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Contes réalistes et contes fantastiques

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Contes réalistes et contes fantastiques
MAUPASSANT, Guy de
Par Catherine Gingras


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Contes et récits
Courant :
Siècle :
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Catherine Gingras
Date du dépôt : Hiver 2012


 

POURQUOI ÉTUDIER MAUPASSANT?

Aborder les Contes réalistes et contes fantastiques1 de Maupassant dans le cours « Littérature et imaginaire » au collégial s’avère un choix judicieux. Dans ce recueil où l’imaginaire est indissociable de la littérature, les représentations du monde, élément-clé de la compétence de ce deuxième cours de français, semblent toujours actuelles pour le lecteur. D’ailleurs, l’œuvre, qui s’inscrit dans deux courants qui ont nettement marqué le XIXe siècle, foisonne de situations à analyser et suscite généralement l’intérêt des étudiants. En effet, l’ironie est une forme d’humour qu’aiment particulièrement les étudiants, et le fantastique alimente encore aujourd’hui l’univers de nombreux cinéastes et auteurs. Quoique les situations réalistes des contes de Maupassant soient éloignées de celles des jeunes d’aujourd’hui, les thèmes de son œuvre sont universels : l’hypocrisie, les inégalités sociales, le doute et la peur rejoignent une grande quantité d’individus.

 

Pour l’enseignant soucieux de respecter un fil conducteur pertinent, l’hypocrisie que dénonce Maupassant permettrait d’observer différentes facettes du monde dans la littérature de 1850 à aujourd’hui2. En effet, la littérature du XXe siècle en France et au Québec est nettement marquée de personnages menteurs et avares. Ainsi, l’enseignant pourrait aborder les contes de Maupassant en début de session. Si l’étude de ce recueil s’avère pertinente en ce qui concerne les différents thèmes et la critique de la société, elle permet également à l’enseignant d’observer les habiletés d’analyse de ses étudiants par la rédaction d’une dissertation qui traduit leur compréhension et leur appropriation des textes.

 

 

L’IRONIE ET LE DOUTE COMME OBSTACLES

Bien que la lecture des contes de Maupassant ne pose généralement aucun problème aux étudiants et que leur compréhension semble tout à fait juste, l’ironie de l’auteur ne les atteint pas tous. Présente surtout dans les deux contes réalistes du recueil, l’ironie jette un regard nouveau sur la société. Si les étudiants comprennent l’essentiel de l’histoire, mais qu’ils ne perçoivent pas cette forme d’humour, ils ne peuvent pas déceler les opinions qu’émet l’auteur dans ses écrits. Les connaissances socioculturelles des lecteurs sont mises à l’épreuve : les étudiants doivent connaitre les enjeux de la guerre franco-prussienne, mais également tout le contexte du XIXe siècle pour être en mesure de saisir toutes les subtilités du texte. Par ailleurs, les personnages des deux contes réalistes caricaturant les différentes classes sociales de l’époque, la compréhension des caractères physiques et psychologiques des personnages mène à une analyse plus poussée et plus fine de l’œuvre. En effet, puisque les personnages demeurent très typés, leur description permet aux étudiants de bien les situer et de saisir l’ironie de l’auteur.

 

Les contes fantastiques de Maupassant, qui poussent à l’extrême les caractéristiques du réalisme pour semer le doute à propos des personnages, posent également un problème de compréhension chez les étudiants. Si l’ambigüité et la peur priment dans ce genre de conte, les étudiants doivent toutefois maitriser la forme du texte pour bien en saisir l’importance : les procédés stylistiques qu’utilise l’auteur traduisent généralement le doute chez les personnages. C’est effectivement la façon dont écrit Maupassant qui permet à l’étudiant de percevoir la folie grandissante du personnage dans « Le Horla ». Par ailleurs, le courant fantastique a inspiré de nombreux auteurs et cinéastes de sorte que plusieurs genres sont associés au fantastique aujourd’hui. Si les étudiants doivent maitriser ce courant, ils doivent également comprendre les différences qui imposent une limite entre le fantastique, la fantasy et la science-fiction. Bref, la connaissance du courant fantastique est primordiale pour les étudiants qui souhaitent analyser « Le Horla3 ».

