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Le Horla

Fiche descriptive
Séquence didactique
Annexes
Le Horla
Maupassant, Guy de
Par Mylène Fortin et Dana Martin


Nationalité de l'auteur : Française
Genre : Nouvelles
Courant : Fantastique
Siècle : 19e siècle
Groupe d'âge visé : Collégial
Auteur de la séquence : Mylène Fortin et Dana Martin
Date du dépôt : Hiver 2015


Table des matières


Introduction
1. Visées de formation en regard des programmes
2. Justification du choix de l'oeuvre
3. Les savoirs de référence et les savoirs transposés
4. Présentation de la séquence
5. Déroulement détaillé d'une séance
6. Modalités d'évaluation
Conclusion


Introduction

L’œuvre choisie pour la séquence didactique est une nouvelle fantastique écrite par Guy de Maupassant en 1887. Au moment de choisir l’œuvre sur laquelle nous allions travailler toute la session, Le Horla nous est venu à l’esprit spontanément. Nous l’avions toutes les deux étudiée au cégep et elle avait marqué notre parcours pour toutes sortes de raisons. Tout d’abord, comme la nouvelle est écrite sous la forme d’un journal intime, nous pouvons nous mettre dans la peau du personnage-narrateur et suivre son parcours psychologique de près tout au long de l’histoire. Nous sentons les mêmes hésitations et craintes que lui, qui croissent toujours plus, ce qui nous entraine dans son monde fantastique. Nous espérons que ces réactions seront les mêmes chez les étudiants lorsqu’ils liront Le Horla. Notre séquence est construite de façon à donner l’envie à l’étudiant de lire l’œuvre, mais plus encore, de poursuivre sa réflexion sur celle-ci. L’étudiant est au cœur de notre séquence ; il est amené à construire des savoirs utiles à ce cours et des interprétations personnelles. Par exemple, il dégagera les caractéristiques de la nouvelle fantastique à l’aide d’une comparaison de deux objets culturels, soit un film et la nouvelle.

Dans l’œuvre Le Horla, le narrateur vit sur le bord de la Seine. Un matin, il voit un bateau à trois mats brésiliens défiler devant sa maison. Peu après, l’homme est frappé de fièvre. Un sentiment de danger l’empêche de dormir ou trouble ses nuits. Une visite chez le médecin n’améliore pas sa situation. Il décide de partir en voyage pour s’éloigner de ses troubles. Pendant son expédition, tous les symptômes disparaissent. Le narrateur relate aussi la rencontre d’un moine lors de son voyage qui lui  raconte une légende locale sur les forces invisibles et le surnaturel. À son retour à Rouen, la maladie l’accable à nouveau. Dès son retour, il est témoin d’une suite d’évènements inexplicables. D’abord, l’eau de sa carafe disparait pendant la nuit. Il tente quelques expériences sans pouvoir trouver une explication rationnelle à cette disparition. Cet épisode angoissant le pousse à passer quelques jours à Paris. Lors d’une soirée, il est témoin d’une séance d’hypnose sur sa cousine, ce qui lui prouve que des forces inexpliquées peuvent prendre le contrôle de quelqu’un. Son retour à la maison est marqué par des manifestations toujours plus étranges qui le poussent de plus en plus à croire qu’une présence invisible, qu’il nomme Horla, habite sa maison et parvient à prendre le contrôle de son corps et de son esprit. Même s’il souhaite fuir sa maison, il n’en est plus capable. Il tombe toutefois un article faisant mention d’une épidémie de folie qui sévit en ce moment au Brésil. Il en conclut que l’être invisible est venu par bateau de ce pays. Il est ensuite convaincu de la présence du Horla lorsqu’il distingue une brume devant lui dans le miroir. L’homme prend finalement les grands moyens pour se débarrasser de l’indésirable. Il décide de barricader sa maison et d’y mettre le feu en espérant tuer l’intrus, mais il a oublié de faire sortir les domestiques qui périssent dans l’incendie. Il n’est toutefois toujours pas convaincu d’avoir réussi à éliminer l’être nuisible et se demande si la seule solution pour se libérer de son emprise est de mettre fin à ses jours.

Ce travail comprend six parties. La première expose les visées de formation en regard des programmes, leurs objectifs et les compétences à développer. Ensuite, le second point consiste en une justification du choix de l’œuvre en rapport aux visées de formation et des problématiques qui lui sont spécifiques. Puis, les savoirs de référence et les savoirs transposés qui permettront l’atteinte des objectifs et le développement des compétences visées seront exposés. La progression de la séquence sera présentée et l’une des séances sera approfondie. Finalement, les modalités d’évaluation seront justifiées en regard des activités proposées.

 

1. Les visées de formation en regard des programmes (p. 172)

1.1. Situation de la séquence dans le programme d’études.

La formation collégiale en français, langue d’enseignement et littérature s’inscrit dans la formation générale dispensée à tous les étudiants du cégep. Cette formation est caractérisée par trois visées principales : former la personne à vivre en société de façon responsable, l’amener à intégrer les acquis de la culture ainsi qu’à maitriser la langue comme outil de pensée, de communication et d’ouverture sur le monde. (MELS, 2011, p. 1) La présente séquence contribue au développement de ces visées. Les élèves seront menés à poser un questionnement sur certains enjeux de la société et sur leur propre développement en regard des thèmes abordés dans l’œuvre. Ils s’interrogeront par exemple sur le traitement de la folie dans l’oeuvre. Ils seront invités à faire preuve d’une pensée critique à l’égard de ces enjeux. Ils auront l’occasion d’apprécier Le Horla et de le situer dans son époque et dans le registre fantastique. Les étudiants seront aussi en mesure d’améliorer leur maitrise de la langue, d’abord par la lecture d’une œuvre littéraire. Ils auront aussi à proposer des interprétations de leur lecture et à débattre de celles-ci avec leurs pairs, ce qui leur permettra de développer leurs habiletés de communication orale et écrite. Ils auront notamment à rédiger et à présenter un pastiche.

La formation en français, langue d’enseignement et littérature a comme buts plus précis de « stimuler l’imagination, d’aiguiser la sensibilité et d’élargir les connaissances dans les domaines littéraire et culturel. » (MELS, 2011, p. 6) Le registre fantastique de l’œuvre étudiée est propice au développement de l’imagination des étudiants. Les interprétations sont d’ailleurs possibles particulièrement grâce à celui-ci. Ils auront par la même occasion la possibilité d’aiguiser leur sensibilité artistique par l’analyse du Horla. Après avoir intégré les caractéristiques propres à la nouvelle fantastique réinventée par Maupassant, ils développeront leur inventivité par l’écriture de création. La formule de la séquence, basée sur une approche générique, favorise l’interprétation, l’échange, l’analyse et le débat. Elle est propice à l’amélioration des compétences langagières et permet à l’étudiant de développer sa pensée critique ainsi que ses habiletés d’analyse littéraire. Ces outils développés dans le cadre des cours de français seront sollicités durant toute la formation scolaire de l’étudiant.

 

L’œuvre choisie, Le Horla de Guy de Maupassant, se situe dans le second ensemble de la séquence de français au collégial, le cours Littérature et imaginaire. Aux cégeps où nous effectuons nos stages, le cours couvre la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Cette version du Horla a été publiée en 1887. La séquence sera donc située en début de session et permettra de couvrir la deuxième moitié du XIXe siècle. Maupassant est un auteur marquant de son époque ; il a écrit plusieurs nouvelles, autant réalistes que fantastiques. Il se démarque particulièrement dans le registre fantastique qu’il renouvèle. En effet, les « monstres » extérieurs deviennent intérieurs et il approfondit le thème du double. Puisque le cours 101 est préalable au 102, les étudiants auront déjà développé certaines compétences en analyse et en rédaction. Ils ont entre autres appris à rédiger un plan détaillé et à analyser des extraits d’œuvres littéraires. Ils ont relevé des procédés stylistiques et ils ont réfléchi sur leurs effets. Ils ont aussi déjà travaillé leurs compétences langagières. En vue de leur analyse de texte littéraire, les élèves ont appris à planifier leur écriture, à rédiger un texte et à le réviser. De plus, ils sauront distinguer les notions de genre littéraire et de registre, ce qui facilitera l’atteinte de notre premier objectif spécifique, c’est-à-dire dégager les caractéristiques de la nouvelle fantastique. Les savoirs spécifiques nécessaires à l’atteinte des objectifs seront explicités lors de la séquence et ne sont donc pas prérequis à la compréhension de l’œuvre.

