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Le langue-à-langue des chiens de roche

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Le langue-à-langue des chiens de roche
DANIS, Daniel
Par Sarah Lessard


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Théâtre
Courant : Postmodernité
Siècle : 20e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Sarah Lessard
Date du dépôt : Automne 2004


Pertinence du texte choisi

Le langue-à-langue des chiens de roche, de Daniel Danis, est une pièce de théâtre sur les extrêmes du malheur et de l’amour, mettant en scène des personnages attachants et près de la réalité des jeunes adultes. C’est le style, l’écriture de Danis, qui fait en sorte que cette pièce sera un défi de taille pour l’étudiant, mais un beau défi si la progression de l’apprentissage est adéquate. Une telle pièce, originale et représentative de la postmodernité théâtrale au Québec, mérite bien d’être enseignée au collégial, dans le cadre du cours Littérature québécoise 601-103-04.

Problèmes et objectifs


Problème central : La complexité poétique du texte de Danis empêche l’identification du lecteur.

Problèmes contigus : - Pratiques théâtrales complexes depuis 1980
- Hermétisme de l’écriture de Danis

Comme la pièce permet peu l’identification du lecteur à cause de sa complexité, le travail de l’enseignant sera d’offrir des outils à l’étudiant pour lui permettre de développer les compétences nécessaires à l’appréciation du texte. À la fin de la séquence, l’étudiant devrait être en mesure de :
- comprendre les mécanismes du texte de Danis ;
- apprécier le texte en se créant un espace subjectif à l’intérieur de celui-ci ;
- utiliser ses acquis dans une création (réécriture) qui montre sa capacité à s’approprier un texte d’une manière originale et intellectualisée.

Il est important d’avoir en tête ce projet final, aboutissement des apprentissages : il s’agit de la réécriture, en équipe, d’une ou deux vagues1 de la pièce (au choix), en tenant compte des contraintes définies par l’enseignant au cinquième cours. Ces créations seront ensuite jouées en classe.

Déroulement de la séquence

Avant la lecture (cours 1 et 2) :

Le début de la séquence est consacré à l’exploration du paratexte et à un peu de théorie sur les diverses parties de l’objet livre. L’enseignant et les étudiants procèdent, ensemble, à l’élaboration d’un schéma qui représente les personnages et les lieux qui leur sont attribués. Ensuite, l’enseignant, avec l’aide de quelques étudiants, procède à la lecture à voix haute des deux premières vagues de la pièce. Cette étape est en fait la création du conflit cognitif, et le reste de la période est consacré à la découverte du problème par les étudiants. Ils peuvent identifier, en sous-groupes, les éléments auxquels ils devront être plus attentifs lors de la lecture. Par la suite, une mise en commun en plénière permet l’élaboration d’une grille de lecture qu’ils auront à remplir tout au long de la session et qu’ils remettront avec le projet final. La fin du cours est consacrée à l’enseignement de certaines notions socioculturelles (1980 à aujourd’hui) : il s’agit d’une période de lent renouveau qui privilégie le thème de l’intériorité, le refus du réalisme et la complexité. Cette partie est une brève introduction à la postmodernité, qui sera explicitée, par des exemples, au cours suivant.

L’objectif de la deuxième période est de donner aux étudiants des outils théoriques pour simplifier la lecture de la pièce. L’ensemble de la séance est consacré à l’apprentissage coopératif : l’enseignant distribue à chaque équipe (quatre ou cinq personnes) des fiches décrivant certaines pratiques représentatives du théâtre postmoderne et des extraits2 permettant d’illustrer ces pratiques. Les étudiants tentent donc de comprendre la théorie et l’application de ces bouleversements formels et thématiques, dans le but d’en faire part aux autres équipes dans une mise en commun suivant la lecture des extraits. Le cours se termine sur la présentation vidéo d’un extrait de Cabaret neiges noires3, de Dominic Champagne, qui regroupe plusieurs des pratiques vues pendant le cours et qui permet à l’enseignant de présenter certaines des particularités des nouvelles écritures scéniques.