 

Au terme des cours de la séquence, les étudiants devront rédiger une dissertation explicative qui traduira leur compréhension du courant réaliste ou du courant fantastique. Ils devront ainsi :

 

1. Connaitre le contexte socioculturel du XIXe siècle et percevoir les enjeux de la guerre franco-prussienne.

2. Cerner les caractéristiques des courants réaliste et fantastique et les reconnaitre dans les textes de Maupassant.

3. Peindre le caractère des personnages principaux des deux contes réalistes afin de déceler la critique qu’émet l’auteur.

4. Appréhender la forme du texte et prouver la pertinence des procédés littéraires dans la compréhension du récit.

5. Illustrer leur solide maitrise des contes de Maupassant par la rédaction d’une dissertation explicative.

 

 

LE DÉROULEMENT DE LA SÉQUENCE

Les activités, qui se déroulent sur une période de huit cours de 100 minutes, visent principalement la compréhension approfondie des étudiants de sorte qu’ils soient en mesure de rédiger une dissertation qui traduit leur bonne maitrise des contes. Cette dissertation se concentrera sur les contes « Boule de Suif » et « Le Horla ». Les étudiants devront tout de même lire « La Parure », puisque ce conte servira d’exemple pour la dissertation.

 

 

AVANT LA LECTURE DE « BOULE DE SUIF »

 

Activité 1 – Qu’est-ce que le conte? (30 minutes)

Le conte d’aujourd’hui n’étant plus ce qu’il était, il importe que l’enseignant jette une bonne base sur les notions de conte et de nouvelle. Comme activité d’amorce, il invite les étudiants à expliquer, selon eux, ce qu’est un conte. Il peut également s’inspirer d’histoires et de contes connus de tous afin de faire remarquer des particularités qui échappent aux étudiants. Par exemple, l’enseignant peut questionner ses étudiants sur la différence entre le conte « Le Chat botté » et le conte « La Parure ». Si les étudiants perçoivent certaines divergences, ils ne comprennent toutefois pas pourquoi on parle de conte dans les deux cas… Canvat associe cette étape à celle de « l’exemple oui, mais » : « l’élève retient au départ un attribut de la notion, puis un autre, élimine un attribut qu’il avait cru pertinent, mais qu’il ne retrouve pas dans un autre exemple, vérifie le bien-fondé de ses choix grâce aux contre-exemples, affine de plus en plus sa réflexion, jusqu’au moment où il est en mesure de formuler la définition de la notion dans l’extension de tous ses attributs.4 » Enfin, au moyen d’une présentation PowerPoint, l’enseignant confirme les hypothèses de ses étudiants et distingue la nouvelle du conte en indiquant les caractéristiques propres à chacun des genres.

 

Activité 2 – « La Parure » (70 minutes)

Puisque cette séquence s’insère au début de la session, l’enseignant doit expliquer aux étudiants ce qu’il attend d’eux. La majorité des étudiants n’ayant jamais écrit de dissertation explicative, il importe que l’enseignant s’y attarde. Ainsi, les étudiants devront avoir lu le conte « La Parure » afin de réaliser les différentes activités qui leur permettront de maitriser cette forme.

 

Afin de s’assurer de la bonne compréhension de la nouvelle, l’enseignant pose quelques questions qui servent à pousser la réflexion de ses étudiants.

 

a. Pourquoi l’auteur explique-t-il que les femmes « n’ont point de caste, ni de race »? En quoi cette phrase est-elle importante pour la compréhension du conte?
b. Quel est le nom de la rue où habitent les Loisel? Expliquez en quoi le choix de ce nom est symbolique dans la nouvelle.
c. Relevez les différents champs lexicaux dans l’extrait du bal (du début à la fin de la soirée) et montrez en quoi ils traduisent les sentiments de Mathilde.
d. Selon vous, quelle est la symbolique des escaliers à la fin de la scène du bal?

