Se connecter
 Retour à la page précédente
Le Boxeur

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Le Boxeur
SAUCIER, Patric
Par Caroline Sirois et Marie-Ève Caron


Nationalité de l'auteur : Québécoise
Genre : Théâtre
Courant : Postmodernité
Siècle : 21e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Caroline Sirois et Marie-Ève Caron
Date du dépôt : Hiver 2014


Le Boxeur

 

     La séquence didactique que nous proposons porte sur Le Boxeur de Patric Saucier, une pièce de théâtre contemporaine appartenant à la littérature québécoise. Dans un premier temps, nous amenons les étudiants à se familiariser avec l’univers dramatique et le mode autofictionnel. Dans un deuxième temps, nous faisons en sorte que les étudiants réinvestissent ces apprentissages d’un point de vue plus personnel, car ils doivent se prêter au jeu d’écrire une autofiction sous la forme d’un court monologue théâtral. Dans une certaine mesure, nous mettons également en pratique certains aspects de l’apprentissage de l’oral en classe.

 

Présentation et justification de l’œuvre intégrale

     Nous proposons la pièce de théâtre Le Boxeur de Patric Saucier, d’une part, car elle possède un style d’écriture imagé qui mélange les québécismes et le langage poétique; d’autre part, en raison du thème qui la traverse qui a une portée universelle : l’acceptation de soi. En plus de ses qualités thématiques, l’œuvre Le Boxeur propose une forme intéressante, celle du monologue théâtral dans laquelle un protagoniste, voire un seul comédien, est appelé à jouer le rôle de plusieurs autres personnages. De plus, Patric Saucier, dans sa note aux lecteurs, confie que l’assise de sa pièce, le sentiment de honte, est tirée de son vécu. Cet aveu est un tremplin pour explorer ce qu’est l’autofiction avec les étudiants avant de leur demander d’en créer une à leur tour qui sera évaluée. Nous trouvons pertinent et innovant d’enseigner Le Boxeur, car il s’agit d’une œuvre contemporaine qui sort de l’ordinaire et qui est susceptible d’interpeller davantage les garçons, car notre pièce s’articule autour de l’univers de la boxe.

 

Identification des problèmes à résoudre et des objectifs d’apprentissage

     Nous avons identifié deux problèmes qu’il est possible de soumettre à la classe. Dans Le Boxeur, le personnage principal combat constamment le jugement que son entourage porte sur son apparence. En analysant l’œuvre, les étudiants découvrent comment ce rapport au corps se développe tout au long de l’histoire, comment il évolue au gré des rounds[1]. Il s’agit donc d’un problème d’interprétation lié à un thème en particulier, thème qui est intrinsèque aux événements vécus par le boxeur. Le second problème concerne plutôt la compréhension de la forme de la pièce : le théâtre à une voix. Nous voulons amener les étudiants à se questionner sur la façon d’écrire et de mettre en scène un seul personnage qui campe ses interlocuteurs. Ainsi, les étudiants doivent réfléchir aux raisons qui poussent un auteur à ne faire naitre qu’un personnage.


     Les quatre objectifs que nous poursuivons dans cette séquence didactique sont élaborés afin d’apporter des pistes de solution aux problèmes précédemment décrits. Le premier objectif est que les étudiants se familiarisent avec les principales notions théâtrales. Le deuxième est qu’ils comprennent les caractéristiques du théâtre de Michel Tremblay pour les comparer à celles du Boxeur. Le troisième constitue le noyau de la séquence, car il implique que les étudiants analysent la pièce de Patric Saucier en se référant aux thèmes, à la structure et au style, sans oublier l’évolution du personnage. Le quatrième et dernier objectif vient boucler la séquence, car les étudiants doivent rédiger en trois étapes une autofiction sous la forme d’un monologue théâtral qui sera évaluée au terme des cours sur Le Boxeur.

 

Présentation de la séquence didactique

     La séquence se décline en sept cours de cent minutes et s’étend sur trois semaines et demie.


Préparation à la lecture

Cours 1 A

     Il faut prendre en considération que ce ne sont pas tous les étudiants qui sont à l’aise avec le genre théâtral. Pour ce faire, nous demandons aux étudiants ce qu’ils connaissent du théâtre. Ont-ils déjà vu ou lu une pièce de théâtre ? Ont-ils déjà fait du théâtre ? Que savent-ils de ce genre ? Le but est d’identifier leurs préconceptions et de s’assurer qu’ils possèdent tous les mêmes connaissances. Ensuite, nous abordons avec les étudiants les notions théâtrales (ex. : didascalies et répliques) et thématiques utiles à la compréhension du Boxeur. Cette partie du cours se fait sous la forme d’un exposé magistral. Pour clore la première partie de la préparation à la lecture, l’enseignant lit avec les étudiants le premier round de la pièce. Les trente dernières minutes du cours sont consacrées à la première étape de la rédaction de l’autofiction. L’enseignant demande aux élèves d’écrire à la main, en une vingtaine de lignes, un fait vécu. Ils doivent décrire le plus fidèlement possible cet événement qu’ils auront à « fictionnaliser » lors de la deuxième étape. S’ils n’ont pas terminé, ils peuvent le faire en devoir.