Pendant la lecture (cours 3 et 4) :

Ce n’est qu’à cette étape que la pièce de Danis est placée au centre des apprentissages (les étudiants doivent avoir lu la première moitié du texte). Au début du cours, l’enseignant explique aux étudiants les similitudes et les différences du théâtre de Danis avec les notions vues au dernier cours. Les objectifs de la séance sont d’éclairer certains éléments du monde représenté par Danis qui peuvent entraver la lecture, pour être en mesure, à la fin du cours, d’extraire le contenu du cadre poétique et ainsi de mieux comprendre la progression de l’intrigue pour la deuxième moitié de la lecture. Après une période de questions surtout factuelles, l’enseignant montre l’inscription des personnages, très réalistes et faciles à comprendre pour les étudiants, dans l’espace, celui-ci étant très symbolique. Le cours se termine par un exercice de comparaison entre un extrait de la pièce (neuvième vague) et un extrait de Cendres de cailloux4 (p. 92-93), qui illustrent tous deux cette récurrence de la symbolique de la terre comme lieu de rencontre.

C’est pour le quatrième cours que les élèves doivent avoir lu en entier la pièce de Danis. La séance sera consacrée à divers apprentissages qui devraient les aider à passer outre les difficultés de langage de la pièce. Après une brève introduction qui explique certaines difficultés de l’écriture de Danis comme les didascalies ou comme l’expression « je te parole », l’enseignant prépare un exercice de comparaison à propos des néologismes, où les équipes doivent tenter de distinguer différents types de néologismes5. Après un bref retour plus théorique pour s’assurer que ces concepts sont bien maîtrisés, les étudiants sont tout de suite mis en situation d’écriture créative de néologismes, qui seront évalués par les pairs et retravaillés à la maison en vue de les utiliser pour le projet final.

Après la lecture (cours 5 à 8)

Voici l’étape du projet complexe d’écriture, de jeu et de réflexion métacognitive. L’activité devrait permettre à l’étudiant de voir plus clairement les similitudes entre l’univers de Danis et le sien. La période cinq est surtout consacrée à la préparation à l’écriture : formation des équipes, explication de quelques notions d’écriture et de mise en scène et explication des contraintes communes (placer la scène dans le quartier Saint-Roch6, utiliser des néologismes dans le style de Danis et utiliser l’expression « j’te parle »). Ce n’est que lorsque tous ces éléments sont bien clairs que le processus d’écriture peut commencer.

L’ensemble de la période six sert à la poursuite de l’écriture, à l’évaluation par les pairs et à la réécriture, la mise en scène étant travaillée en dehors des heures de cours. C’est au cours des périodes sept et huit qu’ont lieu les présentations et la remise du document d’accompagnement qui consiste en une réflexion simple, mais complète, sur les choix d’écriture et de mise en scène. L’évaluation suggérée serait donc partagée entre la prestation (sérieux et application, originalité, qualité de la création et de la présentation, respect des consignes, etc.) et le document écrit, sans négliger une section relevant de la cohérence entre les deux.

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1 La pièce de Danis n’est pas divisée en scènes, mais bien en trente-deux vagues.
2 Quelques exemples : Jeux de miroir : Provincetown Playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans, de Normand Chaurette ; Métathéâtre : Les Feluettes, de Michel-Marc Bouchard ou J’écrirai bientôt une pièce sur les nègres…, de Jean-François Caron ; Monologue et Narration : Cabaret neiges noires, de Dominic Champagne et al. ; Introspection : Littoral, de Wajdi Mouawad ou Cendres de cailloux, de Daniel Danis ; Intertextualité : Vie et mort du roi boiteux, de Jean-Pierre Ronfard ; Métissage : Cabaret neiges noires, de Dominic Champagne et al. ou Vie et mort du roi boiteux, de Jean-Pierre Ronfard. On peut utiliser plusieurs autres extraits pertinents et d’autres pratiques.
3 Réalisation de Raymond Saint-Jean, 1997.
4 Daniel Danis, Cendres de Cailloux, Montréal et Paris, Leméac éditeur et Actes sud, 2000 (1992), 122 pages.
5 On peut penser à des extraits d’auteurs comme Réjean Ducharme, Gaston Miron, Claude Gauvreau et, bien sûr, Daniel Danis.
6 Daniel Danis a lui-même mentionné, lors d’une entrevue, qu’il avait d’abord écrit la pièce dans cet environnement.


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