 

L’enseignant demande aux étudiants de formuler des hypothèses selon leur lecture. « Cette stimulation des processus de lecture requiert surtout qu’on cesse de considérer la lecture comme l’observation passive d’un tout donné ou comme le décodage fidèle d’un prétendu programme textuel pour s’intéresser à son fonctionnement réel.5 » Cette étape vise alors à faire discuter les étudiants sur leurs suppositions et sur ce qu’ils ont compris du conte. Nul ne peut rédiger une dissertation sans d’abord comprendre le sens du texte qu’il analyse.

 

Par la suite, les étudiants sont soumis à une situation de rédaction : l’enseignant leur propose un sujet sur « La Parure » (montrez que le désir de bien paraitre entraine la perte des personnages) et leur demande de trouver deux idées principales qui figureraient dans une dissertation. L’enseignant aura préalablement préparé deux dissertations sur ce sujet (l’une qui peut être proposée comme modèle et l’autre qui sert de contrexemple). Une fois leurs idées trouvées, les étudiants doivent lire les deux dissertations, trouver les éléments principaux d’une dissertation (sujet amené, sujet posé, sujet divisé, idées principales, etc.) et justifier les raisons pour lesquelles le contrexemple est, justement, un contrexemple.

 

 

APRÈS LA LECTURE DE « BOULE DE SUIF »

 

Activité 3 – Le contexte sociohistorique et le réalisme (50 minutes)

Le début du conte de Maupassant peut dérouter les lecteurs du collégial : la description très détaillée des armées française et prussienne et la longue mise en situation s’éloignent de leur réalité… La connaissance du contexte sociohistorique du XIXe siècle s’avère capitale dans la compréhension du conte (toute l’ironie de Maupassant est exprimée dans le contexte). L’enseignant demande donc aux étudiants de faire un exercice d’association : à chaque régime politique doivent être associés les courants littéraires les plus populaires, les dirigeants du pays, les situations économiques, etc. Le but de cette activité vise à réactualiser les connaissances antérieures des étudiants et à les inviter à relever un défi, puisque la majorité d’entre eux ne connait pas parfaitement l’histoire de la France. Et « si la tâche n’offre aucun défi à l’élève, elle peut lui apparaitre comme peu importante.6 » D’ailleurs, les étudiants n’auront aucun corrigé de cet exercice : les réponses leur seront données par l’entremise d’une présentation PowerPoint. Ainsi, ils doivent écouter le cours et prendre des notes pendant que l’enseignant donne un exposé magistral informel7. Dans cet exposé, l’enseignant doit également parler du réalisme, puisque « Boule de Suif » s’inscrit dans ce courant littéraire.

 

Activité 4 – L’ironie et le narrateur omniscient (15 minutes)

Même si le conte s’inscrit dans le réalisme et qu’il devrait être « objectif » dans ses descriptions, ce n’est pas le cas. Par diverses questions, l’enseignant amène les étudiants à comprendre l’ironie de Maupassant : Qui est le narrateur dans le récit? Pourquoi l’auteur a-t-il choisi un narrateur omniscient, s’il n’est pas objectif? Pourquoi vous attachez-vous davantage au personnage de Boule de Suif qu’à celui du comte de Bréville? Quelle est l’ironie dans les descriptions des personnages? Quelle est l’ironie de la nouvelle?