 


1.2. Compétences à développer

Pour répondre à la compétence générale du cours Littérature et imaginaire, les élèves sont invités à expliquer les représentations du monde. Ils le feront à partir de textes littéraires provenant d’époques et de genres variés, ce qui leur donnera une représentation globale de la littérature française de la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Pour ce faire, l’élève doit reconnaitre le traitement d’un thème dans un texte. Par exemple, le thème de la folie est omniprésent dans l’œuvre de Maupassant. L’élève doit alors relever des procédés stylistiques et littéraires qui le développent. Comme Le Horla se situe dans le registre fantastique, plusieurs liens sont réalisés par l’élève pour comprendre les rapports entre le réel, le langage et l’imaginaire. Par exemple, le journal intime ancre les écrits dans le réel, mais l’oeuvre s’efforce de créer une confusion par les évènements surnaturels qui s’y produisent. Ainsi, les limites entre le réel et l’imaginaire sont mal définies. L’élève rédige également un pastiche afin de réinvestir les connaissances acquises dans le cadre du cours. Après l’élaboration du plan de rédaction, il pose un regard réflexif sur leurs interprétations et leur compréhension de l’œuvre. Il discute avec ses pairs en vue d’obtenir des pistes d’amélioration pour le pastiche. Dans le même ordre d’idées, il compose un commentaire justificatif qui permet de mettre en lumière les liens entre les thèmes, les procédés stylistiques et le registre fantastique. Après la rédaction de ce dernier, il doit mettre en pratique des stratégies de correction qui lui seront présentées en classe (MELS, 2011, p. 10).

 

1.3. Objectifs généraux et spécifiques

La séquence de ce travail poursuit un objectif général. Il consiste à interpréter et produire une nouvelle fantastique sur le modèle du Horla de Maupassant.       

Pour atteindre cet objectif général, nous proposons cinq objectifs spécifiques qui aideront l’élève à acquérir diverses compétences. Tout d’abord, l’élève doit être en mesure de dégager les caractéristiques de la nouvelle fantastique. La théorie de Todorov qui sert à introduire la littérature fantastique offre un cadre théorique pertinent pour mieux cerner les caractéristiques du registre. L’élève devra alors, par une analyse comparative, discerner dans le film Le sixième sens et le texte du Horla les procédés stylistiques et littéraires spécifiques au registre fantastique utilisés pour le développement du thème de la folie (MELS, 2011, p.10). L’élève aura la capacité de reconnaitre le traitement du thème de la folie dans un texte. Le deuxième objectif vise à formuler, comparer et évaluer les interprétations. Le propre du fantastique est de proposer deux hypothèses qui s’opposent, ce qui entretient le doute entre le réel et l’imaginaire chez le lecteur. D’une part, les digressions (notamment les épisodes de l’hypnose et la rencontre du moine) rappellent le courant naturaliste qui instaure un cadre réaliste dans l’oeuvre. D’autre part, la focalisation interne, théorisée par Genette, permet l’identification du lecteur au narrateur. Le lecteur ressent la gradation de l’hésitation et de la peur du protagoniste qui lui même doute de la réalité des évènements. Le lecteur fait le choix de croire ou non à la crédibilité du narrateur. L’apport du journal intime (Béatrice Didier) remplit des fonctions semblables à celles de la focalisation interne. Le troisième objectif spécifique consiste à faire un pastiche de Maupassant en montrant la maitrise des caractéristiques de la nouvelle fantastique. Cette activité s’inscrit dans l’approche générique selon Chartrand qui a comme objectif la création d’un texte d’un genre en particulier, ici la nouvelle fantastique. De cette manière, l’élève s’approprie les caractéristiques génériques du Horla. La rédaction d’un commentaire justificatif constitue le quatrième objectif spécifique de notre séquence. Par cet exercice, l’élève est en mesure de justifier ses choix d’écriture par un processus métacognitif. Il vérifie aussi s’il respecte les caractéristiques de la nouvelle fantastique et du style de Maupassant. Finalement, le dernier objectif vise à développer des stratégies de révision et de correction. L’enseignant, après avoir remis les copies corrigées aux élèves, propose des stratégies que l’étudiant devra appliquer dans une réécriture partielle du pastiche.

 

2. Choix de l’œuvre intégrale

2.1. Justification du choix de l’œuvre en regard des visées de formation

Le Horla cadre parfaitement dans le cours de littérature 102, soit Littérature et imaginaire. Le Horla s’inscrit dans le genre de la nouvelle. Sa brièveté et son nombre restreint de personnages rendent la lecture plus accessible à l’élève tout en créant un certain défi par la complexité des interprétations. L’intrigue se développe autour d’un seul personnage central, ce qui favorise la compréhension. Le développement psychologique dudit personnage éveille la curiosité de l’élève et favorise l’identification du lecteur au narrateur. La chute, autre caractéristique de la nouvelle, provoque un questionnement chez l’étudiant qui sera mené à formuler différentes interprétations de l’histoire, ce qui contribue à l’atteinte de notre deuxième objectif spécifique. De plus, le registre fantastique est exploité par différentes formes d’art auxquelles les étudiants sont plus souvent exposés. Nous pourrons donc lier le registre fantastique à des objets culturels autres, par exemple le film et le conte, qui suscitent un intérêt particulier chez les étudiants et qui encourageront une meilleure compréhension.

L’œuvre permet aussi d’atteindre les visées de la formation générale et du programme de français, langue d’enseignement et littérature. Puisqu’ils ont déjà été en contact avec des oeuvres littéraires dans le premier cours de la formation, Le Horla permet aux élèves de continuer de les apprécier, tout comme des textes ou d’autres productions artistiques issus d’époques ou de courants d’idées différents. Les étudiants devront aussi dégager des problèmes  de lecture et exercer leur créativité puisque Le Horla se prête à plusieurs interprétations diverses qu’ils devront créer. (MELS, 2011, p. 3) L’œuvre est aussi pertinente puisqu’elle permet de prendre connaissance des caractéristiques du genre de la nouvelle fantastique. (MELS, 2011, p. 6) Elle emprunte aussi la forme du journal intime et ses caractéristiques spécifiques. Les procédés d’écriture sont aussi mis à contribution puisqu’ils viennent appuyer le genre et les thématiques développées. L’œuvre, par les diverses interprétations qu’elle suscite, permet le développement d’habiletés d’analyse et d’explication des œuvres littéraires. De ce fait, la nouvelle est aussi porteuse de représentations du monde par lesquelles ils pourront saisir les enjeux sociaux de l’époque. (MELS, 2011, p. 7)  Elle permet une réflexion sur l’imperfection des sens, l’invisible et les croyances populaires liées au fantastique, mais aussi sur la folie et la perception de ce concept à travers le temps.