 

Préparation à la lecture

Cours 1 B

     Dans ce cours, nous proposons à la classe une reconstruction-rallye qui permet le réinvestissement des notions théâtrales vues dans le cours précédent. En équipe de quatre, les étudiants reçoivent des morceaux de papier sur lesquels sont inscrits des éléments formels (didascalie, réplique, etc.) tirés de deux pièces totalement différentes[2]. Par intuition et par déduction, les étudiants doivent reconstituer les différentes parties, les associer à une notion théâtrale et justifier leur choix. Nous faisons un retour en classe pour s’assurer qu’ils ont bien compris les principaux termes relatifs au théâtre. Cet examen des caractéristiques du théâtre est également un prétexte pour aborder avec les étudiants la mise en page et la typographie propres à ce genre (ex. didascalie en italique), éléments qui doivent être respectés dans le projet d’écriture. À la fin du cours, nous présentons un extrait d’une représentation de la pièce de théâtre Les Belles-sœurs de Michel Tremblay; ce visionnement prépare les étudiants au prochain cours qui porte sur l’univers de ce dramaturge québécois qui doit, d’après nous, être enseigné en Littérature québécoise.

 

Préparation à la lecture

Cours 2 A

     Pour ce cours, nous avons prévu faire un survol de l’histoire du théâtre québécois des années 1948 à 1980 par un exposé magistral. L’enseignant voit notamment avec les étudiants l’univers de Michel Tremblay, dramaturge important de cette époque. Dans un but d’intégration des acquis, un extrait des Belles-sœurs est lu en classe par les étudiants qui doivent, par la suite, compléter un questionnaire qui concernent les caractéristiques de la pièce (les personnages, les lieux, les décors, le langage et le style). Cette manière de procéder vise à guider les étudiants dans l’analyse du texte, puisqu’elle permet de faire ressortir les éléments importants de la pièce de théâtre et de les interpréter. Ensuite, l’enseignant fait un retour en classe sur les réponses des étudiants et, ensemble, ils identifient les thèmes et la signification de la pièce, en les rattachant à l’époque de création.

 

Encadrement de la lecture

Cours 2 B

     À ce moment de la séquence, nous tenons pour acquis que les étudiants ont lu Le Boxeur. Toujours sous la forme d’un cours magistral, l’enseignant aborde la seconde partie de l’histoire du théâtre québécois, soit de 1980 à nos jours. Après avoir fait les liens entre Le Boxeur et les caractéristiques théâtrales de ces années, l’enseignant présente Patric Saucier, l’auteur de la pièce (son parcours professionnel et sa bibliographie). Ensuite, il lit avec les étudiants la note de l’auteur qui figure au début de la pièce. Ainsi, les étudiants sont en mesure de saisir que Le Boxeur est une autofiction. Cette compréhension est nécessaire, puisqu’ils devront transformer leur fait vécu en le « fictionnalisant ». Par la suite, ils complètent la deuxième partie du questionnaire (identifier les lieux, les décors, les personnages, etc.) Lorsque ce travail est achevé, l’enseignant fait un retour sur les éléments trouvés par les étudiants.

 

Encadrement de la lecture

Cours 3 A

     Dans le cadre de ce cours, les étudiants concrétisent en équipe de quatre leur conception du personnage du boxeur, et ce, à un moment précis de l’histoire. En fait, nous voulons mettre en place une activité pédagogique qui s’appelle la biographie corporelle[3]. Sa raison d’être est d’amener les étudiants à bien comprendre le personnage. Ils le dessinent grandeur nature tout en donnant à leur illustration un caractère symbolique[4]. Ils tracent le portrait du personnage à quatre moments importants de la pièce (enfance, avant, pendant et après son séjour en prison). En fait, l’enseignant attribue un moment à chacune des équipes.

 

Encadrement de la lecture

Cours 3 B

     Ce cours permet d’approfondir ce qu’est un monologue. Nous soumettons aux étudiants des extraits du monologue théâtral Novecento : pianiste[5] d’Alessandro Baricco et quelques monologues humoristiques[6] d’Yvon Deschamps. En fait, tous les extraits se veulent des pistes d’inspiration pour les étudiants, car ceux-ci réalisent, dans ce même cours, la deuxième étape de leur autofiction. Cette étape consiste à « fictionnaliser » l’événement qu’ils ont raconté dans la première version de leur texte. Enfin, il faut dire que, en soi, la production d’une autofiction sous la forme d’un monologue théâtral se rapproche de l’apprentissage de l’oral, puisque le texte dramatique est principalement destiné à être joué.

