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Faut de la fuite dans les idées

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Faut de la fuite dans les idées
FAVREAU, Marc
Par Nancy Jolicoeur


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Autres
Courant :
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Nancy Jolicoeur
Date du dépôt : Automne 2006


PRÉSENTATION ET PERTINENCE

 

Cette séquence s’adresse aux élèves de cégep du cours de littérature québécoise. Elle est construite à partir du recueil de monologues de Marc Favreau : Faut de la fuite dans les idées! Nous croyons que la dénonciation des problèmes sociaux présente dans l’œuvre intéressera particulièrement les cégépiens et que ceux-ci seront sensibles au ton humoristique et au style particulier de l’auteur. Malgré le défi que représente la complexité de l’écriture de Favreau, nous croyons que l’élève sera capable de comprendre l’ironie présente dans les monologues, car le contexte de référence lui est familier.

 

PROBLÈMES DE LECTURE

 

La lecture pose comme principal problème la compréhension et l’interprétation du discours humoristique. Ce problème peut à son tour être divisé en sous problèmes : identifier le rôle de l’humour dans la transmission du message; décoder l’ironie dans le texte; distinguer « personnage » et « auteur »; comprendre la critique sociale présente dans l’œuvre; comprendre les jeux de mots et saisir leur sens en fonction du propos (liens entre fond et forme).

 

PRÉPARATION À LA LECTURE (ENVIRON 4 HEURES)

 

Activité 1

 

L’activité vise à amener les élèves à se forger une définition de l’humour et de l’humoriste. Ils devront écrire cinq à huit mots auxquels ils pensent lors qu’ils parlent « d’humour ». Ils établiront ensuite leur propre définition de l’humour et de l’humoriste. Les définitions seront mises en commun. L’enseignant introduira la dimension « critique » de l’humour si les élèves ne le font pas. Il leur présentera un monologue de Daniel Lemire qui traite du chômage et qui illustre la double nature de l’humour (ludique et critique), soit « Yvon travailler (Lundis des Ha! Ha!) ». Après le visionnement, les élèves se questionneront sur la fonction de l’humour dans la société. L’enseignant soulignera le rôle de désacralisation attribué au discours humoristique.

 

Il présentera ensuite un monologue d’Yvon Deschamps intitulé « L’intolérance[1] ». Les élèves donneront leurs impressions sur ce texte. Ils liront par la suite un article qui raconte comment les gens ont réagi au monologue et comment Deschamps s’est fait accuser d’être antisémite[2]. Les élèves verront que le contexte de réception influence l’interprétation d’un texte. L’enseignant précisera l’importance de la distanciation. Il pourra faire référence aux évènements des caricatures de Mahomet en septembre 2005[3].

 

Il terminera par un bref portrait historique de l’humour québécois. Il soulignera que l’humour a connu une période plus engagée dans les années soixante-dix et qu’il s’est tranquillement tourné vers une dimension plus intime et personnelle dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Un parallèle pourra ici être effectué avec la littérature et la chanson.

 

Activité 2

 

La deuxième activité consiste à lire en classe un des monologues du recueil, en l’occurrence « Les embarrassants abris ». Cette lecture permettra à l’élève de se créer un horizon d’attente qui facilitera la compréhension de l’œuvre. Les élèves seront invités à répondre à la question « Selon vous, de quoi parlera ce texte? ». Ils devront ensuite établir les principaux stéréotypes associés aux clochards et les principales critiques adressées au système en ce qui concerne les sans-abris. Cette activité d’anticipation aidera les élèves à repérer plus facilement les idées générales du texte et la critique sociale qu’il présente.

 

Par la suite, il y aura une lecture du monologue en groupe. Après la lecture, les élèves seront invités à établir quels sont les principaux éléments dénoncés par Marc Favreau. Ils devront ensuite regrouper ces éléments de manière à formuler deux ou trois idées générales qui tiendront compte de la totalité du monologue.