Le choix de l’œuvre se justifie aussi par son lien étroit avec les éléments de compétence spécifiques. Le traitement du thème de la folie, qui sous-tend toute l’intrigue du texte, sera examiné sous différents angles. Les étudiants relèveront les procédés utilisés pour mettre en lumière le développement de ce thème et s’intéresseront au rapport entre la folie et le registre de l’œuvre. Ainsi, nous serons en mesure de créer des « liens pertinents entre le thème, les procédés stylistiques et littéraires, et les éléments significatifs du contexte culturel et sociohistorique. » (MELS, 2011, p. 10)  La dernière activité sommative, la réécriture du pastiche et sa correction, rejoint l’élément de compétence qui vise la révision et la correction de productions écrites. (MELS, 2011, p. 10)

 


2.2. Présentation et justification de la ou des problématiques spécifiques à cette œuvre qui feront l’objet d’un enseignement

La problématique centrale de ce roman touche l’objectif général de la séquence, soit l’étude de la nouvelle fantastique, son interprétation et la production d’une nouvelle littéraire sur le modèle du Horla de Maupassant. La question est la suivante : le narrateur-personnage du Horla est-il crédible? Cette problématique remet en question les perceptions de l’élève quant à la  véracité des éléments surnaturels de la nouvelle. Il peut se questionner à savoir en quoi la nouvelle de Maupassant est un récit qui oppose la raison à la folie. Il ressent une hésitation entre les deux voies à choisir qui s’opposent : le personnage est-il fou, autrement dit est-ce que tout ce qu’il relate est imaginé, ou voit-il réellement les choses telles qu’elles sont? Cette hésitation est justement l’une des caractéristiques essentielles du fantastique. Pour appuyer son interprétation, l’élève va alors chercher les éléments dans la nouvelle qui prouvent l’un ou l’autre des points. Plusieurs sous-questions viennent complexifier ce questionnement central, ce qui pousse encore plus loin la réflexion de l’élève. Quels sont les signes d’un combat psychologique entre la raison et la folie chez le personnage? Comment la folie du narrateur se manifeste-t-elle dans le récit? Comme le journal intime permet une écriture très proche des émotions, ces dernières se manifestent dans les procédés d’écriture. Par exemple, au fil de l’intrigue, l’angoisse du narrateur se traduit par une ponctuation omniprésente et des phrases courtes qui créent un rythme saccadé. Dans le même ordre d’idées, l’identification au narrateur est-elle possible ou même facilitée par ce ton intimiste? Grâce à ce type d’écrit, l’élève peut aussi se demander si l’auteur écrit sa propre histoire. Ainsi, Le Horla est-il une œuvre autobiographique? Tous ces questionnements mènent l’élève non seulement à faire preuve d’esprit critique puisqu’il développe sa pensée individuelle et la confronte à celle des autres, mais également à construire des savoirs génériques et culturels liés à l’œuvre.

La séquence se base particulièrement sur une approche générique. Cette approche permet de trouver les normes propres à un genre, ici la nouvelle fantastique. Par exemple, par la comparaison d’un film fantastique et du Horla, les élèves peuvent dégager des généralités qui vont, quelques séances plus tard, permettre de développer des compétences de lecture et d’écriture. En connaissant en profondeur le genre de la nouvelle fantastique, les élèves seront plus en mesure d’émettre des interprétations ou de rédiger un texte comme un pastiche en se basant sur l’œuvre de Maupassant.

 

3. Les savoirs de référence et les savoirs transposés

3.1. Les principaux savoirs de référence

Nous utiliserons certains éléments de la théorie du récit de Gérard Genette, particulièrement les éléments concernant la narration. Nous nous intéresserons à la notion de focalisation qu’il décrit comme « une restriction de champ, c’est-à-dire une sélection de l’information narrative par rapport à ce que la tradition nommait l’omniscience […] En focalisation interne, le foyer coïncide avec un personnage, qui devient alors le « sujet » fictif de toutes les perceptions […] [ L]e récit peut alors nous dire tout ce que le personnage perçoit et tout ce qu’il pense […]. » (Genette, 1983, p. 49-50) Ainsi, la nouvelle est un genre qui favorise la focalisation interne puisqu’elle s’intéresse au développement psychologique du narrateur. Dans Le Horla, nous assistons justement au débat intérieur du narrateur qui nous exprime toutes ses pensées et ses angoisses. De plus, il s’agit d’un élément important pour comprendre la manière dont la nouvelle favorise l’identification du lecteur au personnage et la création d’une atmosphère angoissante. Puisque le texte est écrit en focalisation interne, la progression du doute et de la folie du narrateur est plus accessible au lecteur.

Pour permettre l’atteinte de notre objectif de compréhension d’un récit fantastique, nous aurons recours à la définition que donne Todorov du fantastique. Comme présenté dans le cadre du cours, Todorov décrit le fantastique comme l’intrusion dans un cadre réaliste d’un évènement qui ne peut s’expliquer par les lois de ce monde. Il est possible d’interpréter cet évènement d’une manière rationnelle ou d’adhérer à la véracité de cette manifestation surnaturelle.

Le fantastique, nous l’avons vu, ne dure que le temps d’une hésitation: hésitation commune au lecteur et au personnage, qui doivent décider si ce qu’ils perçoivent relève ou non de la “réalité”, telle qu’elle existe pour l’opinion commune. À la fin de l’histoire, le lecteur, sinon le personnage, prend toutefois une décision, il opte pour l’une ou l’autre solution, et par là-même sort du fantastique. S’il décide que les lois de la réalité demeurent intactes et permettent d’expliquer les phénomènes décrits, nous disons que l’œuvre relève d’un autre genre: l’étrange. Si, au contraire, il décide qu’on doit admettre de nouvelles lois de la nature, par lesquelles le phénomène peut être expliqué, nous entrons dans le genre du merveilleux. (Todorov, 1970, p. 46)

Dans Le Horla, le personnage est-il fou ou est-il véritablement victime d’un être invisible? Cette hésitation se manifeste même chez le personnage. C’est particulièrement le cas dans l’œuvre étudiée puisque le journal intime permet l’accès aux questionnements du personnage et à la transformation de sa vision des évènements. La présence de deux interprétations opposées est une caractéristique du fantastique et permettra aux élèves d’atteindre l’objectif fixé de proposer plusieurs interprétations du récit. Ces interprétations seront ensuite confrontées et évaluées selon leur pertinence.

L’ouvrage intitulé Journal intime de Béatrice Didier introduit un autre savoir de référence qui concerne la forme du journal intime que prend Le Horla. Elle parle notamment de l’emploi du temps dans ce type de récit : « […] inscrire le lieu et le temps, c’est prendre appui sur un réel, relativement solide, pour s’élancer vers les zones beaucoup plus fuyantes du moi […]. » (Didier, 1976, p. 172) Ce passage aide à la compréhension de l’identification du lecteur au narrateur. Dans Le Horla, le narrateur peut dire vrai, car il s’appuie sur des dates réelles, mais il se rapproche ensuite de ses émotions. En se questionnant sur la véracité de l’histoire, l’élève hésite, ce qui fait partie des caractéristiques du fantastique qui répond au premier objectif spécifique. Il peut également créer des interprétations à partir de ce qu’il a ressenti, en lien avec le deuxième objectif spécifique. Bref, le journal intime s’efforce de créer un cadre réaliste, mais permet d’être plongé dans le doute et dans la folie du personnage.

Les étudiants auront aussi à écrire un commentaire justificatif pour montrer leur maitrise des éléments qui font l’objet d’une évaluation. Ce texte réflexif leur permet d’abord de mettre l’œuvre à distance: « Dans la mesure où le commentaire justificatif inclut une réflexion sur la façon dont l’élève à compris le fonctionnement du texte qu’on lui a donné à transformer, sur la manière dont il interprète son propre texte, il lui donne la possibilité d’objectiver ses lectures. » (Tauveron, 2005, p. 115) L’objectif de l’exercice est avant tout de donner l’occasion aux étudiants de justifier leurs choix et d’exprimer de manière claire leurs intentions: « Le fait de demander à l’élève d’expliciter sa production lui donne la possibilité de mettre à jour ce qui n’est pas forcément évident dans son écrit fini: l’intentionnalité. » (Tauveron, 2005, p. 117) L’étudiant pourra ainsi, avant sa rédaction finale, s’assurer de respecter les critères d’évaluation et permettre à l’enseignant de mieux comprendre ses choix de rédaction.

