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Le Révizor

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Le Révizor
GOGOL, Nicolas
Par Gabriel Bouchard


Nationalité de l'auteur : Autres
Genre : Théâtre
Courant :
Siècle : 19e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Gabriel Bouchard
Date du dépôt : Automne 2004


Le Révizor de Nicolas Gogol est une œuvre féconde en avenues didactiques. D’abord, cette pièce nous paraît propre à susciter l’intérêt des élèves puisqu’il s’agit d’une comédie, genre qui, par définition, se veut divertissant. Par ailleurs, le sujet de la pièce, la corruption et la fraude chez les gouvernants, est toujours d’actualité. Les élèves auront tous eu vent, à des degrés divers, des récents scandales de cette nature ce qui facilitera la compréhension des enjeux sociaux portés par cette comédie de mœurs. Ainsi, tout en ouvrant les horizons des élèves en leur proposant un texte venu de l’étranger, nous leur présentons une œuvre dont le propos leur est, d’une certaine façon, déjà familier.

Dans le cadre de cette séquence, nous considérons Le Révizor comme une comédie de mœurs. Ce parti pris s’explique par une volonté d’inscrire notre séquence dans l’esprit de la deuxième unité de français au collégial. Nous tenterons en effet d’éclairer la « représentation du monde » proposée par Gogol, mais surtout nous tenterons d’amener les élèves à comprendre et à expliquer « les liens pertinents entre le thème, les procédés stylistiques et littéraires, et les éléments significatifs du contexte culturel et sociohistorique. »

La séquence débute par une préparation à la lecture. L’enseignant propose d’abord une réflexion sur le titre de l’œuvre en soumettant aux élèves différentes traductions qui en ont été données. Il évoque aussi le fait que Gogol a emprunté son sujet à une tradition, afin que les élèves parviennent à concevoir que l’originalité du Révizor dépasse la seule anecdote et réside davantage dans l’écriture et dans la construction de l’œuvre. La préparation exige aussi un détour par le contexte sociohistorique. Certains points doivent être éclairés tels que l’autocratie, le servage, l’opposition entre les libéraux et les conservateurs, le rayonnement de la capitale, la condition des écrivains, etc.

Pour préparer les élèves à la lecture de la pièce, il faut les familiariser avec les noms propres russes. L’enseignant devrait aider les élèves à se donner des trucs mnémoniques pour s’y repérer. La préface de Claude de Grêve1 explique l’étymologie des noms de certains personnages : il y a là une ressource à la fois utile et significative. Par ailleurs, nous suggérons de fournir aux élèves un organigramme dans lequel les personnages seraient situés hiérarchiquement. Enfin, l’enseignant pourrait s’assurer de la bonne compréhension de la scène d’exposition en lisant avec les élèves les passages évoquant l’annonce de la venue d’un « révizor » (Acte I, scène 1), le récit de Bobtchinski et Dobtchinski (Acte I, scène 3) et la rencontre entre Khlestakov et le Gouverneur (Acte II, scène 8).

Le bloc suivant est consacré à l’étude des procédés comiques, de l’organisation du texte et des personnages. L’enseignant remet aux élèves une grille qu’ils doivent remplir au cours de leur lecture de la pièce. Ils devront y indiquer les passages où chaque administrateur, policier ou autre notable est tourné en ridicule. L’enseignant utilisera ces données en classe pour amener les élèves à identifier les procédés comiques utilisés par Gogol. Les élèves pourraient être amenés à reconnaître ces mêmes procédés dans un épisode des Bougon ou d’une autre satire contemporaine.

Le quiproquo et le topo du nouvel arrivant, éléments qui structurent la comédie de Gogol, pourraient être éclairés à l’aide d’exemples tirés d’autres textes. Pour ce qui est du topo du nouvel arrivant, nous songeons à la chanson « Phénoménale Philomène » de Richard Desjardins ou au début du film Les dieux sont tombés sur la tête. Il s’agit de faire apparaître aux élèves, à l’aide du schéma narratif, comment l’arrivée d’un nouveau personnage ou d’un nouvel élément perturbe la situation initiale et amène les personnages à se révéler. Pour ce qui est du quiproquo, les élèves prendront d’abord connaissance de différents extraits d’œuvres (La farce de maître Patelin, Le médecin malgré lui de Molière, Le Dictateur de Chaplin, etc.), avant de travailler en équipe sur un questionnaire dans lequel ils devront expliquer comment une erreur sur la personne contribue à faire tomber les masques des personnages de la pièce.

Un atelier devrait aussi amener les élèves à analyser la psychologie des personnages. Les élèves formeront des équipes et chacune d’entre elles se verra attribuer un couple de personnages. À partir de passages ciblés, ils devront concevoir une présentation de la relation qui règne entre ces deux personnages afin de la présenter aux autres élèves à la fin de la séance. La figure de Khlestakov pourrait être analysée plus longuement à l’aide d’extraits du Journal d’un fou de Gogol et de Un gars de Québec, l’adaptation québécoise du Révizor faite par Michel Tremblay. Les élèves devront illustrer le désir du personnage de rompre avec la médiocrité de son quotidien en pastichant (en joual) la tirade des vantardises (Acte III, scène 5).

Pour faire apparaître l’utilité sociale et l’aspect sérieux de la comédie, une séance est consacrée à l’étude comparée d’extraits du Tartuffe et des placets que Molière a rédigés pour expliquer son intention. Les élèves devront répondre à un questionnaire qui les incitera à comparer les deux pièces et à mieux définir la visée de Gogol.

L’exemple de Molière, comme celui d’auteurs russes victimes de la censure, servira aussi à illustrer les conditions institutionnelles dans lesquelles Le Révizor fut créé. Une séance sera d’ailleurs consacrée à la présentation des différents acteurs de la scène sociale et politique qui ont influencé la rédaction et la représentation de la pièce. Un jeu, inspiré de l’émission « Les détecteurs de mensonges », sera fait en classe. Les élèves devront identifier le récit véridique (tiré de la biographie de Gogol qu’a donnée Henri Troyat) du contournement de la censure qui fût réalisé par Gogol et ses amis, parmi d’autres versions moins surprenantes rédigées par nos soins.

Afin de familiariser les élèves avec l’aspect subjectif que peut prendre la réception d’une œuvre selon le point de vue adopté, nous consacrerons une séance à l’analyse de différentes lectures de la pièce (morale, marxiste, symboliste, bakhtinienne, etc.). Encore une fois, les élèves formeront des équipes et chacune d’entre elles se verra attribuer un extrait de texte qu’elle analysera et qu’elle tentera de valider ou d’invalider à l’aide du texte. Nous reviendrons en plénière sur les résultats de ces recherches.

Deux séances sont à prévoir pour la rédaction de l’évaluation finale, qui est la seule évaluation sommative prévue par notre séquence. À mi-chemin entre l’exercice créatif et la dissertation, celle-ci consiste en la conception et la rédaction d’un « placet » adressé au tsar Nicholas II par un(e) ami(e) de Gogol. Les élèves devront adopter un point de vue sympathique à la cause du dramaturge, et tenter de convaincre le monarque du bien-fondé de la représentation d’une telle pièce. Ils devront appuyer leur réflexion sur des exemples tirés du texte. Au lieu d’écrire « dans l’absolu », les élèves auront donc un destinataire précis et une intention concrète : faire jouer Le Révizor.

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1 Nicolas Gogol, Le Révisor, Paris, Garnier-Flammarion, 1998.


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