 

PENDANT LA LECTURE (environ 6 à 8 heures)

 

Activité 3

 

L’enseignant demandera aux élèves de rédiger un journal de lecture afin qu’ils puissent s’exprimer sur leurs lectures. Les élèves devront répondre aux questions suivantes (avant, pendant et après la lecture) : Selon toi, de quoi parlera ce monologue? Quels sont les stéréotypes en lien avec ce thème? Quelles sont les critiques généralement effectuées sur ce sujet? Qu’est-ce qui m’a fait rire et pourquoi? Quels sont les principaux éléments critiqués par Marc Favreau dans ce monologue? L’enseignant permettra aux élèves d’échanger leur journal pour recevoir les commentaires de leurs pairs. L’enseignant choisira un moment pour récupérer les journaux afin d’alimenter la réflexion des élèves ou afin de guider vers la bonne direction les élèves qui s’éloigneront des objectifs poursuivis.

 

Activité 4

 

Cette activité va permettre à l’élève de mieux comprendre les procédés d’écriture reliés aux textes comiques et humoristiques. L’enseignant présentera d’abord une dizaine d’extraits de textes culturels comiques et humoristiques tirés de sources variées : Raymond Devos, Yvon Deschamps, Les Cyniques, Rock et Belles Oreilles, François Pérusse, Ionesco, Mafalda, Maurice et Patapon, Drôles de vidéos, M. Bean, Gérard D. Laflaque (Serge Chapleau), Les Simpsons, Les Griffins, South Parc, Film de peur, etc. Les élèves devront classer les extraits dans un tableau : comique de personnage, comique de mœurs, comique de mots, comique de répétition, comique de situation, ironie, parodie, satire. Ils devront ensuite se donner une brève définition de chacun des procédés et en repérer quelques-uns dans « L’appel de la carrière ». Ils devront aussi expliquer quels sont les effets de ces procédés sur le sens du texte. Une mise en commun des réponses permettra aux élèves de prendre conscience du caractère polysémique du texte. 

 

L’activité se terminera par un exercice sur les figures de style. À l’aide d’une feuille « aide-mémoire » décrivant les figures de style les plus pertinentes chez Favreau[4], les élèves devront trouver de quelles figures relèvent les exemples qu’ils ont donnés précédemment. L’enseignant demandera aux élèves de créer des exemples qui illustreront ces différentes figures. Ils partageront leurs exemples au reste du groupe.

 
Activité 5

 

Les élèves devront identifier les traits qui caractérisent Sol de manière à voir l’impact du personnage sur le traitement humoristique et sur la dimension critique. Cette activité leur permettra d’établir une distinction entre « auteur » et « personnage ». En petites équipes, ils devront dresser un portrait de Sol : traits physiques et psychologiques et statut social. L’enseignant présentera un ou deux monologues sur vidéo. Les élèves pourront compléter le portrait du personnage et se demander de quelle manière la représentation visuelle influence l’interprétation qu’ils font du monologue.

 

Un retour en plénière sera ensuite effectué. L’enseignant demandera aux élèves s’ils croient que Sol est vraiment naïf. L’enseignant les amènera, à l’aide d’un exemple, à réaliser que les monologues présentent deux discours superposés : ce que Sol veut dire et ce que Sol dit vraiment (autrement dit, ce que dit Favreau). Pour bien comprendre cette dynamique, les élèves devront ensuite choisir un monologue afin de faire ressortir les deux discours. Ils constateront rapidement le décalage entre les deux discours.

 

Activité 6

 

Les élèves doivent maintenant rédiger, en petites équipes, un plan détaillé d’une dissertation critique. Le sujet de la dissertation sera le suivant : dans « La justice sans balance » (Favreau) et « Agression culturelle » (Latraverse), Marc Favreau et Plume Latraverse critiquent le système judiciaire. Commentez cette affirmation. La mise en relation de ces deux textes permettra à l’étudiant de bien comprendre la différence entre une critique sociale directe (Latraverse) et une critique sociale indirecte — qui passe chez Favreau par l’humour. Les consignes sont les suivantes :

 

  • Vous devez rédiger un plan détaillé d’une dissertation critique sur un transparent.
  • Votre plan doit comprendre une introduction, un développement et une conclusion.
  • Chaque aspect du développement ne doit contenir qu’une seule « idée générale ».
  • Les explications, les illustrations et les exemples devront être présentés dans le plan.
  • Inspirez-vous de vos notes de lecture pour organiser votre plan.