Finalement, nous nous baserons sur le concept d’hypertexte de Genette pour définir le pastiche : « J’appelle donc hypertexte tout texte dérivé d’un texte antérieur par transformation simple (nous dirons désormais transformation tout court) ou par transformation indirecte: nous dirons imitation. » (Genette, 1982, p. 14) Le pastiche entretient une relation d’imitation avec le texte source. François Le Goff définit d’ailleurs ce qu’est un pastiche : « Première catégorie ou “écrire dans” : cette catégorie rassemble les hypertextes qui fonctionnent sur le mode de la greffe ; elle est caractérisée par une homologie tant énonciative que générique entre l’hypertexte et l’hypotexte. » (Le Goff, 2011, p. 220) Le texte produit par l’élève doit s’insérer dans l’œuvre choisie sans qu’un autre lecteur s’en aperçoive, ce qui prouve que le pastiche est une écriture d’imitation. Le Goff montre que l’écriture prépare à la lecture. Au moment de l’écriture, l’élève doit prendre conscience de tous les éléments caractéristiques d’une œuvre comme les procédés stylistiques ou le registre utilisé. L’écriture du pastiche favorise donc une meilleure compréhension du genre par l’élève.

 

3.2. Les savoirs transposés

Ces savoirs de références ne peuvent être utilisés tels quels dans le cadre d’un cours au collégial. Il importe donc de les transposer, c’est-à-dire de les formuler plus simplement pour permettre aux étudiants de mieux comprendre les notions et d’en faire des outils d’interprétation. Ainsi, pour ce qui est de la focalisation interne, qui se présente par la narration à la première personne du singulier et l’entrée dans les pensées du narrateur, il s’agira surtout de faire voir aux élèves la dimension psychologique de la nouvelle. Le personnage exprime ses émotions, ses réflexions; toute la nouvelle se déroule selon son point de vue dans une sorte de monologue intérieur. La forme du journal intime favorise justement l’expression des sentiments et donne toute la parole au moi. La focalisation interne permet aussi de remettre plus facilement en doute la crédibilité du narrateur et donc de mettre en évidence la présence de deux interprétations opposées dans le registre fantastique.

Plusieurs éléments de la définition du fantastique selon Todorov seront aussi transposés. Ainsi, il s’agira d’insister sur l’hésitation entre les deux interprétations possibles du récit. Le fantastique se trouve dans le moment de l’hésitation et suppose par le fait même une diversité d’interprétations. Il serait intéressant ici de montrer que le choix entre l’interprétation rationnelle ou surnaturelle mène à sortir du fantastique et à tomber plutôt dans le récit merveilleux ou étrange. La distinction entre ces trois types de récits permettra de mieux cerner le fondement du fantastique. Nous nous servirons du film Le sixième sens qui, dans son cas, montre une interprétation surnaturelle. Nous donnerons aussi rapidement des exemples de contes merveilleux connus pour qu’ils saisissent bien la distinction. Nous nous intéresserons aussi à l’hésitation du personnage qui s’exprime dans ses propos, mais aussi par des procédés d’écriture. Plus la nouvelle avance, plus l’angoisse du personnage transparait dans l’esthétique du texte, entre autres par une accélération du rythme et par une ponctuation expressive omniprésente. Ces éléments stylistiques peuvent aussi être liés au thème de la folie.

En transposant le savoir de référence de Béatrice Didier, les apports du ton intimiste dans Le Horla deviennent plus évidents et accessibles pour l’élève. Il s’agit de lui faire comprendre l’influence qu’a cette forme d’écrit sur l’identification du lecteur au narrateur-personnage. En fait, le lecteur entre dans la tête du personnage qui livre le fil de ses pensées. Néanmoins, il peut parfois se passer jusqu’à un mois avant que le narrateur ne réécrive et il se crée alors une distance avec le lecteur qui lui ne sait pas entièrement tout. Il se lance par contre ensuite « vers les zones beaucoup plus fuyantes du moi ». (Didier, 1976, p. 172) Autrement dit, il s’éloigne du réel pour livrer toutes ses émotions. C’est à ce moment qu’il peut se distancier ou se rapprocher du personnage en jugeant de sa crédibilité. Les deux entrées du 19 aout sont aussi intéressantes puisqu’elles peuvent mener l’étudiant à se demander si l’être invisible n’aurait pas écrit l’une des deux. Les thèmes du double et de la folie du narrateur peuvent ainsi être exploités. De surcroit, il serait pertinent de dire aux élèves que l’œuvre a une composante autobiographique. Le journal intime du personnage pourrait être celui de Guy de Maupassant. On lui apprend par exemple que ce dernier a terminé sa vie en asile pour cause de folie. L’identification devient alors double puisque le lecteur s’identifie au narrateur-personnage, mais aussi à l’auteur dont l’histoire pourrait être le miroir de sa vie. L’élève formule une interprétation qui lui est propre à partir de ces informations, ce qui contribue au second objectif spécifique.

Pour présenter le commentaire justificatif aux étudiants, nous leur fournissons une grille détaillée des éléments à retrouver dans le pastiche. Chacun des éléments doit être présenté et justifié dans le commentaire en regard des caractéristiques du Horla. Par exemple, leur pastiche doit mettre en récit un évènement surnaturel qui respecte la gradation de la nouvelle. Les étudiants justifient donc le choix de leur évènement selon l’endroit où s’insère leur entrée de journal intime.

L’élève souhaite créer une relation d’imitation avec un régime ludique. Il doit écrire à la manière de Maupassant et c’est pour cela que son ajout ne doit pas être perceptible par le lecteur. Nous pourrions toutefois créer de nouveaux exemples qui iraient davantage rejoindre les connaissances des étudiants.

 

4. Présentation de la séquence

4.1. Justification de la progression générale de la séquence

Notre séquence débute par la mise en relation d’un film, Le sixième sens, et du Horla. Ainsi, nous souhaitons nous servir d’un objet provenant de leur culture première pour effectuer le passage vers la culture seconde, soit l’étude du Horla. Cette comparaison permet d’intéresser les étudiants grâce à un film connu pour ensuite faciliter leur compréhension du fantastique de Maupassant. L’approche générique que nous avons favorisée suppose une démarche inductive qui guide toute notre séquence. Suzanne-G. Chartrand (2008) propose une démarche pour l’étude des genres en milieu scolaire. La première étape consiste à évaluer les connaissances des étudiants sur le genre en les questionnant. Puis, par la lecture de plusieurs textes d’un même genre, les élèves sont en mesure de dégager les caractéristiques du genre: « Il [l’enseignant] attire leur attention sur l’intention de l’auteur, la situation de communication [...] les éléments de contenu qui le caractérisent, le plan du texte, le mode de mise en discours dominant [...] et les principales ressources langagières et graphiques qu’il utilise. » (Chartrand, 2008) Puis, après avoir observé les caractéristiques du genre dans les différents textes, l’étudiant bâtit une grille qui lui permettra d’évaluer sa maitrise du genre. Nous retrouverons sur cette grille les critères à suivre pour la production d’un texte du même genre que ceux lus par les élèves. Cette rédaction permet de vérifier les acquis des étudiants qui réinvestissent leurs connaissances du genre.

Ainsi, nous avons construit notre séquence dans le but de respecter cette démarche proposée par Chartrand. La première étape est d’amorcer la réflexion sur le genre de la nouvelle fantastique. L’enseignant pose des questions aux étudiants sur leurs préconceptions du genre. Puis, au lieu de créer un réseau de textes, nous avons opté pour une comparaison entre Le Horla et le film Le sixième sens. Nos activités pédagogiques permettent aux étudiants de faire ressortir les ressemblances et les différences entre la nouvelle et le film. Ils sont ensuite plus à même de dégager les caractéristiques du registre fantastique. Grâce aux caractéristiques trouvées, l’enseignant peut fournir des pistes supplémentaires de réflexion et mener les élèves à identifier les thèmes, les procédés stylistiques et le style de l’œuvre. L’étudiant observe entre autres le traitement de la folie dans Le Horla, la progression du doute du personnage et la gradation des évènements surnaturels. Lorsque les caractéristiques de l’œuvre sont bien établies, il doit rédiger un pastiche d’environ 500 mots qui s’insère dans la progression logique des évènements surnaturels. Il réinvestit ses connaissances du genre en insérant entre autres des procédés repérés dans Le Horla tout en respectant le style de Maupassant. Bref, cette progression permet un décloisonnement de la lecture et de l’écriture. Les compétences et connaissances acquises lors de la lecture et de l’analyse sont transférées dans une production écrite. Avant la rédaction, les étudiants  ont la tâche de composer un commentaire justificatif. Ils peuvent ainsi expliciter leurs intentions d’écriture. Nous avons décidé de faire cet exercice avant la rédaction finale puisqu’il permet aux étudiants de s’assurer de respecter les critères d’évaluation. Nous croyons que cette réflexion et la consultation des pairs seront le gage de pastiches mieux structurés.

