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Cyrano de Bergerac - héros romantique

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Cyrano de Bergerac - héros romantique
ROSTAND, Edmond
Par Aurélie Jobin


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Théâtre
Courant :
Siècle :
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Aurélie Jobin
Date du dépôt : Automne 2011


JUSTIFICATION DU CHOIX DE LA PIÈCE CYRANO DE BERGERAC, D’EDMOND ROSTAND


 Choisir une œuvre à faire lire dans le cadre d’un cours de littérature pose toujours un certain nombre de problèmes. Il faut considérer le niveau des étudiants, leurs intérêts, la richesse de l’œuvre et son exploitation potentielle dans un contexte de classe. Pour justifier le choix de la pièce culte d’Edmond Rostand, nous dirons qu’il s’agit d’une œuvre qui a peuplé l’imaginaire de nombreuses générations de jeunes esprits et de lecteurs expérimentés, et qu’elle continue d’alimenter les discussions, de donner lieu à des interprétations nouvelles et à des réécritures. Cette œuvre est d’une grande richesse thématique; elle explore une multitude de thèmes tels que l’honneur, l’amour, la camaraderie, l’esprit et le malheur (pour n’en nommer que quelques-uns). Ces thèmes ont toutes les chances de parler aux jeunes sensibilités et de susciter des questionnements, des réflexions et des réactions diverses de la part de lecteurs du niveau collégial. Cyrano de Bergerac peut être exploité dans un cours de littérature pour sa forme, pour la place que l’œuvre prend dans son époque ou encore pour les sujets universels dont il traite. Son étude se présente donc comme très pertinente dans le cadre du cours d’ensemble II (Littérature et écriture), dont la compétence à atteindre est d’ « analyser des textes littéraires de genres variés et de différentes époques », en ce sens que Cyrano de Bergerac nous permet d’explorer à la fois la période historique dans laquelle Rostand a écrit la pièce (XIXe siècle), et la période historique dans laquelle prend place la diégèse (XVIIe siècle). Cette œuvre se présente donc comme une occasion en or d’établir des liens de continuité et de rupture entre ces deux époques, tout en abordant des éléments formels particuliers au genre dramatique. 

 

De plus, le drame romantique représente un objet d’étude fascinant, où cohabitent tragédie et comédie, tel qu’Hugo l’énonce : « Que ferait le drame romantique ? Il broierait et mêlerait artistement ces deux espèces de plaisir. Il ferait passer à chaque instant l'auditoire du sérieux au rire, des excitations bouffonnes aux émotions déchirantes, du grave au doux, du plaisant au sévère. Car, ainsi que nous l'avons déjà établi, le drame, c'est le grotesque avec le sublime, l'âme sous le corps, c'est une tragédie sous une comédie. » (Hugo, LIX) Ce mélange des émotions et des registres pourra poser une certaine difficulté aux étudiants qui seront selon toute probabilité plus familiers avec des pièces appartenant clairement à la tragédie ou à la comédie. Ils devront s’ouvrir à une sensibilité mixte, embrasser cette ambivalence du discours qui sous-tend Cyrano de Bergerac et en fait une œuvre qui force une démarche d’assimilation chez le lecteur moins expérimenté.


Bien que l’œuvre, par sa complexité formelle (l’agencement des vers, la multitude des personnages et des intrigues, le langage d’un autre âge et très soutenu, le mélange des tons humoristique et tragique, etc.), puisse rebuter le lecteur novice, il apparaît que cette difficulté ne devrait pas freiner l’étude de Cyrano. Cette complexité devrait au contraire se présenter comme un tremplin plutôt qu’un obstacle pour l’étudiant, avec l’aide de l’enseignant : « C’est précisément parce qu’ils sont complexes que ces textes sont riches de potentialités formatrices. S’il est vrai qu’on ne saurait faire de la littérature le seul lieu de formation au savoir-lire, on admettra que les textes qui la composent, par leur diversité et leur polysémie, favorisent chez le lecteur l’épanouissement de compétences que ne mobilise pas nécessairement la lecture courante. » (Rouxel, 16) Les étudiants, au contact de la pièce, devront bien sûr effectuer un travail supplémentaire de défrichage avant d’être en mesure d’amorcer un réel travail d’interprétation, et c’est la tâche de l’enseignant que d’accompagner ce défrichage pour que certains problèmes complexes d’interprétation puissent être explorés par les étudiants.

