

 

Lors du troisième cours se déroulant pendant la lecture, les élèves sont amenés à faire une parodie dont la consigne est énoncée comme suit : « Réécrivez l’extrait de la page 23 à la page 25 qui commence par “On est sortis dans le couloir” et qui finit par “le cœur léger comme un train de marchandises […]” en le racontant du point de vue du père de Léon. Le travail exige donc que vous enleviez les caractéristiques de l’écriture du narrateur enfant et utilisiez une écriture plus neutre qui censure un peu les actions intolérables du père ». Par cet exercice d’écriture créative, l’enseignant peut évaluer de manière formative si les élèves ont compris ce qui caractérise l’écriture d’un narrateur enfant puisqu’ils doivent retirer ces éléments de leur composition. De plus, ils témoignent de leur compréhension des effets que crée cette écriture puisqu’ils doivent enlever les perceptions du monde du narrateur enfant.

 

Cours 6

 

Durant le dernier cours qui se déroule pendant la lecture, les élèves reforment leur équipe de quatre et sont amenés à échanger à propos des manières dont ils s’y sont pris pour écrire. Ils indiquent donc ce qu’ils ont changé dans la manière dont s’exprime le narrateur afin de l’adapter à une personne adulte. Ils rendent compte aussi des changements effectués quant à la critique sociale. Si les élèves réussissent à réaliser cet atelier d’écriture et à justifier les façons dont ils s’y sont pris pour le faire, ils sont maintenant prêts à passer à l’évaluation sommative.

 

APRÈS LA LECTURE

 

Cours 7 et cours 8

 

Comme il s’agit de la dernière œuvre à l’étude avant que les élèves fassent l’épreuve ministérielle, l’enseignant leur demande de rédiger une dissertation critique de 900 mots durant deux séances de 100 minutes afin de bien les préparer. Le sujet proposé donne aussi l’occasion aux élèves de montrer s’ils ont résolu le problème de lecture visé par cette séquence qui est de les amener à interpréter les représentations du monde que se fait le narrateur enfant et qui sous-tendent une critique sociale. Le sujet est celui-ci : « Léon, le narrateur de C’est pas moi, je le jure! de Bruno Hébert, pose un regard candide et lucide sur le monde qui l’entoure. Rédigez une dissertation critique de type dialectique de 900 mots dans laquelle vous exprimerez un point de vue par rapport à cet énoncé ».

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Buguet-Melançon, Colette, « Une expérience dans un collège », dans CCDMD, [en ligne]. http://www.ccdmd.qc.ca/correspo/Corr3-2/Journal.html  [Texte consulté le 8 avril 2006].

 

DUFAYS, Jean-Louis, « Chapitre 1 : L’orientation préalable de la lecture », dans Stéréotype et lecture, Liège, Mardaga, 1994, p. 117-125.

 

FALARDEAU, Érick, « Compréhension et interprétation : deux composantes complémentaires de la lecture littéraire », dans Judith EMERY-BRUNEAU, Document d’accompagnement en didactique du français au collégial II, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 2006, p. 1-24.

 

FALARDEAU, Erick, « Pistes d’entrée en lecture ou en littérature? », à paraitre dans Enjeux, p. 1-6.

 

HÉBERT, Bruno, C’est pas moi, je le jure!, Montréal, Les Éditions du Boréal, 1999, 195 p.

 

PETITJEAN, André, « Pastiche et parodie : enjeux théoriques et pédagogiques », dans Pratiques, Numéro 42 (1984), p. 3-33.

 

Plessis-Bélair, Ginette, « La communication orale : un outil pour réfléchir », dans Québec français, Numéro 133 (Printemps 2004), p. 57-59.


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