En plus de l’approche générique, la séquence permet aux étudiants de formuler des problèmes de lecture et des interprétations lors du comité de lecture. Ils sont ainsi en mesure de remarquer les deux interprétations opposées que suppose le fantastique selon Todorov. L’exercice d’interprétation permet à l’élève de comprendre le fonctionnement de la nouvelle et sa progression. Il est ensuite amené à revenir sur l’évolution de sa compréhension et de ses interprétations dans un court texte réflexif.

 

4.2. Présentation synthétique du déroulement de la séquence (tableaux)

SÉANCE 1

Objectif spécifique

Dégager les caractéristiques de la nouvelle fantastique

Activités

(100 minutes)

1. Amorce : activité d’intégration

- Présentation de l’enseignant

- Premier contact entre les étudiants : une liste de caractéristiques (cinq) est donnée aux étudiants (par exemple : Qui travaille dans la restauration?). Chaque étudiant doit trouver une personne dans la classe qui correspond à chacun des énoncés.

- Explication du déroulement de la séance

10 minutes

2. Présentation du plan de cours et de la séquence sur Le Horla de Guy de Maupassant

a) Présentation du plan de cours

b) Brève présentation de l’auteur et de l’œuvre : Contexte historique, présentation de l’auteur, bref résumé de l’œuvre, etc.

c) Présentation de la séquence à venir

40 minutes

3. Introduction de la séquence en trois parties

 

a) À partir de deux images, tirées d’une adaptation jeunesse illustrée par Anna et Elena Balbusso (Maupassant, 2010), demander aux élèves quelles sont leurs impressions? Qu’est-ce que l’image leur évoque? Qu’est-ce qui angoisse le personnage de l’image?

5 minutes

b)  Questions sur le surnaturel

- Croyez-vous à l’existence d’êtres surnaturels, d’êtres invisibles?

- Si oui lesquels? Comment explique-t-on leur présence dans notre monde?

- Avez-vous plutôt une pensée très rationnelle? Avez-vous des preuves scientifiques?

- Etc.

10 minutes

c) Création de groupes de quatre élèves et discussion sur le registre fantastique

- Consignes

- Les élèves doivent ressortir trois caractéristiques, tous accompagnés d’exemples, de ce qu’ils considèrent comme fantastique.

- Retour sur les caractéristiques trouvées par les équipes

30 minutes

4. Conclusion

- Synthèse : Retour sur les représentations des élèves ressorties en classe

- Annonce : Contenu du prochain cours (film Le sixième sens). Travail préparatoire pour la semaine suivante (lecture du Horla)

5 minutes

Travail préparatoire

- Aucun

Devoir

- Commencer la lecture du Horla.

Évaluation

1. Diagnostique :

- L’enseignant veut mener les étudiants à dégager leurs préconceptions du registre fantastique. Il les prépare alors à développer un esprit ouvert et curieux en prévision de la lecture du livre Le Horla et le visionnement du film Le sixième sens.  Le but est qu’ils puissent remettre en question leurs préconceptions.

Commentaires du professeur (après la séance)

 

 

SÉANCE 2

Objectif spécifique

Dégager les caractéristiques de la nouvelle fantastique

Liens avec la séance précédente

Les élèves peuvent valider ou non les caractéristiques trouvées au cours précédent. Ils ont un aperçu de ce qu’est une atmosphère fantastique.

Activités

(110 minutes – pas de pause)

1. Amorce

- Présentation rapide du film

- Annonce du travail à faire à la suite du visionnement (faire ressortir les caractéristiques communes au film Le sixième sens et à la nouvelle du Horla sous la forme d’un texte)

- Conseiller de prendre des notes pendant le visionnement

4 minutes

2. Visionnement du film Le sixième sens

104 minutes

 

3. Synthèse

- Rappel du travail à faire pour le prochain cours : la lecture du Horla doit être terminée puisqu’on l’analysera en classe et les élèves doivent écrire un texte décrivant les caractéristiques communes au film et à la nouvelle.

2 minutes

Travail préparatoire

- Avoir commencé la lecture du Horla

Devoir

- Terminer la lecture du Horla

- Rédiger un texte faisant ressortir les caractéristiques communes au film et à la nouvelle

Évaluation

1. Diagnostique :

- L’élève continue le travail réflexif commencé au dernier cours.

Commentaires du professeur (après la séance)

 

 

SÉANCE 3

Objectif spécifique

Dégager les caractéristiques de la nouvelle fantastique

Liens avec la séance précédente

Après le visionnement du film, les élèves doivent terminer la lecture du Horla. Ils font des liens entre les deux œuvres fantastiques. Dans cette séance, nous nous basons sur les préconceptions des élèves pour ensuite enrichir leur compréhension par un exposé magistral sur la nouvelle fantastique.

Activités

(100 minutes)

1. Amorce 

- Plan du cours

- Questions portant sur la lecture de l’œuvre

  • Faites une description psychologique du personnage principal.
  • Quels sentiments avez-vous ressentis pendant la lecture de l’œuvre?

3 minutes

2. Caractéristiques communes au film et à la nouvelle

- Consignes

- Création d’équipes de quatre personnes

- Échange et validation des caractéristiques dégagées

- Choix des principales caractéristiques communes retenues pour le retour en groupe. Les appuyer d’exemples tirés du film et de la nouvelle

- Retour en groupe. Noter au tableau les idées essentielles

32 minutes

3. Exposé magistral sur les caractéristiques du fantastique

- Relier les caractéristiques trouvées par les élèves à la définition du fantastique selon Todorov à l’aide d’un PowerPoint

- Exposer les caractéristiques spécifiques au genre de la nouvelle

- Poser des questions aux élèves par rapport à la matière présentée (pendant la présentation)

15 minutes

4. Dégager les procédés stylistiques propres au Horla et au fantastique

- Reformer les mêmes équipes

- Consignes

- Distribuer les feuilles d’exercices contenant des extraits à analyser et les consignes à suivre. Les élèves doivent repérer dans les extraits des procédés stylistiques propres au fantastique et décrire les effets créés.

30 minutes

5. Retour sur l’exercice

15 minutes

6. Conclusion

- Synthèse : Retour sur les caractéristiques du registre fantastique et de la nouvelle ainsi que les procédés stylistiques.

- Annonce : Contenu du prochain cours. Travail préparatoire pour la semaine suivante.

5 minutes

Travail préparatoire

- Terminer la lecture du Horla.

- Rédiger un texte faisant ressortir les caractéristiques communes au film et à la nouvelle.

Devoir

- Lister les évènements appartenant au surnaturel.

- Faire ressortir des passages qui ont posé problème à la compréhension de l’œuvre.

Évaluation

1. Formative

- Situer la compréhension de l’élève, voir la progression de sa réflexion.

- Amener des éléments de théorie pour alimenter cette réflexion et rediriger les esprits égarés.

Commentaires du professeur (après la séance)

 

 

SÉANCE 4

Objectif spécifique

Formuler, comparer et évaluer les interprétations

Liens avec la séance précédente

Après avoir compris les caractéristiques du genre, les élèves sont prêts à interpréter l’œuvre. Autrement dit, ils pourront réutiliser leurs connaissances sur le sujet pour formuler des interprétations.

