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Jimmy

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Jimmy
POULIN, Jacques
Par Andrée-Maude Jobin


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Roman
Courant : Postmodernité
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Andrée-Maude Jobin
Date du dépôt : Hiver 2009


 

Justification de la pertinence de l'oeuvre 

 

Ma séquence s’inscrit dans le cadre de l’Ensemble 3 (littérature québécoise).  Conséquemment, elle sera construite autour d’un roman de cet ensemble culturel, soit Jimmy, que Jacques Poulin a publié en 1969.  En plus d’être en mesure, à la fin de la séquence, de résoudre une situation-problème ultérieurement précisée, les étudiants seront désormais « capables » de réfléchir sur l’évolution de la quête identitaire du Québécois et de poser un regard critique sur leur présent. En outre, ils comprendront davantage, après la lecture, le contexte dans lequel ils vivent.

 

Il me semble pertinent de mettre Jimmy à l’étude étant donné que les thèmes abordés, soit les relations interpersonnelles et le besoin de communication, touchent particulièrement les jeunes adultes.  En effet, ces derniers se verront confrontés à une évidence toute leur vie : la complexité de ces relations et le besoin de communiquer pour résoudre cette complexité.  La littérature apparaît comme une façon  efficace de réfléchir à ces questions délicates et complexes, et Jimmy se prête bien à ce type de réflexion.

 

Problème à résoudre et objectifs

 

À la fin du trimestre, les étudiants auront à faire une dissertation critique portant sur le roman Jimmy.  La séquence didactique est orientée vers le problème suivant : Quelles sont les fonctions des plongées dans l’imaginaire de Jimmy?  Lors de la dissertation critique finale, les apprenants réfléchiront à la problématique suivante :

« Désemparé, Jimmy s’invente une foule de jeux, s’improvisant la plupart du temps pilote d’hélicoptère, d’auto sport […] et de bateau, laissant voguer son imagination au fil d’histoires plus ou moins échevelées […] [1]».

 

Dans cette citation, Gilles Dorion explique que le protagoniste du roman Jimmy se projette dans un univers fictif.  Est-il possible d’ affirmer que les voyages dans l’imaginaire du jeune garçon permettent d’inscrire le roman de Poulin dans la postmodernité littéraire?  Pour répondre, vous devrez essentiellement vous baser sur la quête du personnage.

 

Les activités proposées aux apprenants sont  une manière de les outiller  en vue de la résolution du problème.  Ainsi, des objectifs précis sont associés à chacun des ateliers :

  1.  Être en mesure de poser une réflexion sur la postmodernité littéraire et, par le fait même, sur le contexte qui lui donne naissance, soit la société contemporaine (valeurs qui se transmettent de la société au texte).
  2. Comprendre l’évolution de la quête et du statut identitaire du Québécois (quête plus individuelle ici, de tendresse, de bonheur).
  3. Familiariser l’étudiant avec le concept de narration (narrateur enfant).

 

LA SÉQUENCE

 

AVANT LA LECTURE

 

Activité 1 - La lecture anticipée

 

La première activité vise à accompagner les élèves dans la mise en contexte du roman à étudier (ce qui répond au premier objectif) et à leur faire comprendre que l’art, comme la littérature, est une manière d’appréhender le monde.  Une séance est accordée pour que les apprenants se rendent au Musée National des Beaux-Arts de Québec.

 

La semaine suivante, l'enseignant effectue un retour sur la visite.  Les étudiants doivent travailler en groupes de quatre.  Certaines peintures postmodernes exposées au musée (celles ayant suscité le plus de réactions) défileront sur un PowerPoint et chacune des équipes aura une photocopie des œuvres.  Les apprenants devront définir les sentiments et les thématiques  qu’ils rattachent à ces œuvres.  Après les discussions en équipe, l'enseignant organise une table ronde au cours de laquelle chaque groupe doit exprimer sa vision des peintures.  À partir des réponses reçues (exemple : effritement de la façon classique de représenter les choses, couleurs vives, angoisse, etc.), l'ensemble de la classe s'entend sur ce qui définit le cadre social qui a donné naissance au mouvement qu’est la postmodernité picturale et, à partir de ce moment, l'enseignant est en mesure d’explorer, avec les étudiants, les caractéristiques de la postmodernité, pour ensuite présenter l’œuvre de Jacques Poulin – tout aussi postmoderne – qui utilise cependant l’écriture comme médium.

 

PENDANT LA LECTURE

 

Activité 2 - Activité créative

 

Pour cette activité, les étudiants doivent lire le roman jusqu’à la page 145 inclusivement.  L'enseignant insiste sur le fait qu’ils ne doivent, sous aucun prétexte, dépasser cette page.  La consigne du travail est la suivante :

  • - Merci. Une chose que je peux dire… tu le diras à personne?
  • - Yes. No!
  • - Les pilotis sont pourris, Papou et Mamie aussi. Il va falloir que j’en parle encore au Commodore.

Dans ce dialogue, Jimmy exprime un besoin important pour son développement intérieur.  Afin d’expliquer la compréhension que vous avez de ce besoin, rédigez un texte de 550 mots (plus ou moins 50 mots), en équipe de deux, dans lequel vous vous mettrez dans la peau de Jimmy et décrirez ce besoin.  Vous devrez impérativement respecter les caractéristiques du personnage principal (narrateur enfant, solitude, etc.), la narration (à la manière d’un enfant qui passe du « je » au « tu »), l’écriture simple et dépouillée, les lieux (l’action se déroule principalement dans la province de Québec) et la temporalité.Lorsque toutes les équipes auront terminé leur rédaction, chacune d’entre elles, à tour de rôle, devra lire son texte devant la classe (ou en équipe, moins gênant).

