Justification de l'œuvre choisie

Et on tuera tous les affreux est un roman écrit par Boris Vian en 1948. Boris Vian est un écrivain, un poète, un parolier, un chanteur, un critique et un musicien de jazz. Il est un véritable intellectuel et est très actif à son époque. Il est l'auteur de plusieurs œuvres magnifiques comme L'écume des jours, L'automne à Pékin et la chanson Le déserteur. Et on tuera tous les affreux est le roman idéal pour faire découvrir cet artiste digne d'attention, ce qui constitue une des raisons pour laquelle ce roman a été choisi.

Le livre à l'étude est un véritable roman d'action où les poursuites de voitures, les bagarres, les fusillades, les complots et l'espionnage sont monnaie courante. Les élèves vont sans aucun doute apprécier ce roman explosif à l'humour subtil et savoureux.

Identification des problèmes de lecture

Le premier problème de lecture est d'amener les élèves au-delà des éléments typiques des romans policiers et des romans noirs dans le but de les mettre à distance pour ensuite les analyser. Le but est donc de passer d'une lecture purement récréative — très facile grâce à tous les jeux d'espionnage — à une lecture plus profonde où les élèves comprennent les choix de l'auteur, d’une compréhension simple de l’histoire à une appréciation de la complexité des effets créés.

Le roman de Vian, à première vue, peut sembler n'être qu'une histoire où des bandits affrontent des policiers. Les élèves sont d'ailleurs bien familiers avec ce type de scénario (les « bons » contre les « méchants »). Sous son apparence de film d'action, ce roman a une réelle profondeur accessible aux élèves du secondaire. Le roman se moque d'une foule d'éléments en faisant appel à des stéréotypes. Le second problème de lecture sera d’aider les élèves à identifier ces stéréotypes.

Activité 1 : Le contexte

i. Présentation de l'auteur et du contexte socioculturel

Pour apprécier les subtilités des romans de Vian, il est nécessaire de se familiariser un peu avec son univers. La première activité sera donc de bien présenter l'écrivain aux élèves ainsi que son parcours.

ii. Présentation de Vernon Sullivan

Lors de cette activité, l'enseignant présente le roman à l'étude. Il doit aviser les élèves que Et on tuera tous les affreux est le troisième roman d'une série de quatre, tous écrits par Vernon Sullivan, un des pseudonymes de Boris Vian. Boris Vian utilise ce nom au moment où les thrilleurs américains connaissaient un véritable succès. Il prétendait, lors des premières éditions de ses quatre romans, qu'il traduisait pour Vernon Sullivan. Ces détails sont importants puisque, dans le cadre des analyses qui seront faites en classe, on tentera de voir en quoi le roman à l’étude copie le style du roman noir américain.

iii. Le roman noir

Le roman noir est un type de roman policier qui rend compte des réalités sociales comme le crime organisé, le trafic de stupéfiants, la prostitution, bref le monde interlope qui, jusqu’alors, n’avait pas sa place dans le roman policier. Il est important d'en faire un bon portrait dans cette séquence, car les élèves seront amenés à prendre conscience du fait que Et on tuera tous les affreux est un pastiche du roman noir américain.

Activité 2 : L'appropriation

i. La manière de lire

Les cinq premiers chapitres du roman sont lus en classe par l'enseignant. C'est lors de cette lecture que l'enseignant doit faire figure de véritable expert. Il doit montrer aux élèves de quelle manière le roman doit être lu. Il doit s'arrêter plusieurs fois pour interroger les élèves sur différents points du roman. Autant pour expliquer une blague que pour faire remarquer une subtilité.

ii. L'appréciation

À la suite des cinq premiers chapitres, l'enseignant dirige une discussion générale sur l'appréciation du roman, sur les impressions des élèves. Voici des thèmes qui peuvent être abordés. Ils sont plus ou moins en lien avec les problématiques de ce travail : le type d'humour, le style de Rock Bailey (son apparence, sa personnalité), la suite des évènements.