Activités

(100 minutes)

1. Amorce

- Plan du cours

- Présentation d’un évènement surnaturel dans l’animation « stop-motion »  de David Monereau, Le Horla
https://www.youtube.com/watch?v=JMGblR72ZOs (5:30 à 6:30)

3 minutes

2. Retour sur la liste des évènements surnaturels

- Liste des évènements dans le désordre à remettre en ordre

- Voir la progression des évènements, de l’état psychologique du personnage, etc. (gradation)

20 minutes

3. Gradation du doute et de la folie à travers la liste des évènements surnaturels

- Lecture des passages. Dégager les procédés présents dans l’extrait et leurs effets (gradation du doute et de la folie)

(Activités en vue du pastiche)

22 minutes

4. Problèmes de lecture

- Définition du problème de lecture

- Consignes

5 minutes

5. Comités de lecture

- Création des équipes : faire un tirage pour former des équipes de 4 personnes

- Partager les passages qui ont posé problème lors de la lecture

- Formuler des problèmes de lecture sous forme de question (minimum 2)

- Proposer plusieurs pistes d’interprétation

45 minutes

6. Conclusion

- Synthèse : Retour sur la gradation dans Le Horla et sur le fait que plusieurs interprétations peuvent être dégagées de la nouvelle fantastique

- Annonce : Travail préparatoire pour le prochain cours

5 minutes

Travail préparatoire

- Lister les évènements appartenant au surnaturel

- Former des problèmes de lecture (minimum 3)

Devoir

- Rédiger un court texte (environ une page) qui explique l’évolution de son interprétation à la suite du comité de lecture

Évaluation

Formative

Commentaires du professeur (après la séance)

 

 

SÉANCE 5

Objectifs spécifiques

Formuler, comparer et évaluer les interprétations

Rédiger un pastiche de Maupassant en montrant une maitrise des caractéristiques du fantastique

Liens avec la séance précédente

Le cours commence par un retour sur les comités de lecture effectués pendant la dernière séance. Comme les élèves ont une meilleure compréhension de la nouvelle, ils sont en mesure de rédiger un pastiche. Nous donnons par ailleurs des informations supplémentaires pour la rédaction de ce dernier.

Activités

(100 minutes)

1. Amorce

- Plan du cours

- Retour sur le comité de lecture

  • Retour sur les problèmes de lecture ramassés au dernier cours
  • Partage des interprétations qu’ils ont construit grâce au texte fait en devoir

20 minutes

2. Journal intime/autobiographie

- Questions aux élèves :

  • Quelles sont, à votre avis, les caractéristiques du journal intime?

- Présentation magistrale sur le journal intime et l’effet de réel produit dans Le Horla

- Fait pertinent à partager : l’auteur de la nouvelle a vécu près de la Seine, a tenté de se suicider et a été interné. Serait-ce une œuvre autobiographique?

10 minutes

3. Exemple de pastiche du Horla affiché dans une présentation PowerPoint

- Lecture en groupe

- Questions aux élèves :

  • Où situeriez-vous ce passage dans Le Horla?
  • Quels sont les éléments communs du pastiche et de l’œuvre?

5 minutes

4. Le pastiche

- Consignes du pastiche : expliquer en détail ce qu’on doit retrouver dans le pastiche

- À travers la consigne, retour sur les caractéristiques de la nouvelle fantastique, sur les particularités du style de Maupassant et les procédés stylistiques utilisés.

- Choix du moment où insérer le pastiche et création des équipes pour le retour sur le pastiche (Il y aura trois passages possibles à des moments clés de la gradation. Chacune des équipes sera composée d’un représentant de chaque passage)

15 minutes

5. Planifier la rédaction du pastiche

- Travail individuel : choisir les éléments à intégrer dans la rédaction

42 minutes

6. Synthèse

- Rappel du devoir à faire pour le prochain cours.

- Rappeler le contenu des prochaines séances.

3 minutes

Travail préparatoire

- Rédiger un court texte (environ une page) qui explique l’évolution de son interprétation à la suite du comité de lecture

Devoir

- Terminer la rédaction du plan

Évaluation

Formative :

- Mesurer la compréhension du Horla et de la nouvelle fantastique grâce au texte sur leurs interprétations

Commentaires du professeur (après la séance)

 

 

SÉANCE 6

Objectif spécifique

Rédiger un commentaire justificatif

Liens avec la séance précédente

Après la rédaction du plan du pastiche, les étudiants doivent réfléchir aux éléments choisis et les justifier. Ils le font à l’aide de leurs pairs. Ainsi, ils s’assurent d’avoir tous les éléments requis pour la rédaction.

Activités

(100 minutes)

1. Amorce

- Plan du cours

2 minutes

2. Vérification des plans individuels

- S’assurer que le plan est complet et satisfaisant

- En cas contraire, l’élève ne participe pas aux échanges

5 minutes

3. Partage en équipe des plans de pastiche

- Chacun explique ses choix

- Les pairs commentent le plan de chacun

20 minutes

4. Commentaire justificatif

- Remise de la consigne

- Réponses aux questions

10 minutes

5. Rédaction d’un commentaire justificatif à la lumière des discussions

60 minutes

6. Synthèse

- Retour sur le commentaire justificatif, questions des étudiants

- Annonce du devoir et du prochain cours

3 minutes

Travail préparatoire

- Terminer la rédaction du plan

Devoir

- Terminer la rédaction du commentaire justificatif

Évaluation

Certificative :

- Vérifier que l’élève est en mesure de justifier ses choix par un processus métacognitif

- Vérifier la maitrise des caractéristiques de la nouvelle fantastique et des capacités langagières

- Vérifier le respect du style de Maupassant et l’intégration de procédés stylistiques

- Vérifier le respect de la gradation de la folie et du doute du narrateur

Commentaires du professeur (après la séance)

 

 

SÉANCE 7

Objectif spécifique

Rédiger un pastiche de Maupassant en montrant une maitrise des caractéristiques du fantastique

Liens avec la séance précédente

Après avoir rédigé le plan et leur commentaire justificatif, les élèves sont prêts à écrire le pastiche

Activités

(100 minutes)

1. Amorce

- Plan du cours

- Retour sur les critères d’évaluation du pastiche

3 minutes

2. Rédaction du pastiche

- Travail individuel : les élèves rédigent et posent des questions si nécessaire

95 minutes

3. Synthèse

- Annonce du devoir et de la prochaine séquence

2 minutes

Travail préparatoire

- Terminer la rédaction du commentaire justificatif

Devoir

- Débuter la lecture de l’œuvre de la prochaine séquence : Les fleurs du mal de Baudelaire

Évaluation

Certificative :

- Vérifier la maitrise des caractéristiques de la nouvelle fantastique et des capacités langagières

- Vérifier le respect du style de Maupassant et l’intégration de procédés stylistiques

- Vérifier le respect de la gradation de la folie et du doute du narrateur

Commentaires du professeur (après la séance)

 

 

SÉANCE 8

Objectif spécifique

Développer des stratégies de révision et de correction

Liens avec la séance précédente

Les élèves reçoivent une rétroaction de leur pastiche. Nous proposerons des stratégies de révision et de correction qu’ils devront appliquer dans une réécriture et qui leur seront utiles pour le reste de la session.

Activités

(50 minutes)

1. Amorce

- Plan du cours

- Rappel de la première séquence et du pastiche

2 minutes

1. Remise des pastiches (2 semaines plus tard)

- Retour sur les points forts et les points faibles

8 minutes

2.  Stratégies de révision et de correction

- À partir d’une ou deux copies d’élève : les étudiants commentent les copies et font ressortir les points forts et les points à améliorer

- Suggestion des stratégies de révision et de correction

40 minutes

3. Synthèse

- La synthèse sera effectuée à la fin de la séance de cent minutes. Retour sur la matière vue en classe.