 

L’APPROCHE-PROBLÈME

 

Les étudiants seront amenés à dépasser une interprétation simpliste de la pièce (Cyrano et Christian aiment Roxane, Cyrano aide Christian à conquérir Roxane, Christian meurt, etc.) en établissant des liens entre les évènements, les répliques, les descriptions, etc. et le contexte de production et l’esthétique littéraire dans lesquels s’inscrit Cyrano de Bergerac. Pour ce faire, ils devront surmonter plusieurs difficultés liées à la complexité formelle du texte pour être en mesure d’en arriver à une interprétation pertinente de l’œuvre. Pour répondre aux exigences, l’étudiant devra chercher à comprendre les motivations profondes des personnages et la signification de leurs actes, et ainsi dépasser le bête résumé. La présente séquence amènera les étudiants à surmonter certaines difficultés initiales liées à la lecture et les orientera vers des nœuds interprétatifs du texte. Le cœur du problème que nous pourrons amener les étudiants à comprendre est le refus de Cyrano d’atteindre ses buts, refus qui peut paraitre étrange, voire incompréhensible pour des lecteurs du XXIe siècle, et qui ne peut être expliqué sans un plongeon conjoint dans l’histoire littéraire et le texte. On rendra ainsi les notions théoriques indispensables pour la compréhension de cet aspect névralgique de l’intrigue de la pièce.

 

L’OBJECTIF FINAL

 

L’objectif de cette séquence est que les étudiants soient en mesure, au terme des séances accordées à l’étude de l’œuvre, de produire l’analyse écrite d’un extrait de la pièce en le situant efficacement dans son contexte textuel et en identifiant des figures du discours qui montrent en quoi l’appartenance de Cyrano au courant littéraire dont il est issu peut aider à expliquer certaines caractéristiques des personnages et de la scène à l’étude, dans le but d’aborder efficacement des aspects difficiles du texte. Ainsi, ils pourront démontrer qu’ils maitrisent tous les éléments de la compétence à acquérir. Pour ce faire, ils devront avoir intégré certaines notions :
-L’articulation du texte
-La nature des personnages, leurs motivations
-Les caractéristiques du courant romantique et du drame romantique
-Les particularités de l’époque classique retrouvées dans l’œuvre
-Le choix judicieux des citations afin d’aider à illustrer une idée pertinente

 

LA SÉQUENCE


Avant la lecture

 

Activité 1 (1h) : Visionnage du film (équivalent du premier acte) et discussion

Afin que les étudiants puissent plus facilement entrer dans l’œuvre malgré les difficultés que présentent les premières scènes (multitude des personnages interchangeables, discours entrecroisés, etc.) pour se concentrer plus aisément sur les éléments de l’intrigue qui importent, on leur présentera le début du film réalisé par Jean-Paul Rappeneau (dans lequel Gérard Depardieu incarne Cyrano). Ce visionnage pourra se faire au cours précédent la première séance complètement allouée à l’étude de Cyrano. Une fois l’équivalent du premier acte terminé, l’enseignant demande aux étudiants d’exprimer des impressions quant aux raisons qui peuvent pousser Cyrano de Bergerac à interdire la scène à l’acteur, et à interrompre la pièce, et que signifient les réactions des différents personnages. Cet échange permettra aux étudiants, qui n’ont pas encore lu l’œuvre et par conséquent ne connaissent pas les motivations profondes du personnage de Cyrano, d’émettre des hypothèses. Celles-ci pourront alimenter une certaine curiosité de leur part et faciliter leur entrée dans l’œuvre. Nous reviendrons à ces hypothèses une fois la lecture des deux premiers actes achevée à la maison.


À la suite de cette projection du film et des discussions qui auront suivi, l’enseignant demande aux étudiants d’effectuer à la maison la lecture des deux premiers actes, en leur spécifiant qu’au premier cours portant sur Cyrano de Bergerac, ils seront amenés à répondre, en petites équipes, à des questions qui nécessitent une bonne lecture préalable. Cette précision favorisera une lecture moins superficielle du texte et aidera les élèves à ne pas se retrouver démunis face à la tâche qui leur sera imposée. « Dans ce contexte de coopération, la pression des pairs incite les élèves à lire les œuvres et à participer aux tâches, sans qu’on ait besoin de tests de lecture. En tablant sur la socialisation, on encourage les compétences sociales des élèves, comme la direction et l’animation, souvent moins valorisées en classe de français que les habiletés plus intellectuelles. » (Richard, Lecavalier) En effet, comme on le verra dans l’activité 2, la discussion sera au rendez-vous et contribuera à développer de bonnes aptitudes de communication.

