Se connecter
 Retour à la page précédente
Si c'est un homme

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Si c'est un homme
LEVI, Primo
Par Mélanie Paradis Couture


Nationalité de l'auteur : Autres
Genre : Autres
Courant : Autres
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Deuxième cycle secondaire
Auteur de la séquence : Mélanie Paradis Couture
Date du dépôt : Hiver 2008


JUSTIFICATION DE LA PERTINENCE DE L’OEUVRE CHOISIE[1]

 

L’œuvre choisie représente une belle occasion pour les élèves d’en apprendre davantage sur les évènements[1] tragiques de la Deuxième Guerre mondiale, car il s’agit d’un témoignage écrit par un rescapé juif du camp d’Auschwitz. Les élèves ne sont pas habitués à lire des œuvres littéraires dans lesquelles le narrateur est aussi l’auteur. L’énonciation particulière de Si c’est un homme ainsi que le style réflexif de l’auteur sont donc des éléments pertinents à analyser avec les élèves. Ceux-ci ont également l’opportunité, au fil des pages, de vivre des émotions fortes qui les font réfléchir sur l’impact que peut avoir une œuvre sur le lecteur. Par ailleurs, le fait que cette œuvre peut être travaillée en collaboration avec l’enseignant d’histoire de cinquième secondaire ajoute de la pertinence à son approfondissement puisque l’interdisciplinarité est possible.

 

 

SITUATIONS-PROBLEMES

 

- La présence de mots de langue étrangère dans le texte en français.

- Les thèmes lourds que sont la condition humaine et la déshumanisation.

- Comprendre l’impact que peut avoir une œuvre (du genre témoignage) sur le lecteur.

 

 

LA SEQUENCE

 

AVANT LA LECTURE

 

Activité 1 – La mise en contexte


Étant donné que l’histoire racontée s’est déroulée à l’époque de la Deuxième Guerre mondiale, il est essentiel que les élèves en apprennent davantage sur l’Holocauste afin d’être mieux préparés à la lecture du témoignage de Primo Levi. L’activité de mise en contexte prend donc la forme d’un questionnaire sur l’histoire et les enjeux de l’univers concentrationnaire. Lorsque les élèves ont terminé de répondre au questionnaire, l’enseignant reprend les questions une à une afin de compléter avec les élèves les informations trouvées. Ainsi, l’enseignant peut s’assurer que les élèves vont entreprendre la lecture du livre avec des notions de base sur le contexte historique qui sont nécessaires à la compréhension de l’œuvre.

 

Voici une suggestion de questionnaire: Qu’est-ce que l’Holocauste? Dans quel pays cela s’est-il passé? Qui est impliqué? Qui est Adolf Hitler? Que sais-tu de l’univers concentrationnaire? Connais-tu des œuvres littéraires ou cinématographiques qui abordent la persécution des juifs?

 

 

Activité 2 – l’intention de l’auteur

 

Cette activité a pour objectif de découvrir l’intention de l’auteur à travers le paratexte de l’œuvre (quatrième de couverture, préface, poème en exergue, appendice, etc.). Après la lecture, l’enseignant engendre une discussion avec ses élèves afin de dégager les raisons pour lesquelles l’auteur a entrepris l’écriture de ce témoignage. La connaissance de l’intention de l’auteur avant la lecture de l’œuvre donne aux élèves un angle d’entrée précis qu’ils n’auraient pas eu sans cette activité. Après la discussion, les élèves sont en mesure de comprendre que l’auteur s’adressera à lui puisque son intention première est que le lecteur se souvienne des évènements de la Deuxième Guerre.