 

À la fin, ils devront présenter leurs plans aux autres équipes qui donneront une rétroaction sur la structure générale de l’argumentation, la clarté des idées présentées et la pertinence des exemples proposés. L’enseignant complètera la rétroaction en proposant des pistes de solution pour combler les lacunes des plans.

 

APRÈS LA LECTURE (environ 8 heures)        

 

Activité 7

 

En guise de synthèse, l’enseignant propose aux élèves une activité de création qui consistera à faire (en équipe) un pastiche. Cet atelier d’écriture a pour objectif de permettre à l’élève de consolider les connaissances acquises au cours de la séquence. Des consignes claires devront être proposées :

 

  • Vous devez écrire un court monologue « à la manière de Marc Favreau ». Pour ce faire, vous imiterez le style d’écriture de l’auteur. Vous permettrez ainsi à Sol de s’exprimer sur un nouveau sujet de votre choix.

 

Des pistes pour amorcer la création seront également suggérées :

 

  • Trouvez un sujet (inspirez-vous de l’actualité : politique, société, religion, etc.)
  • Faites une tempête d’idées de manière à sortir des stéréotypes, des lieux communs du discours ambiant ou des jeux de mots qui sont en lien avec votre sujet.
  • Établissez un point de vue critique et portez un jugement.

 

Pendant l’écriture, les élèves devront également rédiger un court texte qui permettra de justifier les différents choix qu’ils ont effectués pour l’écriture de leur texte. Cet exercice leur permettra d’approfondir leur compréhension de l’écriture de Marc Favreau. À la fin de l’activité, les élèves devront présenter leur monologue au reste de la classe.

 

Activité 8

 

Les deux dernières séances de la séquence seront réservées à la rédaction d’une dissertation critique de 900 mots. Cette rédaction servira à l’évaluation sommative des apprentissages. Les élèves recevront le sujet deux semaines avant la rédaction afin qu’ils puissent préparer un plan à la maison. Le sujet de la dissertation sera le suivant : chez Favreau, la critique sociale est déguisée sous les traits de l’humour. Commentez cette affirmation à l’aide d’un des monologues suivants : « Médicalmant parlant » ou « Les indigents ».

 

 

MÉDIAGRAPHIE

 

Bibliothèque du séminaire de Sherbrooke, Monologuistes québécois : Yvon des champs (1969-1981) et Marc Favreau (1973-1981), Sherbrooke, Bibliothèque du séminaire de Sherbrooke, 1981.

 

ESCARPIT, Robert, L’humour (neuvième édition corrigée), Paris, Presses Universitaires de France (Que sais-je?), 1991 [1960].

 

FALARDEAU, Érick, « Quelle place pour les lecteurs dans nos classes de littérature? », Québec français, 135, 2004.

 

FAVREAU, Marc, Faut de la fuite dans les idées!,Outremont, Québec, Les Éditions internationales Alain Stanké (10/10 116), 2000.

 

HACHEY, Isabelle, « Les caricatures de Mahomet », dans La Presse, mercredi 8 février 2006, p. A19.

 

HESBOIS, Laure, « Les monologues de Sol : une initiation à la langue-Moi », dans Voix et images, vol VII, no 1, automne 1981.

 

JARDON, Denise, Du comique dans le texte littéraire, Paris-Bruxelles, Les Éditions Duculot et De Boeck (formation continuée), 1988.

 

LEMIRE, Daniel, 20 ans d’humour 1982-2002, Productions Analekta, 2002 [DVD].

 

PETITJEAN, André, « Pastiche et parodie : enjeux théoriques et pédagogiques », dans Pratiques, 42, 1984.

 



[1] Yvon Deschamps, Yvon Deschamps : volume 3,1972-1973, Polydor, 1978 [enregistrement sonore].

[2] Cet article est disponible dans Monologuistes québécois : Yvon des champs (1969-1981) et Marc Favreau (1973-1981), Sherbrooke, Bibliothèque du séminaire de Sherbrooke, 1981.

[3] De nombreux articles peuvent être utilisés comme support pour cet exemple. En voici notamment un qui pourrait être donné aux élèves : Isabelle Hachey, « Les caricatures de Mahomet », dans La Presse, mercredi 8 février 2006, p. A19.

[4] Nous pensons entre autres au calembour, à la paronomase, à l’oxymore, à la métonymie, à la personnification, au mot-valise, etc.


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