 

Pendant la lecture : Après la lecture des actes I et II

 

Cours 1

 

Activité 2 (2 heures): Atelier de discussion

 

Les étudiants se réuniront en petites équipes (entre 3 et 5) pour effectuer un retour sur la lecture des deux premiers actes de la pièce. On les confrontera au texte dans ce qu’il peut avoir de problématique, mais sans leur donner de pistes d’interprétation explicites. « Il s’agit d’amener les élèves à interpréter eux-mêmes l’œuvre lue, au lieu d’attendre que l’enseignant le fasse à leur place, et à lui trouver un sens non seulement intrinsèque, mais également basé sur leur expérience personnelle. » (Richard, Lecavalier). En petits groupes, ils devront d’eux-mêmes risquer des réponses, esquisser des interprétations, confronter des opinions divergentes, etc. Pour stimuler la discussion, l’enseignant fournira un certain nombre de questions, auxquelles ils devront chercher à répondre en se référant au texte :


- Votre lecture vous a-t-elle fait penser à d’autres textes que vous avez lus par le passé, ou encore à des films, émissions télévisées ou pièces de théâtre avec lesquels vous avez déjà été en contact? Pourquoi?
- Dans la pièce, quelles sont les réactions des différents personnages selon leur appartenance à différentes classes sociales (marquis, peuple, petite bourgeoisie, haute bourgeoisie, etc.)?
- Est-ce que Cyrano semble appartenir à l’une ou l’autre de ces classes? Avec qui entretient-il des liens?
- Quelles sont les raisons qui poussent Cyrano à interrompre ainsi la pièce de théâtre du premier acte? Que cela nous apprend-il sur le personnage de Cyrano, sur sa personnalité?
- Quel but poursuit Cyrano lors de la tirade du nez (Acte I, scène 4)? De qui se moque-t-il en se décrivant ainsi?


En opérant ainsi, l’enseignant s’assure qu’un premier travail s’effectue sur la lecture. La première question, plus simple et personnelle, aidera les étudiants à réaliser qu’ils ont ressenti, peut-être, des choses particulières à la lecture, qu’ils font déjà probablement des liens avec d’autres productions culturelles. En leur demandant d’expliciter le « pourquoi » des liens évoqués, les étudiants ressortiront d’emblée des éléments de la pièce à l’étude. Les autres questions sont pour la plupart assez complexes pour qu’on ait besoin de se référer à plusieurs passages du texte pour y répondre de manière satisfaisante. Les étudiants, pour tenter de répondre aux questions, devront formuler des hypothèses et les confronter aux idées de leurs collègues. « Cet échange permettra entre autres aux élèves de conceptualiser leurs intuitions, leurs pratiques et peut-être de détecter leurs difficultés éventuelles. Une rapide analyse collective du déroulement de ce premier exercice devrait mettre en évidence que lire, c’est tenir compte d’indices et lier ces différentes informations pour les intégrer dans un tout cohérent. » (Dufays, Gemenne, Ledur, 218-219) Les étudiants auront à discuter de ces questions en se référant à des passages précis du texte, en citant des vers et en les situant dans l’action (à la manière d’une récolte de preuves pour une analyse littéraire). La discussion contribuera à éclaircir des points qui auront peut-être été moins bien compris par certains étudiants et à construire une esquisse d’interprétation de l’action : « l'interprétation est […] toujours seconde par rapport à la compréhension et résulte d’une déception que le lecteur éprouve à propos de celle-ci. En contrôlant le schéma sémantique qu’il a bâti, il s’avise de son insuffisance, pressent que divers signes n’y ont pas été intégrés, bref qu’il faut poursuivre et approfondir la construction d’hypothèses. » (Dufays, Gemenne, Ledur, 117) Les étudiants seront donc amenés à construire leur compréhension d’abord à l’aide de leur équipe, puis à développer des esquisses d’interprétation en groupe.