 

 

PENDANT LA LECTURE

 

Activité 3 – l’impact sur le lecteur

 

Cette activité a pour objectif de faire comprendre aux élèves que le lecteur joue un rôle important dans ce témoignage puisqu’il est directement interpelé et amené à réfléchir. L’enseignant demande aux élèves de lire le chapitre premier, tout en ayant en tête l’intention de l’auteur, et d’écrire sur une feuille les éléments marquants (énonciation, questionnement ouvert, mots étrangers, références, etc.). Pendant la lecture, l’enseignant écrit au tableau des pistes de réflexion[3] : Comment je me sens pendant la lecture? Qu’est-ce qui me dérange? Pourquoi l’auteur utilise-t-il ces mots?

 

Après la lecture, l’enseignant demande à chaque élève d’aller écrire au tableau un mot, une expression, une question, une émotion qui a traversé son esprit pendant la lecture de ce chapitre. Ensuite, l’enseignant prend le temps de lire à haute voix la mosaïque d’émotions créée par les élèves afin que ceux-ci prennent conscience de la sensibilité, de l’affectivité et de la subjectivité qui ressortent de leur lecture.

 

La présence de mots étrangers dans l’œuvre étant une autre source de problème pour les élèves, l’enseignant propose un survol de l’œuvre afin d’essayer de comprendre les raisons pour lesquelles l’auteur les a conservés. Est-ce véritablement pour mêler le lecteur? Est-ce par souci d’authenticité? Est-ce pour faire ressentir au lecteur l’incompréhension et l’inconfort qu’il a vécus là-bas? Ces interrogations font donc comprendre aux élèves qu’ils doivent constamment se poser des questions et réfléchir aux réponses possibles lors de la lecture d’une œuvre de ce genre. Il est important que l’enseignant fasse remarquer aux élèves qu’il est possible de comprendre certains mots malgré le fait qu’ils ne sont pas traduits. Cette activité a également pour but de diminuer les obstacles entre les mots étrangers et la compréhension des élèves.

 


Activité 4 – Le journal de lecture[4]

 

Cette activité est directement liée à la précédente et se déroule tout au long de la lecture de l’œuvre. Il s’agit d’un journal de lecture (cahier Canada, feuilles lignées, carnet de notes, etc.) dans lequel les élèves inscrivent leurs pensées, leurs questionnements et leurs sentiments par rapport au témoignage de Primo Levi. Cette activité d’écriture sert d’abord d’exutoire pour les élèves, car le propos du texte est parfois lourd, et il permet aussi de mieux les guider dans la compréhension de l’œuvre et dans la réflexion qu’elle impose. Ce journal fait donc comprendre aux élèves la place qu'accorde la littérature à l’émotion et à la réflexion du lecteur.

 

 

APRES LA LECTURE

 

Activité 5 – Lier le titre et l’œuvre

 

Cette activité a pour objectif d’amener les élèves à saisir le sens du titre de l’œuvre à l’aide des thèmes de la condition humaine et de la déshumanisation. Pour ce faire, les élèves doivent répertorier les éléments (descriptions, pensées, expressions, etc.) qui prouvent la présence de ces thèmes après chacun des chapitres[5] et les inscrire dans un tableau commun. Une fois que les élèves ont terminé de remplir le tableau, l’enseignant propose une mise en commun[6] des éléments afin de comprendre, ensemble, le sens du titre de l’œuvre.

 

Voici une réponse possible : l’œuvre s’intitule Si c’est un homme parce que l’homme qui y est dépeint est dénaturé, son nom est un numéro (174 517) et les conditions dans lesquelles il vit sont exécrables. Il est donc possible de se demander s’il s’agit vraiment de la vie d’un homme ou bien de celle d’un animal qui est décrite dans l’œuvre de Levi.

 

 

Activité 6 – Visionner un reportage sur les évènements d’Auschwitz

 

Pour valider (ou invalider) la perception que les élèves ont des lieux décrits par Primo Levi, l’enseignant présente un reportage sur les camps de concentration (disponible sur les archives de Radio-Canada[7]). Après le visionnement, les élèves auront une meilleure idée des lieux dans lesquels a vécu l’auteur et auront une meilleure compréhension de certains passages de l’œuvre.