 

Activité 5 – Les personnages (35 minutes)

La compréhension des personnages étant capitale, l’enseignant regroupe ses étudiants en équipes de quatre personnes. Chaque équipe doit analyser un couple de personnages (les Bréville, les Carré-Lamadon, les Loiseau, les religieuses et Boule de Suif et Cornudet) : les étudiants doivent décrire les personnages psychologiquement et physiquement. Selon Aylwin, « l'apprentissage est un phénomène d'ordre essentiellement social, où l'interaction avec autrui est nécessaire pour obtenir l'information, pour la transformer, pour la valider, pour l'utiliser et la transmettre; il faut donc insister sur le fait que l'écoute individuelle, silencieuse et passive n'est pas naturelle; c'est le dialogue, la confrontation des points de vue et le partage qui sont naturels et qui aident les élèves à renouveler constamment leur motivation.8» Source de motivation, ce travail d’équipe permet aux étudiants de confronter leurs observations. Ensuite, une fois les caractéristiques ressorties, ils doivent trouver un personnage de livre ou de film ou une personnalité connue qui ressemble à un des deux personnages qu’ils ont analysés. Cette étape vise la compréhension des étudiants : non seulement ils dressent le portrait du couple, mais ils s’assurent également une excellente compréhension en créant des liens avec des personnages qu’ils connaissent déjà. « L’élève apprend ainsi à transférer ses connaissances d’une situation à une autre.9 » De cette façon, également, ils perçoivent davantage l’hypocrisie des personnages et l’ironie dont Maupassant fait preuve dans ses descriptions.

 

Activité 6 – Les personnages et l’ironie de Maupassant (50 minutes)

Cette activité se déroule normalement dans la première moitié d’un cours de 100 minutes. Comme activité d’amorce, l’enseignant relate un fait divers qui pourrait ressembler à la situation dans « Boule de Suif ». L’hypocrisie étant un défaut encore bien présent dans notre société, il est assez simple de trouver des exemples pertinents au cours… Cette entrée en matière a pour but de faire comprendre aux étudiants que ce qu’a écrit Maupassant il y a plus de 100 ans est encore très actuel.

 

Ensuite, puisque chaque équipe n’aura analysé qu’un seul couple de personnages, l’enseignant demande aux membres des équipes de se regrouper et « d’enseigner » à leurs collègues ce qu’ils auront analysé. L’enseignant joue donc un rôle de guide alors que les autres étudiants sont actifs dans leur apprentissage. En effet, « traditionnellement, l’élève était considéré comme un “vase vide” et on tenait pour acquis que l’enseignant possédait les connaissances et devait les transvaser dans la tête de l’apprenant. Maintenant, on conçoit l’élève comme un “apprenti” qui cherche du sens dans ce qu’il fait.10 » En partageant leurs observations, les étudiants contribuent à la réussite de leurs collègues, puisque chacun apporte un élément important dans l’histoire.

 

Par la suite, l’enseignant pose différentes questions qui allient l’ironie, la description des personnages et le contexte sociohistorique du XIXe siècle. Ces questions forment ainsi la synthèse sur « Boule de Suif » et permettent aux étudiants de discuter de certains détails et d’approfondir leur compréhension des raisons qui motivent les personnages à agir de la sorte. Ces questions se répondraient en plénière :

 

a. Pourquoi le comte n’est-il pas bonapartiste, mais plutôt orléaniste?
b. Pourquoi surnomme-t-on Cornudet « le démoc  ? En quoi cette appellation le distingue-t-elle de Boule de Suif, qui est pourtant une personne du peuple, comme lui?

c. Quel est le véritable nom de Boule de Suif? En quoi est-il en lien avec Cornudet?

 

Évidemment, beaucoup d’étudiants risquent de poser d’autres questions, et l’enseignant doit toujours agir comme guide dans la discussion.