On reviendra ensuite en plénière pour faire le bilan de ce qui ressort des discussions pour chacune des questions, afin que l’enseignant soit en mesure d’aider les étudiants à approfondir la compréhension qu’ils proposent, à confronter leurs idées à celles d’étudiants des autres groupes et, finalement, à départager les meilleures interprétations des moins valables, en considérant leur plausibilité et à quel point elles sont appuyées par le texte.

 

Cours 2


Activité 3 (1 heure) : Exposé théorique qui concerne l’époque classique

 

L’enseignant abordera, lors d’un exposé magistral ponctué d’interactions avec les étudiants, l’époque classique dans laquelle l’auteur situe son intrigue, en détaillant l’organisation sociale de l’époque, le mouvement de la préciosité, les valeurs sociales véhiculées, et toutes autres informations jugées contributoires à la compréhension de la pièce et des codes s’y retrouvant. Il pourra faire jouer des extraits du film Ridicule réalisé par Patrice Leconte ou encore de l’adaptation cinématographique des Précieuses ridicules de Molière pour illustrer le courant de la préciosité. Il pourra également montrer des peintures à composition classique (de la Renaissance) en y superposant les lignes de composition afin d’illustrer la complexité des règles et des normes que les artistes classiques (peintres comme dramaturges) s'imposent.

 

Activité 4 (1heure) : Lecture et analyse du portrait fait par Mme de la Fayette de Mme de Sévigné

 

L’enseignant demande aux étudiants de lire individuellement une photocopie du portrait de Mme de Sévigné en préface de son recueil de lettres en surlignant et notant en marge des éléments importants. Comme il s’agit ici non seulement du portrait d’une précieuse, mais bien aussi d’une production littéraire par une précieuse, les étudiants pourront à la fois saisir des informations plus factuelles que livrera le texte, tout en s’imprégnant du style caractéristique du micro-courant littéraire de la préciosité à son meilleur. La lecture des étudiants sera orientée par l’enseignant sur les qualités qui sont prêtées à une précieuse exemplaire telle que Mme de Sévigné et sur le style employé par Mme de la Fayette pour adresser les compliments contenus dans le portrait. Ainsi, les étudiants pourront se faire une idée du portrait que l’on pourrait faire de Roxane, que Rostand décrit explicitement comme une « fine précieuse » (Rostand, 52) en établissant des liens explicites. L’enseignant, lors du retour sur l’activité, pourra établir des parallèles entre le portrait de Mme de Sévigné et certaines caractéristiques de Roxane que l’on peut retrouver textuellement dans la pièce.


Cette activité s’inscrit dans une intention que les étudiants soient en mesure de bien comprendre les caractéristiques du personnage qui représente, pour Cyrano et Christian, l’objet d’un amour idéalisé et ardant, pour qu’ils puissent plus tard réutiliser ces notions dans une interprétation plus profonde des rapports entre les personnages, qui pourra éventuellement servir à leur analyse littéraire évaluée.

 

Cours 3


Activité 5 (1 heure) : Exposé théorique qui concerne le romantisme au XIXe siècle et le contexte de production de l’œuvre

 

L’enseignant, dans un exposé magistral ponctué d’interaction avec les étudiants, dresse un portrait du milieu social et culturel qui a vu naître l’œuvre de Rostand, en insistant sur les caractéristiques du courant romantique, du drame romantique et du héros romantique. Il peut le faire en convoquant des extraits de Cyrano de Bergerac ainsi que d’autres productions culturelles du XIXe siècle ou contemporaines (par exemple, la peinture « Voyageur contemplant une mer de nuages » par Friedrich Caspar David pour donner un ancrage visuel à la notion de lyrisme et « Spleen » de Charles Baudelaire pour donner un exemple concret de la forme que peut prendre le « mal du siècle » en poésie, des chansons de Pierre Lapointe et de Daniel Bélanger, pourraient ensuite illustrer le lyrisme tel qu’il est encore vécu dans les arts,). Avoir recours à des exemples plus récents pourra aider les étudiants à amarrer les nouvelles notions à des éléments déjà connus, à leur permettre de faire sens avec la matière plus aisément et plus durablement. Le but reste que les étudiants puissent faire appel aux notions vues en classe pour les réinvestir dans le travail qu’ils auront à effectuer sur l’œuvre.