 

Encadrement de la lecture

Cours 5 A

     Le quatrième cours est consacré à la préparation de l’épreuve uniforme de français, évaluation ministérielle obligatoire pour la passation du diplôme d’études collégiales. L’objectif est de laisser un délai suffisant aux étudiants afin qu’ils puissent rédiger la deuxième version de leur autofiction. Le cinquième cours, quant à lui, est dédié entièrement à la troisième étape de l’autofiction. Les étudiants forment des équipes de quatre ou cinq. Nous leur demandons d’imprimer des copies de leur deuxième version afin qu’ils en donnent une aux membres de leur équipe. Chacun commente l’autofiction de ses collègues, à savoir si elle respecte bien les consignes. Nous voulons que les étudiants soient conscients du travail qui se cache dernière une production théâtrale. Lors de ce cours, l’enseignant montre également l’utilisation de logiciels de correction, comme Antidote, qui facilitent la réécriture. Les étudiants travaillent donc avec les pairs en vue de la réécriture de leur monologue théâtral qu’ils doivent terminer en devoir et remettre la semaine suivante.

 

Pour évaluer la lecture : l’autofiction

     À la fin de la séquence, les étudiants remettent leur projet d’écriture qui consiste en une autofiction qui prend la forme d’un monologue théâtral et qui ne doit pas dépasser pas deux pages. Pour ce faire, ils ont suivi trois étapes qui les conduisent au résultat final qui vaut 15 % de la session. Cette évaluation permet de voir si les étudiants ont bien intégré les notions théâtrales, s’ils ont bien compris ce qu’est une autofiction et s’ils ont respecté les trois grandes étapes de ce projet d’écriture. Nous avons déterminé trois grands critères valant respectivement 5 % : respect de l’autofiction, respect de la forme exigée et réécriture.

 

Conclusion

     Cette séquence didactique qui porte sur la pièce de théâtre Le Boxeur de Patric Saucier permet aux étudiants de se familiariser avec le théâtre québécois plus traditionnel, en l’occurrence par l’analyse d’un extrait des Belles-sœurs de Tremblay, tout en découvrant le théâtre contemporain qui peut leur paraître plus accessible. Sans mauvais jeu de mots, nous jouons sur plusieurs tableaux, car les étudiants sont initiés au théâtre, à l’autofiction et à l’écriture d’un morceau théâtral. Ainsi, ils sont à même de constater les acquis qu’ils ont faits durant les sept cours dédiés au Boxeur.

 

 ***Pour obtenir des exemplaires de la pièce, il faut communiquer avec l'auteur à l'adresse suivante : patricsaucier@videotron.ca

 

Corpus et extraits

BARICCO, A. (1994). Novecento : pianiste. Paris : Gallimard (Folio).

DESCHAMPS, Y. (1998). Tout Deschamps : trente ans de monologues et de chansons. Québec : Lanctôt éditeur.

LEPAGE, R. (2007). La face cachée de la lune. Québec : L'instant même.

RACINE, J. (1992). Andromaque. Paris : Les Éditions Hachette.

SAUCIER, P. (2008). Le Boxeur. La fin d’un gros câlisse. Québec : publié par Patric Saucier (à compte d’auteur).

TREMBLAY, M. (1968). Les Belles-sœurs. Anjou : Théâtre vivant.



[1] La pièce n’est pas divisée en actes et en scènes, mais plutôt en rounds, clin d’œil à l’univers de la boxe.

[2] Par exemple, il peut être question de la dyade Andromaque de Racine et Les Belles-sœurs de Michel Tremblay ou encore de celle constituée des œuvres Le bourgeois gentilhomme de Molière et La face cachée de la lune de Robert Lepage.

[3] Activité pédagogique proposée par Josée Larochelle, enseignante de didactique.

[4] Ces consignes sont données aux étudiants : ses vices et ses vertus doivent être représentés dans son cœur, les motivations dans sa colonne vertébrale, ses mains doivent symboliser l’action, ses pieds traduisent ses convictions. Le personnage doit être dessiné dans un décor significatif et quelques citations doivent appuyer les éléments du dessin.

[5] Alessandro Baricco. (1994). Novecento : pianiste. Paris, France : Gallimard (Folio).

[6] Yvon Deschamps. (1998). Tout Deschamps : trente ans de monologues et de chansons. Québec, Canada : Lanctôt éditeur.


---
© 2024, Université Laval
Ce texte est protégé par la loi sur les droits d'auteur. Il peut cependant être utilisé à des fins éducatives. Nous vous prions d'en indiquer la source lors d'une éventuelle utilisation.


À propos | Aide | Contactez-nous