 

 

AVANT LA LECTURE DU « HORLA »

 

Activité 7 – Qu’est-ce que le fantastique? (50 minutes)

Dans la seconde moitié de cours, l’enseignant débute par une brève explication sur le lien implicite entre le réalisme et le fantastique : il s’assure que les étudiants comprennent que le fantastique est le prolongement, ou un courant poussé à l’extrême, du réalisme. Puis, il fait écouter la chanson Descendus au chantier du groupe Mes Aïeux11. Cette chanson, qui relate la Chasse-Galerie de façon moderne, présente quelques caractéristiques du fantastique que les étudiants connaissent généralement bien. Pourtant, plusieurs d’entre eux ne peuvent différencier la science-fiction, la fantasy (ou le merveilleux) et le fantastique. C’est la raison pour laquelle l’enseignant présente un court PowerPoint qui précise les caractéristiques de ces trois genres, mais également les origines du fantastique. À l’aide de films (Les autres12, Le magicien d’Oz13 et 2001 : L’Odyssée de l’espace14), l’enseignant peut faire appel aux connaissances antérieures des étudiants afin qu’ils distinguent les genres. « Les jeunes peuvent ainsi poser un regard critique sur le cinéma, sur ses manières d’expression et ses contenus, et faire des liens avec ceux de l’œuvre littéraire.15 » Dans ce cas-ci, ils peuvent établir un lien entre les caractéristiques du fantastique, de la fantasy et de la science-fiction grâce aux films en exemple.

 

C’est d’ailleurs dans cette optique cinématographique que l’enseignant poursuit son cours : il fournit une liste de 18 films (six pour chacun des genres) à classer. Les étudiants, en équipe de quatre personnes, doivent justifier leur choix et trouver trois autres films qui appartiendraient au fantastique, à la fantasy ou à la science-fiction. Si cette activité semble ludique pour les étudiants, elle fait office de synthèse et leur inculque un savoir. En effet, la culture première (ici la liste de films, une culture « assimilée sans effort au gré de nos interactions16 ») bâtit la culture seconde des étudiants (ici les connaissances sur le fantastique, c’est-à-dire le « renversement, [la] “reprise en charge” [de la culture première] pour en donner des significations plus explicites17 »). Enfin, l’enseignant effectue un retour en plénière et discute des choix des étudiants.

 

 

APRÈS LA LECTURE DU « HORLA »

 

Activité 8 – La dualité dans le conte (30 minutes)

Si les thématiques du « Horla » rejoignent plus facilement les étudiants, le doute et la peur présents dans le journal d’écriture du narrateur se perçoivent plus difficilement. En effet, ce sont les procédés d’écriture du narrateur (donc de Maupassant) qui trahissent les sentiments du personnage et qui illustrent la dualité dans le texte. Il importe que l’enseignant le fasse remarquer à ses étudiants. Pour ce faire, il propose un petit exercice à faire en équipe de deux personnes. Cet exercice vise leur prise de conscience quant à la façon d’écrire de Maupassant :

 

a. Durant les évènements du 6 et du 7 aout, le narrateur est-il certain d’être fou? Doute-t-il de ce qu’il voit? Expliquez l’incohérence dans le récit du personnage.
b. Qu’y a-t-il de particulier dans les deux entrées du 19 aout? Trouvez un élément qui montre l’incohérence du personnage et expliquez en quoi cela peut prouver qu’il perd la tête.
c. Le Horla existe-t-il réellement?

 

Durant la correction, l’enseignant s’assure que les étudiants comprennent bien l’idée de doute et de lucidité et qu’ils voient que les procédés stylistiques de l’auteur renforcent l’incohérence du personnage.

 

Activité 9 – Le film Les autres (20 minutes)

Le film fantastique Les autres, bien qu’il ne montre pas en images le conte du « Horla », ressemble étrangement à la nouvelle de Maupassant. Les différentes caractéristiques du fantastique déjà présentes chez Maupassant sont les mêmes dans l’œuvre cinématographique. L’enseignant présente donc trois extraits18 du film afin de « permettre l’identification et l’appropriation des codes et des éléments spécifiques et non spécifiques qui font naitre les récits écrits et filmiques d’une histoire.19 » Les étudiants peuvent ainsi mettre en image les différents éléments qui définissent le fantastique.