 

Activité 6 (1 heure) : Atelier sur les traces du romantisme dans l’œuvre

 

Les étudiants doivent faire une lecture individuelle des vers 472 à 527 de la pièce en portant une attention particulière à toute réplique qui pourrait constituer la trace d’une caractéristique romantique (du romantisme en général, du héros romantique ou du drame romantique). Ainsi, ils pourront établir des liens entre les éléments vus en classe et l’œuvre à l’étude. Ils pourront concrètement voir en le personnage de Cyrano un réel héros romantique (avec ce que cela implique d’ambitions, de déceptions, de rejet des normes, etc.) Les étudiants peuvent ensuite comparer ce qu’ils ont tiré du texte en dyades, en argumentant lorsqu’il y a divergence d’opinions et en liant toujours les concepts vus en classe à des passages du texte.


Lors du retour en grand groupe, l’enseignant fera ressortir les principales caractéristiques se retrouvant dans le texte en poussant un peu plus loin la réflexion lorsque cela est possible et en exploitant les réponses que les étudiants seront en mesure de donner d’emblée. En les encourageant à développer leurs réponses en les appuyant explicitement par le contenu du cours et des vers précis, l’enseignant les aidera à préciser leur pensée et à apprendre à l’enrichir par des preuves concrètes, ce qui ne pourra que leur être utile lorsqu’ils auront à expliquer en quoi un procédé appuie une idée secondaire lors de leur analyse littéraire finale.

 

Après la lecture

 

Cours 4


Activité 7 : À la maison, lors de la lecture des actes 3, 4 et 5

 

On demande aux étudiants de cibler, lors de leur lecture, au moins deux passages qui leur ont posé problème, ou qui semblent pouvoir nécessiter davantage d’explications, et de formuler pour chacun d’eux une question (Pourquoi tel personnage agit-il ainsi? Quelle est réellement la relation entre tel et tel personnage? Qu’est-ce que le personnage veut dire dans cette réplique?, etc.).


En classe (2 heures) discussion sur les questions soulevées lors de la lecture


En groupes de 4 ou 5, les étudiants devront discuter des questions qu’ils ont soulevées lors de leur lecture en se référant aux passages problématiques. Ils devront en groupe tenter d’en arriver à des interprétations de l’histoire et à défaire les nœuds interprétatifs qu’ils ont identifiés de manière individuelle. Les étudiants devront ensuite relire la scène 10 du quatrième acte (où Christian meurt et Cyrano refuse d’avouer son amour à Roxane) et tenter de répondre à la question suivante : « Pourquoi, une fois que Christian a consenti à ce que Cyrano expose la situation à Roxane, ne le fait-il pas? Pourquoi n’essaie-t-il pas de prendre la place de Christian dans le cœur de Roxane, une fois son rival mort? » Pour ce faire, ils seront aussi invités à relire la scène 5 du premier acte et la scène du balcon, et devront se référer à certaines caractéristiques du héros romantique, qui auront été vues au cours précédent. Lors de l’activité, l’enseignant circulera pour amener à l’occasion les étudiants sur d’autres pistes de réflexion ou pour les pousser à creuser un élément particulièrement intéressant.

 

Cours 5


Activité 8 (1 heure) : Retour en classe animé par l’enseignant sur les passages difficiles et les explications qui auront émergé lors des entretiens en équipe.

 

L’enseignant confrontera au besoin les interprétations et établira des liens entre celles-ci et la matière vue sur le classicisme et le romantisme en classe. On abordera ensuite la question du panache de Cyrano, la tension qui existe en lui entre une énorme foi en ses moyens (au niveau du maniement de la langue et de l’épée), sa marginalité, son désir d’être aimé et son dégoût de lui-même. On fera émerger, grâce aux réponses ayant émergé du travail en petits groupes, quelques pistes de réflexion intéressantes et potentiellement réutilisables dans le cadre de l’analyse littéraire.

 

Activité 9 (1 heure) : Préparation à la rédaction

 

L’enseignant dévoile deux extraits (acte V, scène 6 ou acte III, scènes 13 et 14) parmi lesquels les étudiants peuvent choisir. L’enseignant peut à ce moment prendre le temps de faire lire l’extrait à haute voix par des étudiants volontaires, qui prendront les rôles des personnages présents dans l’extrait. Cet exercice peut aider à rendre l’extrait plus tangible pour les étudiants, à mieux saisir l’émotion qui devrait s’en dégager et à prendre le temps au moins une fois de prendre connaissance de l’extrait dans son ensemble, avant de se lancer à la recherche de preuves pour soutenir leur analyse.