-

Travail préparatoire

Aucun

Devoir

- L’élève corrige ses fautes et réécrit un passage pour l’améliorer

Évaluation

Certificative :

- Évaluation de l’application des stratégies de révision proposées

- Vérifier l’implication de l’élève dans sa correction

Commentaires du professeur (après la séance)

 

 

4.3. Prolongements possibles (réseaux de textes, approche culturelle)

Au début de la séquence, nous proposons un prolongement de la nouvelle fantastique de Maupassant. Le visionnement du film Le sixième sens permet une comparaison entre un film et la nouvelle du Horla. Ce film présente les caractéristiques du registre fantastique et c’est pourquoi nous pouvons le comparer à l’œuvre de Maupassant. On retrouve dans les deux œuvres la présence d’êtres surnaturels. Le surnaturel est alors représenté par le même type d’êtres : il est question d’êtres invisibles et de fantômes. De plus, on remarque une constante hésitation entre le réel et le surnaturel. Les faits s’avèrent inexplicables et ne permettent pas de trancher entre les deux mondes possibles. Finalement, on doute de la crédibilité du narrateur puisque l’histoire est racontée en focalisation interne. On ne peut affirmer que ce dernier sombre dans la folie ou qu’il raconte des faits véridiques puisqu’on ne voit qu’à travers son regard. Par contre, la fin du film Le sixième sens diffère du Horla. Dans le film fantastique, on sort de l’hésitation proposée par Todorov. La révélation finale vient bouleverser l’idée que le spectateur s’était faite du film, tandis que dans le Horla, l’hésitation perdure jusqu’à la fin. L’élève dégage les rapports entre le réel, le langage et l’imaginaire produits par l’univers fantastique. De plus, Le sixième sens permet de développer une approche culturelle. En effet, l’élève saisit ce qu’est le fantastique à travers une culture première qui est proche de lui, ici le cinéma américain. Il peut ensuite transférer les savoirs sur le fantastique, déjà intériorisés, dans une culture seconde. L’enseignant permet à l’étudiant de mettre à distance sa culture première pour ensuite en construire une seconde qui laisse davantage place à la réflexion. (Simard, 2004) Ainsi, l’élève intègre les acquis de la culture. Un autre prolongement possible aurait été de créer un réseau de textes. Il pourrait être constitué de trois nouvelles fantastiques du même auteur, soit Le Horla, Lettre d’un fou et L’auberge. Comme pour le film Le sixième sens, les élèves nommeraient les caractéristiques communes aux œuvres grâce à une comparaison. Toutefois, la comparaison serait différente, car ils pourraient aussi identifier les particularités du style de Maupassant comme les procédés stylistiques et les thèmes récurrents. Par exemple, les trois nouvelles présentent des êtres invisibles qui hantent le personnage et qui le mènent vers la folie. Ce prolongement serait présenté au même moment que le serait le film Le sixième sens et pour les mêmes raisons.

Dans les deux cas, les élèves sont amenés à intégrer les acquis de la culture par une comparaison d’objets culturels appartenant au genre de la nouvelle fantastique. Dans les évaluations formatives et certificatives qui suivent ces activités, ils prouvent leur maitrise de la langue comme outil de pensée, de communication et d’ouverture sur le monde. Ils écrivent par exemple un pastiche qui doit suivre un ensemble de consignes précises et qui montre leur compréhension du genre de la nouvelle fantastique. Ils doivent ensuite procéder à une réécriture du pastiche en suivant des stratégies de révision et de correction. Ces exercices permettent de mesurer l’état de ses apprentissages.

5. Déroulement détaillé d’une séance (lecture ou écriture)

Étape 1 – Établir les visées de formation

Programme d’études

 

DEC Programmes de la formation générale « français, langue d’enseignement et littérature »

Compétence visée

 

Expliquer les représentations du monde contenues dans des textes littéraires d’époques et de genres variés (Littérature et imaginaire -102)

 

Élément(s) de compétence

Reconnaitre le traitement d’un thème dans un texte (folie)

Dégager les rapports entre le réel, le langage et l’imaginaire

 

Principaux savoirs

 

-          Procédés stylistiques propres à l’œuvre

-          Progression des évènements surnaturels dans Le Horla en lien avec la gradation de l’angoisse et du doute du narrateur propre au registre fantastique

 

Objectif(s) spécifique(s) d’apprentissage de la séance

 

Formuler, comparer et évaluer les interprétations

 

Étape 2 – Planifier les apprentissages

Activité et durée

Objectif d’apprentissage intermédiaire visé par l’activité

Éléments de contenu

Ce que font les étudiant-e-s / difficultés anticipées

Ce que fait l’enseignant-e

Consignes et

matériel à prévoir

Amorce

(3 minutes)

Mettre en images un évènement surnaturel de l’œuvre récemment lue

Exemple d’un évènement surnaturel

 

Regardent la vidéo. Se rappellent à quel moment se déroule l’évènement, se demandent s’ils l’ont intégré dans leur liste

Prépare préalablement son amorce (vidéo ouverte sur internet, projecteur prêt, etc.) Présente la séance en début de cours

 

Ordinateur, projecteur, système de son, vidéo en ligne

Retour sur la liste d’évènements surnaturels

(20 minutes)

Mettre en ordre les évènements surnaturels de la nouvelle pour voir la progression du doute et de la folie chez le narrateur

Évènements surnaturels créant une hésitation propre au fantastique, traitement du thème de la folie, gradation du doute propre au fantastique

Nomment des évènements surnaturels qu’ils ont trouvés en devoir.

Difficulté : ils n’ont pas trouvé tous les éléments

Écrit toutes les réponses au tableau. Guide les étudiants pour qu’ils trouvent le bon ordre

Tableau

Gradation du doute et de la folie à travers la liste des évènements surnaturels

(22 minutes)

 

La progression du doute et de la folie se traduit par des procédés stylistiques. Les étudiants devront décrire le nom des procédés ainsi que les effets créés

Traitement du thème de la folie, gradation propre au fantastique

Lecture des passages, décrivent ou nomment les procédés utilisés dans Le Horla ainsi que leurs effets dans la gradation de l’œuvre

Difficulté : les élèves pourraient ne pas se souvenir des procédés stylistiques vus à la session précédente

Explicite les notions trouvées par les étudiants. Fait la synthèse au tableau des procédés littéraires et de leurs effets

Tableau

Problèmes de lecture (5 minutes)

Identifier les problèmes de lecture des étudiants pour ensuite développer des interprétations

Description d’un problème de lecture

 

 

Proposent un exemple de problème de lecture

Explicite ce qu’est un problème de lecture. Valide la compréhension des étudiants

Exemple d’un problème de lecture

Comités de lecture (45 minutes)

Identifier les problèmes de lecture des étudiants pour ensuite développer des interprétations

Problèmes de lecture, pistes d’interprétation possibles

Trouvent des passages qui posent problème à leur compréhension, formulent deux problèmes de lecture sous forme de questions, proposent des pistes de solution

Difficultés : les élèves ne s’entendent pas entre eux, n’arrivent pas à formuler de questions structurées.