 

Activité 10 – La courte nouvelle fantastique (50 minutes)

Afin de faire place à un peu de créativité, l’enseignant demande à ses étudiants d’écrire une courte nouvelle fantastique, à remettre pour le cours suivant, dans laquelle le surnaturel côtoie le réel et dans laquelle la peur est bien présente. Selon Paré, « l'écriture est avant tout un instrument de création, d'exploration et d'émergence. Avant d'être un produit, c'est un processus, grâce auquel chacun de nous peut entrer en contact avec son expérience de la réalité, sa compréhension des évènements, sa relation à l'univers.20 » Bref, l’écriture de la nouvelle permet aux étudiants de lier leur réalité à une situation fantastique. Concrètement, ils appliquent des procédés stylistiques afin d’intégrer des notions qu’ils ont vues et qu’ils doivent comprendre et maitriser. Ce jeu d’écriture se veut la synthèse du fantastique, puisque les étudiants intègrent les concepts fondamentaux de ce courant littéraire.

 

 

AVANT LA RÉDACTION DE LA DISSERTATION

 

Activité 11 – L’examen formatif et les critères de correction (100 minutes)

Cette période s’avère primordiale pour les étudiants : il s’agit du moment où ils sont concrètement soumis à une évaluation qui ressemble à celle qu’ils auront à faire durant les trois prochains cours. « Dans la démarche d'apprentissage, cela suppose que l'élève est appelé à contrôler, avec l'aide du professeur, chaque étape de son travail, et à corriger, au fur et à mesure, les lacunes constatées.21 » L’enseignant présente donc sa grille de correction et précise les éléments pertinents pour la rédaction de l’analyse. Il laisse ensuite les étudiants rédiger un plan pour chacun des deux sujets suivants (tout en les guidant en pointant les bons et les moins bons coups).

 

a. Dans « Boule de Suif », montrez que les personnages sont conformes du début à la fin de la nouvelle.

 

b. Montrez que « Le Horla » est une nouvelle fantastique.

 

 

L’ÉVALUATION

 

L’enseignant réserve trois périodes de 100 minutes chacune afin de laisser ses étudiants rédiger leur dissertation. Ils disposent ainsi d’une période réservée à la rédaction de leur plan et de deux périodes pour la rédaction. Au terme de ces heures, l’enseignant évaluera le travail de ses étudiants à l’aide de sa grille de correction.

 

Deux sujets (un par conte à l’évaluation) sont donnés aux étudiants en début d’évaluation :

 

a. Montrez que l’hypocrisie sociale mène au sacrifice de Boule de Suif.

 

b. La question de la folie ou de la lucidité n’est pas résolue dans « Le Horla ». Expliquez.

 

Les étudiants peuvent choisir celui qu’ils préfèrent.

 

 

NOTES

1. Maupassant, G. (1999). Contes réalistes et contes fantastiques. Étude de l’œuvre par Josée Bonneville. Montréal : Beauchemin.

2. Selon le devis ministériel, les œuvres qui peuvent être au programme du deuxième cours de français doivent être des œuvres de 1850 à aujourd’hui. [MELS. (2012). Formation générale commune, propre et complémentaire aux programmes d’études conduisant au diplôme d’études collégiales. Repéré à
http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/publications/Ens_Sup/Affaires_universitaires_collegiales/Ens_collegial/FormGenComPropreComplProgEtudesCondDEC_2011_f.pdf].

3. Nous ne nous attarderons pas au conte « La Main » dans cette séquence. L’enseignant peut toutefois suggérer à ses étudiants de le lire pour l’utiliser comme sujet amené ou comme ouverture dans sa dissertation.

4. Canvat, K. (1999). Enseigner la littérature par les genres. Bruxelles : De Boeck, Duculot. p. 137.

5. Dufays, J.-L. Gemenne, L. Ledur, D. (1996). Pour une lecture littéraire 1. Bruxelles : De Boeck et Larcier. p. 174.

6. Barbeau, D. Montini, A. Roy, C. (octobre 1997). Comment favoriser la motivation scolaire. Pédagogie collégiale. 11(1). p. 11.