Activité 3 : Le pastiche

 i. Le roman noir

Cette partie consiste à faire découvrir aux élèves le pastiche. Le fait de copier un écrivain, un style ou, comme ici, un genre. Il s'agira de présenter aux élèves des séquences ciblées de roman noir pour qu'ils fassent d'abord le lien entre les séquences et le roman à l'étude et ultimement en apprécier les différences subtiles, car ce sont ces différences qui font un pastiche de Et on tuera tous les affreux.

Activité 4 : La langue et le vocabulaire

i. Le registre familier et standard (les élèves auront besoin d'un dictionnaire pour cette activité)

À travers son roman, Vian saute souvent d'un registre de langue à l'autre. Il utilise un registre tantôt familier tantôt standard et même parfois soutenu. L'enseignant doit amener les élèves à constater du va-et-vient entre les niveaux de registre et en voir les effets. Le chapitre XVII se prête très bien à ce type de travail. L'enseignant lit d'abord à voix haute les quelques premières pages du chapitre en question. Il est important que l'enseignant insiste un peu sur les mots plus grossiers. Il demande ensuite aux élèves ce qu'ils pensent du vocabulaire employé dans ce chapitre et si certains mots leur étaient inconnus.

Après avoir répondu à ces questions, l'enseignant invite les élèves à se mettre en équipe. Les élèves doivent relever dans le chapitre XVII cinq mots du registre familier et dix mots d'un registre qu'ils jugent être plus élevé que standard. Les élèves doivent vérifier les mots dont ils ignorent la signification et les trier aussi. Une fois que cet exercice est complété, les élèves font part de leur classement à l'enseignant. L'enseignant demande alors aux élèves quel est l'effet de ce mélange de registres, quel est son apport au roman? Ce mélange est-il à l'image du roman? S’inscrit-il bien dans le pastiche?

ii. Le pianocktail

L'enseignant peut ensuite présenter le « pianocktail » de Boris Vian, il s'agit d'une invention qui sera faire sourire les élèves. À chaque note correspond un alcool, une liqueur ou un aromate qui tombe dans un verre et, suivant l'interprétation d'une pièce, le pianiste peut boire sa chanson.

Activité 5 : Atelier d'écriture

Dans cette activité, les élèves sont mis en situation d'écriture. Les élèves écriront en équipe de deux pour éveiller l'imagination.

La consigne de lecture sera la suivante :

À travers cette production, l'enseignant pourra constater les apprentissages des élèves.

Activité 6 : Réseau de texte

Le but de cette activité est de faire parler les élèves. Pour ce faire, l'enseignant invite les élèves à apporter en classe des œuvres qui pourraient être mises en lien avec Et on tuera tous les affreux. On veut construire un réseau de textes. Un autre des objectifs visés par cette séquence était de faire découvrir Boris Vian. L'enseignant peut donc présenter d'autres de ses œuvres comme ses chansons ou ses pièces de théâtre. Le goûter des généraux et L'équarrissage pour tous sont suggérés pour le théâtre et J'suis snob pour la chanson.

Bibliographie

DUFAYS, J.-L., GEMENNE, L. ET D. LEDUR (2005). Pour une lecture littéraire. Bruxelle : Éditions de Boeck Université, 370 p.

GIASSION, J. (1992). « Stratégie d’intervention en lecture : quatre modèles récents ». Dans Préfontaine et Lebrun (dir.). La lecture et l’écriture.

GOODIS, D., (1947). Cassidy’s girl. Alkik : Moisson rouge, 246 pages.

GOODIS, D., (1953). La lune dans le caniveau. Paris : Éditions Rivages, 234 pages.

SIMARD, C. (2010). Didactique du français langue première. Bruxelles : de Boeck.

VIAN, B. (1948). Et on tuera tous les affreux. Paris : Le livre de poche, 222 pages.