 

 

Activité 7 – Visionner le film La Liste de Schindler[8]

 

Puisque l’œuvre de Primo Levi relate les évènements de son arrivée au camp jusqu’à sa libération, il serait intéressant de montrer aux élèves l’autre côté de l’extermination des juifs qui est présenté dans La Liste de Schindler de Steven Spielberg. De plus, ses images percutantes et son histoire poignante permettent aux élèves de voir et de ressentir l’atrocité morale et physique qu’ont subie les juifs dans les ghettos et les camps de concentration. Les élèves seront ainsi plus aptes à faire le lien entre ce qu’ils ont lu et ce qu’ils ont vu[9].

 

 

Activité 8 – Le pastiche d’un témoignage[10]

 

La dernière activité de la séquence, le pastiche d’un témoignage, a pour objectif de permettre aux élèves de mettre en application les connaissances nouvellement acquises. Il s’agit donc d’une situation d’écriture qui rendra compte de tous les éléments (le contexte historique, l’intention de l’auteur, l’impact sur le lecteur, le journal de lecture et la thématique) abordés dans les activités d’enseignement-apprentissage présentées. Les élèves peuvent ainsi exprimer leur perception de l’œuvre et leurs émotions à travers le témoignage fictif d’un adolescent persécuté. Ils prendront une fois de plus conscience de l’importance de la sensibilité de l’auteur et de celle du lecteur lors de l’écriture ou de la lecture d’une œuvre littéraire.

 

Voici une suggestion de consigne d’écriture :

 

1. En vous inspirant de ce que vous avez lu, vu et entendu, vous devez vous mettre à la place d’un adolescent juif qui a vécu l’expérience du camp de concentration et vous devez raconter, avec émotions, les évènements vécus. (Vous pouvez vous inspirer de votre journal de lecture pour réaliser cette activité d’écriture.)

 

2. Comme Primo Levi, vous devez utiliser le je ou le nous et interpeler directement le lecteur (à l’aide de questions) afin de le faire réfléchir.

 

3. Le texte sera d’environ 500 mots.

 

 

 



[1] Étant donné que le propos de l’œuvre peut être lourd à porter, je suggère d’alterner les activités de la séquence à d’autres activités un peu plus réjouissantes.

[2] Ce travail adopte l’orthographe rectifiée

[3] Érick Falardeau, «La place des lecteurs dans les classes de littérature». Québec français. 135. 2004, p. 39.

[4] Monique Lebrun. « Un outil d’appropriation du texte littéraire : le journal dialogué ». Dans Pour une lecture littéraire II. Actes du colloque de Louvain-la-Neuve (3-5 mai 1995), Bruxelles : De Boeck-Duculot, 1996, p. 278.

[5] Étant donné que l’œuvre compte 17 chapitres, je suggère que les élèves fassent cette activité en équipe.

[6] Denis Simard. «Une approche culturelle dans l’enseignement du français, langue première ». Dans l’Écho du Réseau Laval, Volume 4, numéro 1, avril 2004, p. 18.

[7] http://archives.radio-canada.ca/guerres_conflits/seconde_guerre_mondiale/dossiers/1578/(clip)

[8] Si vous voulez présenter à vos élèves les évènements de l’extermination des juifs sous un angle moins sombre, je vous suggère le film La vie est belle de Roberto Benigni qui est un bel exemple de dédramatisation, car la guerre est présentée comme si elle était un jeu pour un enfant.

[9] Le film étant de bonne longueur, la collaboration avec l’enseignant d’histoire de cinquième secondaire serait souhaitée.

[10] André Petitjean, «Pastiche et parodie: enjeux théoriques et pédagogiques», dans Pratiques, numéro 42, 1984, p. 6.


---
© 2024, Université Laval
Ce texte est protégé par la loi sur les droits d'auteur. Il peut cependant être utilisé à des fins éducatives. Nous vous prions d'en indiquer la source lors d'une éventuelle utilisation.


À propos | Aide | Contactez-nous