Passe voir les groupes d’étudiants pour valider leur compréhension et étayer les formulations

-

Conclusion (5 minutes)

Rappel des notions vues dans la séance

Liste d’évènements surnaturels, gradation du doute et de la folie, problèmes de lecture

Valident leur compréhension auprès de l’enseignant

Récapitulation des notions abordées dans le cours. Annonce du devoir pour le cours suivant

-

 

Étape 3 – Établir ce qui permettra d’évaluer l’atteinte des visées de formation

Prérequis

Connaissance des caractéristiques génériques de la nouvelle fantastique

Capacité à identifier les procédés stylistiques d’une œuvre  

Modalités d’évaluation

Diagnostique

Critères d’évaluation

Les étudiants sont capables d’identifier :

  • Les évènements surnaturels
  • La gradation du doute et de la folie chez le narrateur par l’identification de procédés stylistiques
  • Des problèmes de lecture qui vont les mener à formuler une interprétation

Prolongements

Rédiger un texte qui explique l’un des problèmes de lecture trouvés ainsi que les pistes d’interprétation proposées

 

 

6. Principales modalités d’évaluation formative et sommative

Chaque séance de la séquence présente une évaluation. À la première séance, l’enseignant fait une évaluation diagnostique afin de vérifier la compréhension des étudiants et de mesurer l’état de leurs connaissances. L’enseignant, en posant des questions, veut mener les étudiants à dégager leurs préconceptions du registre fantastique. Il les prépare alors à développer un esprit ouvert et curieux en prévision de la lecture du livre Le Horla et le visionnement du film Le sixième sens. Le but est qu’ils puissent remettre en question leurs préconceptions. Ce travail de réflexion se poursuit au cours des deuxième et troisième séances. À la troisième séance, l’enseignant est en mesure d’apprécier la progression de leur réflexion par une évaluation formative et peut ainsi compléter leurs acquis grâce aux éléments théoriques présentés. Puis, à la fin de la quatrième séance, l’enseignant vérifie à l’aide d’une évaluation formative si les étudiants peuvent identifier les évènements fantastiques du Horla. L’élève devrait aussi être en mesure de remarquer la gradation du doute du narrateur et du thème de la folie par l’identification de procédés stylistiques, par exemple la ponctuation fréquente. Puis, l’enseignant s’assure que les étudiants sont capables de formuler des problèmes de lecture clairs qui peuvent mener à différentes interprétations. Puisque les étudiants ont un rôle très actif dans la construction de leurs connaissances, il importe que l’enseignant vérifie fréquemment la progression des étudiants. Ainsi, les nombreuses évaluations permettent de suivre de près cette progression et de s’assurer de leur compréhension.

À la suite du comité de lecture, les étudiants ont à produire un texte qui témoigne de l’évolution de leurs interprétations de la nouvelle. Elles pourraient avoir été modifiées par les discussions avec ses pairs et les éléments théoriques apportés par l’enseignant. Ce texte sert d’évaluation formative et permet au professeur de vérifier l’état de la compréhension de la nouvelle fantastique et de revenir sur certains éléments moins bien compris s’il y a lieu.

La séquence se termine par trois évaluations certificatives. Les étudiants doivent rédiger un commentaire justifiant leurs choix pour l’écriture du pastiche. L’enseignant vérifie l’atteinte des visées d’apprentissage grâce à plusieurs critères. D’abord, l’élève doit justifier ses choix par un processus métacognitif. Ce travail réflexif permet aussi de mesurer la maitrise des caractéristiques de la nouvelle fantastique. La rédaction du pastiche vise l’atteinte de ces mêmes objectifs. L’enseignant vérifie aussi que l’étudiant respecte le style de l’auteur et qu’il intègre des procédés stylistiques repérés dans la nouvelle. Le passage choisi doit s’insérer logiquement dans la progression des évènements fantastiques. Les étudiants s’assurent de respecter la gradation du doute et de la folie du narrateur. Nous avons choisi l’écriture de création pour susciter l’intérêt des élèves et leur créativité, mais aussi parce que le pastiche permet de vérifier que les étudiants ont compris le développement et le traitement du thème de la folie dans Le Horla. Finalement, les étudiants réécrivent et corrigent leur pastiche à l’aide de stratégies de révision proposées par l’enseignant lors de la remise des évaluations. Ils développent ainsi leurs compétences en révision et correction de texte. Cet exercice est sommatif afin d’inciter les étudiants à faire sérieusement le travail demandé puisqu’il leur sera particulièrement utile dans le cadre des prochaines rédactions.

 


Conclusion

En conclusion, le choix de l’œuvre pour la séquence didactique s’est avéré plutôt facile. En fait, la décision a été prise sous l’impulsion du moment tout simplement parce que nous aimions toutes les deux l’œuvre du Horla de Maupassant. En travaillant longuement sur la création de la séquence, nous avons découvert plusieurs autres facettes de l’œuvre qui ouvrent les portes à un univers fantastique très présent dans la culture américaine. C’est pourquoi il est facile de la relier à un large réseau de textes ou de films comme Le sixième sens, ce qui peut susciter l’intérêt des étudiants.

La séquence se base sur une approche générique qui permet l’atteinte d’un objectif général : interpréter et produire une nouvelle fantastique sur le modèle du Horla de Maupassant. En début de séquence, les étudiants sont amenés à dégager les caractéristiques de la nouvelle fantastique. Ils formulent, comparent et évaluent ensuite des interprétations grâce aux connaissances qu’ils ont mobilisées sur l’œuvre. Puis, ils doivent rédiger un pastiche de Maupassant en montrant une maitrise des caractéristiques du fantastique. Ces notions devront être comprises par l’étudiant puisqu’il rédigera également un commentaire qui justifie les choix d’écriture de son pastiche. Finalement, les élèves développeront des stratégies de révision et de correction par l’entremise d’une réécriture du pastiche. Le tout se réalisera en huit séances. Tout au long de ces séances, l’élève est amené à construire lui-même ses apprentissages. Il est au cœur de ceux-ci. Sa participation active est nécessaire à sa réussite. Elle devient même essentielle à l’apprentissage des autres puisque les savoirs se coconstruisent avec les pairs et l’enseignant. Par exemple, le premier objectif spécifique, soit dégager les caractéristiques de la nouvelle fantastique, se structure sur trois séances. L’élève dégage tout d’abord ses préconceptions sur un genre, les confronte à celles des autres pour ensuite en déterminer les « contours ». La réflexion de l’élève progresse de séance en séance. Dans le cas de l’enseignant, il devient un guide pour la classe. Il ne donne pas les savoirs directement aux élèves, il les amène plutôt à les découvrir par eux-mêmes. Il veille toujours à la bonne compréhension de ses élèves notamment par le biais d’évaluations. La dernière réforme pédagogique au Québec invite par ailleurs les enseignants à développer le modèle socioconstructiviste dans leurs cours. Comme ce concept est relativement nouveau, il n’est pas toujours évident de le mettre en application. Toutefois, nous croyons fortement aux bienfaits de ce modèle pour un meilleur apprentissage des étudiants. Cette séquence représente une tentative pour mettre de l’avant ces nouvelles pratiques pédagogiques où l’élève est au centre des apprentissages.

 

 

Bibliographie

Chartrand, S-G. (2008). Les genres de textes: point nodal de la programmation didactique en français. Dans Progression dans l’enseignement du français langue première au secondaire québécois, Québec: publications Québec Français, p. 11-14.

De Maupassant, G. (1986). Le Horla, Paris: Gallimard.

De Maupassant, G. (2010). Le Horla (illustré par Anna et Elena Balbusso), Toulouse: Éditions Milan (Milan jeunesse).

Didier, B. (1976). Journal intime, Paris: Presses Universitaires de France.

Fourtanier, M.-J. et Langlade G. (2011). Textes de lecteurs en formation. Bruxelles: Peter Lang, p. 219-229.

Genette, G. (1983). Nouveau discours du récit, Paris: Éditions du Seuil.

Genette, G. (1982). Palimpsestes, Paris: Éditions du Seuil.

Le Goff, F. (2011), Les malles du lecteur, ou la lecture en écrivant, Dans Mazauric, M.,

Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (2011). Formation générale commune et complémentaire aux programmes d’études conduisant au diplôme d’études collégiales, Québec: MELS.

[S.A.], L’approche par compétences, qu’est-ce que ça change?, [en ligne]. cegepsherbrooke.qc.ca/~srd/modped/APC_ACC.doc [Site consulté le 4 novembre 2014].

Simard, D. (2004). Une approche culturelle dans l’enseignement du français langue première. L’écho, 4 (1), p. 10-20.

Tauveron, A-M. (2005). Le commentaire justificatif après l’écriture d’invention ou travailler la prise de distance avec son texte. Pratiques, (128-129), p. 113-133.

Todorov, T. (1970). Introduction à la littérature fantastique. Paris: Éditions du Seuil.


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