Lorsqu’ils auront pu se familiariser avec les extraits à l’écoute de leur lecture, les étudiants seront plus en mesure d’en choisir un sur lequel faire porter leur analyse. L’enseignant laisse libre le reste du temps alloué à l’activité pour que les étudiants pensent au choix de l’extrait, les relisent au besoin et puissent, pour les plus rapides, amorcer la collecte des éléments textuels qui pourraient leur être utiles pour la rédaction et/ou amorcer la rédaction de leur plan d’analyse. On pourra fournir aux étudiants plus scrupuleux quant à la propreté de leur livre une photocopie de l’extrait choisi ou des deux extraits aux indécis, afin qu’ils puissent annoter comme il se doit le texte à analyser. L’enseignant précisera que la rédaction du plan pourra se terminer à la maison, et que les étudiants peuvent arriver préparés à leur rédaction (avec une feuille de notes et un plan terminé) pour le cours prochain.

 

Cours 6-7-8


Activité 10 (6 heures) : Rédaction de l’analyse littéraire

 

À l’aide du plan fait à la maison et de la pièce de théâtre, les étudiants pourront se lancer dans la rédaction de l’analyse d’approximativement 800 mots sans l’aide de l’enseignant.La séquence ainsi pensée devrait prendre place vers la fin du trimestre. Par contre, si un enseignant prévoyait l’utiliser en début de parcours, il serait sage d’incorporer davantage d’exemples de plans possibles pour la réalisation d’une analyse, en utilisant les extraits déjà vus en classe. De même, s’il s’agissait d’une première rédaction, l’enseignant pourrait offrir davantage d’aide individuelle pour les étudiants désirant faire valider leur plan, par exemple.

 

CONCLUSION


Cette séquence s’inscrit dans un désir de résoudre, avec des étudiants du niveau collégial, des problèmes d’interprétations, afin de passer outre une vision simpliste d’une œuvre aussi riche que Cyrano de Bergerac. Nous souhaitons que les activités proposées ici soient en mesure d’amener un peu plus loin les jeunes esprits qui peuplent nos classes sur le chemin qui mène à une lecture littéraire, en donnant la place qui revient aux hypothèses de lecture et au travail d’interprétation, premiers pas vers l’appréciation d’une œuvre. Bien que le but de cette séquence puisse paraitre terre-à-terre (que les étudiants puissent rédiger une analyse d’un extrait de la pièce), l’objectif plus profond se rapporte davantage à la mission des cours de littérature dans ce qu’elle a de plus général : former des lecteurs. Des lecteurs lucides, curieux, aventureux même, qui savent se lancer dans le texte l’esprit ouvert et le sens du jugement toujours actif, pour tirer d’une œuvre littéraire tout le sens qu’ils peuvent y trouver.

 

Médiagraphie

DAVID, Friedrich Caspar, « Voyageur contemplant une mer de nuages », Hambourg, 1818, huile sur toile, 98,4 cm x 78,8 cm.
DUFAYS, Jean-Louis, Louis Gemenne et Dominique Ledur, Pour une lecture littéraire, Bruxelles, De Boeck, 2005, 370 p.
HUGO, Victor, Cromwell : drame, Paris, Ambroise Dupont et Cie, librairies, 1828, 476 p.
JEMMETT, Dan, Les précieuses ridicules, d’après la pièce de Molière, 2008.
LA FAYETTE, Marie-Madeleine, dans Mme de Sévigné, Lettres choisies, Paris, Grenier frères, p. XV-XVI.
LECONTE, Patrice, Ridicule, 1996.
RICHARD, Suzanne et Jacques. Lecavalier, « Une démarche stratégique pour enseigner la littérature », dans Correspondance, vol. 14, no 3, 2006, [En ligne], http://www.ccdmd.
qc.ca/correspo/Corr14-3/Demarche.html
ROUXEL, Annie, « La littérature comme lieu de formation », dans Enseigner la lecture littéraire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1996, p. 15-38. 


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