7. Il ne s’agit pas ici de faire un récit exhaustif des évènements qui ont marqué la France durant ce siècle, mais plutôt d’en faire un survol (en se concentrant sur les enjeux de la guerre franco-prussienne) afin que les étudiants aient une bonne idée de ce dont Maupassant parle dans ses nouvelles.

8. Aylwin, U. (mars 1994). Le travail en équipe : pourquoi et comment?. Pédagogie collégiale. 7(3). p. 29.

9. Barbeau, D. Montini, A. Roy, C. (octobre 1997). Op. cit. p. 10.

10. Giasson, J. (1990). La compréhension en lecture. Boucherville : Gaëtan Morin. p. 27.

11. Mes Aïeux. (2000). Descendus au chantier. Ça parle au diable! [disque]. Montréal : Victoire.

12. Amenábar, A. (2001). Les autres [film]. États-Unis, Espagne : Cruise/Wagner Productions.

13. Fleming, V. (1939). Le magicien d’Oz [film]. États-Unis : MGM.

14. Kubrick, S. (1968). 2001: L’Odyssée de l’espace [film]. États-Unis : MGM.

15. Lacelle, N. (2006). L’intégration du film dans une approche culturelle de l’enseignement de l’œuvre littéraire. A.-M. Boucher et A. Piolte. [Dir]. La culture en classe de français. Québec : Publications Québec français. p. 43.

16. Falardeau, E. Simard, D. (2011). La culture dans la classe de français. Témoignages d’enseignants. Québec : Presses de l’Université Laval. p. 4.

17. Idem

18.  Il y a beaucoup de scènes qui ressemblent à celles du « Horla », mais nous avons choisi celle où le piano joue seul même s’il est verrouillé (pour faire référence l’épisode du miroir), celle où la petite fille est « possédée » par une vieille dame (pour faire référence à la scène de la rose qui flotte dans les airs) et celle où les rideaux disparaissent durant la nuit (pour faire référence à la scène de la carafe d’eau).

19. Lacelle, N. (2006). Op. cit. p. 43.

20. A. Paré cité dans Ménard, L. (décembre 1990). Et si écrire rimait avec plaisir? ou l’apprentissage de l’écriture, revu et corrigé. Pédagogie collégiale. 4(2). p. 16.

21. Aylwin, U. (mars 1995). Apologie de l’évaluation formative. Pédagogie collégiale. 8(3). p. 26.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

Aylwin, U. (mars 1994). Le travail en équipe : pourquoi et comment?. Pédagogie collégiale. 7(3).

Aylwin, U. (mars 1995). Apologie de l’évaluation formative. Pédagogie collégiale. 8(3).

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Barbeau, D. Montini, A. Roy, C. (octobre 1997). Comment favoriser la motivation scolaire. Pédagogie collégiale. 11(1).

Canvat, K. (1999). Enseigner la littérature par les genres. Bruxelles : De Boeck, Duculot.

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Giasson, J. (1990). La compréhension en lecture. Boucherville : Gaëtan Morin.

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Maupassant, G. (1999). Contes réalistes et contes fantastiques. Étude de l’œuvre par Josée Bonneville. Montréal, Canada : Beauchemin.

MELS. (2012). Formation générale commune, propre et complémentaire aux programmes d’études conduisant au diplôme d’études collégiales. Repéré à http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/publications/Ens_Sup/Affaires_universitaires_collegiales/Ens_collegial/FormGenComPropreComplProgEtudesCondDEC_2011_f.pdf

Ménard, L. (décembre 1990). Et si écrire rimait avec plaisir? ou l’apprentissage de l’écriture, revu et corrigé. Pédagogie collégiale. 4(2).

Mes Aïeux. (2000). Descendus au chantier. Ça parle au diable! [disque]. Montréal : Victoire.

 


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