 

À la suite de cet atelier, les apprenants doivent lire l’article « Jimmy, roman de Jacques Poulin[1] » (synthèse des caractéristiques de la quête du protagoniste), publié dans le Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec et doivent aussi lire un extrait de Les mille et une nuits, texte dans lequel il y a aussi présence de plongées dans l'imaginaire.

 

Activité 3 - Le narrateur enfant et la fausse naïveté

 

Cette activité débute par le visionnage d’un extrait du long métrage C'est pas moi, je le jure! (Philippe Falardeau). 

Les étudiants doivent aussi, par la suite, lire de courts passages des romans La petite fille qui aimait trop les allumettes (Gaétan Soucy) et  La vie devant soi (Émile Ajar).  Ensuite, les étudiants doivent cibler les points communs des quatre extraits (en comptant Jimmy) pour arriver à mieux définir ce qui caractérise le narrateur enfant.  Pour ce faire, ils sont invités, en groupe, à répondre aux questions suivantes :

  • - Quels sont les problèmes que vivent les enfants dans ces extraits?
  • - Quels sont les thèmes abordés?
  • - Les romans et le film abordent-ils des questions sociales? (la famille, la religion, par exemple)
  • - À quel genre de public s’adressent ces romans et ce film? Justifiez votre réponse en tenant compte des thèmes abordés dans les œuvres.
  • - Quelles sont les préoccupations des personnages?

Par le biais de cette activité, l'enseignant peut familiariser les étudiants avec le concept de la narration (narrateur enfant), ce qui recoupe le troisième objectif. 

 

Activité 4 - Élaboration d'un schéma quinaire

 

Les étudiants doivent, au moyen de cet exercice, reconstituer le schéma qui sous-tend le récit Jimmy. Après avoir défini  ces constituants, l'enseignant demande aux étudiants de relever, seuls, l’état initial, l’élément déclencheur, la dynamique, la sanction et l’état final du roman.

 

L’objectif de cet exercice est d’amener les apprenants à cerner le véritable enjeu du roman. Le regard qu’ils posent sur l’intrigue et les personnagesen en remplissant le schéma leur fera voir que le problème (l’enjeu) du roman se situe au niveau de la communicabilité des protagonistes : Jimmy, par le jeu, tente de communiquer avec ses parents.   

 

Pour terminer, les apprenants doivent lire un extrait de la pièce de théâtre Un simple soldat de Marcel Dubé. Cette œuvre a été sélectionnnée parce qu’elle  fait bien ressentir la castration du clergé : elle livre le mal de vivre d’un peuple tout entier dans un Québec pauvre et asservi.  C’est donc une œuvre qui met bien en lumière la crise identitaire vécue par les Québécois avant la Révolution tranquille (elle montre que celle-ci se préparait).  Conséquemment, les étudiants comprendront que la question identitaire est, dans les œuvres québécoises, toujours présente, mais traitée différemment d’un mouvement à l’autre et d’une époque donnée à une autre (avant et après la Révolution tranquille), selon le contexte sociohistorique. 

 

(Révolution tranquille : "On appelle Révolution tranquille cette ère de réformes institutionnelles et de chambardements dans la vie politique, cette période de rattrapage et de modernisation où l'État québécois se fait le moteur principal du développement collectif".  Michel Laurin, Anthologie de la littérature québécoise, 3e édition, Anjou, Les éditions CEC, 2007,p. 133.)

 

Activité 5 - La rencontre avec Jacques Poulin

 

L'enseignant invite en classe l’auteur du roman Jimmy, Jacques Poulin, dans le but de susciter une discussion.   

Afin de s'assurer que l’échange entre les étudiants et l’homme de plume soit riche et que tous interagissent, l'enseugnant distribue, au préalable, deux questions auxquelles chaque étudiant devra obligatoirement répondre, sur une feuille lignée, au cours de la semaine précédant la rencontre.  L'enseignant recueille les réponses afin de vérifier que tous se seront prêtés à l’activité.  Les questions sont les suivantes :

 

  1.  De quelle manière avez-vous lu ce récit : lentement, vite, passionnément, difficilement, avec ou sans plaisir?  Précisez et citez les  difficultés  rencontrées.
  2. Quelle est votre appréciation d’ensemble des structures du récit, d’une part, et, d’autre part, de ses messages?  Ce récit vous a-t-il interpellé?  A-t-il changé votre manière de voir sur certains points?  Que vous a-t-il apporté? [1]

 

L'enseignant amène aussi les étudiants à formuler au moins une question à soumettre à l’auteur afin qu’ils se sentent davantage « engagés » dans la discussion.  Les questions proposées visent à amener les apprenants à prononcer et à articuler leurs points de vue.

 

Finalement, si jamais Jacques Poulin refuse d’accorder une « entrevue » aux étudiants, en raison de sa grande timidité, de contraintes de temps ou d’un refus de devenir une figure médiatique, l'enseignant peu présenter la seule entrevue télévisuelle qui existe avec l'auteur, soit celle tournée lorsqu'il a remporté le prix Gilles Corbeil en 2008.  


 

[1] Jean-Louis Dufays, Louis Gemenne, Dominique Ledur, Ibid., 330.



 

[1] Gilles Dorion, « Jimmy, roman de Jacques Poulin » dans Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, tome IV, Montréal, Fides, 1984, p. 470.


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